Deux députés du centre-gauche, membres de l'administration au pouvoir au Japon lors de la destruction de la centrale de Fukushima par un tsunami en mars 2011 viennent de révéler que Tepco, l'opérateur du site, avait volontairement négligé la gestion des eaux contaminées car il redoutait d'engager des dépenses qui auraient pu ternir son image sur les marchés financiers, rapportent le quotidien Les Echos (1) .
Promesse non tenue
Selon ces élus, Tepco savait dès mai 2011 que "d'énormes quantités d'eau souterraine venaient inonder les sous-sols des réacteurs et se chargeaient en radioactivité". L'opérateur aurait alors envisagé de construire un mur souterrain en acier autour du site pour empêcher ces écoulements. Mais le coût, de l'ordre d'un milliard de dollars, aurait conduit Tepco à y renoncer en juin 2011. L'entreprise craignait que les marchés financiers considèrent que l'entreprise courrait à la faillite. Une version appuyée par un responsable de Tepco qui a indiqué que son entreprise avait renoncé en raison de problèmes techniques liés à la réalisation de l'enceinte et de l'impact financier de l'opération, rapporte Reuters.
Le gouvernement japonais aurait accepté de ne pas évoquer l'enjeu de l'eau contaminée contre l'assurance que Tepco mettrait en œuvre un mur de confinement un peu plus tard. "Tepco n'a ensuite pas tenu sa promesse", regrette Sumio Mabuchi le conseiller spécial auprès du Premier ministre de l'époque, Naoto Kan.
De même, Charles Casto, un représentant de la Commission de régulation nucléaire (NRC, l'équivalent de l'Autorité de sûreté nucléaire aux Etats-Unis), explique que, dès avril 2011, "il était évident pour la NRC que de grandes quantités d'eau s'infiltraient dans les installations et nous en avons fait part au gouvernement japonais". Mais "à l'époque, [le gouvernement] ne pensait pas que les quantités étaient importantes", ajoute l'expert cité par Reuters.
Depuis, le 3 septembre, le gouvernement japonais a annoncé qu'il allait consacrer 360 millions d'euros pour mettre un terme aux fuites d'eau radioactive. Le gouvernement a assuré à cette occasion qu'il allait "prendre des dispositions radicales" et qu'il ne comptait pas "laisser tout aux mains de la compagnie Tepco".