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Actu-Environnement

Transition énergétique : l'impact sur la compétitivité dépend de choix politiques

La hausse des prix de l'électricité devrait mécaniquement impacter la compétitivité industrielle. Cependant, les liens entre les deux sont complexes et déterminés par des décisions politiques qui peuvent avoir des effets opposés.

Energie  |    |  P. Collet

Quel est le rôle du prix de l'énergie dans la compétitivité ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre les participants du débat BIP-Enerpresse organisé ce mardi 15 janvier 2013. Le sujet est d'actualité puisque "la compétitivité est au cœur du débat sur la transition énergétique", a confirmé en préambule Pierre-Marie Abadie, directeur de l'Energie au ministère de l'Ecologie, insistant sur l'importance de l'enjeu industriel depuis le déclenchement de la crise économique et financière en 2008.

Bien que la question énergétique ne se réduise pas à l'électricité, la situation des industries électro-intensives a été au centre des discussions.

Faut-il préserver les électro-intensifs ?

Jean-Pierre Roncato, président du consortium Exeltium qui réunit des industriels électro-intensifs, a sans surprise plaidé pour un cadre règlementaire spécifique aux entreprises qu'il représente. "Dans tous les pays, ces industries font l'objet d'un traitement particulier", a-t-il avancé, justifiant cela par la lourdeur des investissements et la forte compétition internationale.

Pourtant, si la hausse des prix de l'électricité est logiquement "une préoccupation" pour les industriels, rappelle Robert Durdilly, président de l'Union française de l'électricité (UFE), "il n'y a pas de corrélation directe entre le prix de l'électricité et le dynamisme industriel". En effet, il n'y aurait, selon lui, que six activités économiques dont le montant de la facture électrique dépasse 1% du chiffre d'affaires. Pour Marc Benayoum, Directeur du marché entreprise et professionnels chez EDF, il n'y aurait même que cinq secteurs électro-intensifs, c'est-à-dire affichant une facture électrique d'un montant supérieur à 10% de la valeur ajoutée générée : la fonderie, les métaux non ferreux, les fibres artificielles, la chimie minérale et le papier.

De plus, "il n'y a pas que la compétitivité prix, mais aussi hors prix", rappelle Marc Benayoum, estimant qu'"on commence à le comprendre" en France. Pour appuyer son constat, le responsable d'EDF livre le prix moyen du mégawattheure (MWh) hors-TVA payé par les industriels consommant entre 70 et 150 gigawattheures (GWh) par an. Au premier semestre 2012, il était de 65,6 euros en France, de 93,1 euros en Allemagne et de 88,9 euros en moyenne dans l'UE. C'est pourtant en France plutôt qu'en Allemagne que se pose le plus douloureusement la question de la désindustrialisation…

Une équation à inconnues multiples

Le sujet est plus complexe encore, estime Pierre-Marie Abadie, si l'on distingue trois types de compétitivité : à long terme, macro-économique et micro-économique. A long terme, il s'agit d'assurer la compétitivité de l'économie en réduisant les émissions de CO2 et en améliorant l'indépendance énergétique. Des objectifs qui imposent de "commencer au plus tôt la transition énergétique pour être au rendez-vous" lorsque les énergies fossiles seront plus rares. Au niveau macro-économique, le prix de l'énergie est un des facteurs clés de la compétitivité. Mais attention, "il ne faut pas en déduire qu'il faut bloquer les prix", juge-t-il, pointant les lourds investissements à réaliser pour renforcer la sûreté des centrales nucléaires, développer les énergies renouvelables et renforcer les réseaux. Enfin, au plan micro-économique, la compétitivité consiste à "faire de l'énergie un projet industriel", c'est-à-dire étudier chaque filière énergétique pour déterminer dans quelle mesure les entreprises nationales bénéficient du choix de mix énergétique.

Par ailleurs, du côté de la fourniture d'électricité, Robert Durdilly rappelle que le prix des électrons dépend de trois facteurs : l'évolution du prix des combustibles, le montant des investissements dans les infrastructures de production et de réseau et l'impact de la régulation.

Du côté de la compétitivité comme du côté du prix de l'électricité, de multiples facteurs se combinent et interfèrent pour remettre en cause les raisonnements jugés a priori logiques.

Privilégier les industriels ou les particuliers ?

