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Trier des déchets plus mélangés et hétérogènes

L'extension des consignes de tri impose de profonds changements aux centres de tri. Ils doivent dorénavant séparer des déchets plus hétérogènes. Le modèle appliqué pendant 20 ans est révisé en profondeur.

TECHNIQUE  |  Déchets  |    |  P. Collet
Trier des déchets plus mélangés et hétérogènes

L'extension des consignes de tri des emballages ménagers modifie sensiblement le volume et la densité du flux de déchets à trier, ainsi que la nature des matériaux. En sortie de centre de tri, les lots doivent respecter de