Dans ce contexte, le lien entre la transition énergétique, les prix de l'électricité et la compétitivité apparaît éminemment politique. Cet aspect est parfaitement illustré par l'exemple allemand qui propose "une image accélérée de ce que pourrait être la transition énergétique", estime le représentant des producteurs d'électricité français. La transition énergétique s'est soldée jusqu'à maintenant par une hausse de l'équivalent de la CSPE à 53 euros par MWh contre 13,50 euros en France.

Certes, mais ce niveau de CSPE est surtout le résultat d'un "vrai choix politique", explique Pierre-Marie Abadie. Le prix élevé de la CSPE allemande s'explique par le développement des renouvelables mais aussi par la décision politique de ne faire supporter ce coût qu'aux seuls particuliers. Il ressort de ce choix que le prix total du MWh payé par les particuliers est d'environ 250 euros, contre un peu moins de 150 euros en France, alors que l'écart de prix pour les industriels est bien moindre.

"Certaines usines allemandes bénéficient de prix de l'électricité nettement inférieurs à ceux observés en France", renchérit même le représentant des industries électro-intensives. En effet, les électro-intensifs allemands sont aussi exonérés de certaines taxes, confirme Pierre-Marie Abadie.

Une question essentielle est ainsi suggérée : qui des particuliers ou des industriels payera la transition énergétique ? A ce sujet, le représentant du ministère de l'Ecologie juge que la France est sur "une pente savonneuse". Après avoir relevé les prix de l'électricité payée par les industriels pour les rapprocher de ceux des particuliers, il pourrait être tentant pour l'exécutif de poursuivre le mouvement puisqu'il est politiquement plus simple de mettre à contribution les industriels plutôt que les électeurs.

Réactions4 réactions à cet article

Si le relatif bas prix de l'électricité nucléaire à constitue l'un des éléments essentiels de la compétitivité de l'industrie française ,la remise en cause du développement de l'électricité nucléaire imposée par les problèmes de sécurité et de protection de l'environnement surtout avec les developpements de la situation au Sahel , la France devrait chercher son salut non à travers un redéploiement d' une nouvelle politique neocoloniale mais plutôt en essayant de trouver les créneaux porteur de l' amélioration de la productivité du travail d'une part et la recherche d'un rapprochement associatif de pays riches en ressources énergétiques.Autrement ,la mondialisation et la délocalisation industrielle risquent de fragiliser encore plus tout le vieux continent.

Monde solidaire | 16 janvier 2013 à 17h46 Signaler un contenu inapproprié

Ces tarifs maintenus artificiellement bas pénalisent l’investissement en systèmes de production d’électricité, quels qu'ils soient. Il faut sortir de l’illusion d’une électricité nucléaire à moindre coût. D'autant plus s’il y a un risque supplémentaire en termes de sécurité des populations (impactant l’activité économique en cas d’accident). Ce qui oblige à maintenir un haut niveau de qualité d’infrastructure des centrales, donc un coût plus élevé.
La transition énergétique est un choix déterminant pour l'avenir, mais a t'on le choix pour le présent ?

Edi | 17 janvier 2013 à 12h23 Signaler un contenu inapproprié

En Allemagne l'électricité est beaucoup plus chère qu'en France, et sa compétitivité est bien meilleure. Attention au lien que certains font entre prix de l'énergie et compétitivité.

ND | 17 janvier 2013 à 14h52 Signaler un contenu inapproprié

La guerre au Sahel ou guerre pour l'Uranium peut s'avérer très dangereuse pour tous les pays riverins et leur intégrité territoriale hérité e de l'aire coloniale d'une part et pour la France d'autre part si les interets des populations de la région ne sont pas prises en charge.L'Europe en général et la France en particulier devraient accepter de partager en quelque sorte le fruit de sa prospérité avec les populations de la rive sud de la Mediterrannee ,seul moyen de traiter et les conflits armées et les problèmes d'émigration car toutes les migrations sont directement ou indirectementliées à des questions de survie.Avoir une perception territoriale de la souveraineté nationale à l'heure actuelle et ne compter surtout que sur le nucléaire pour ses besoins énergétiques futures pour la France risquraient de compromettre encore plus les interets de la France.la recherche et le développement de sources alternatives au nucléaire peut bien constituer pour ce pays un grand domaine de relance industrielle.

Monde solidaire | 17 janvier 2013 à 16h25 Signaler un contenu inapproprié

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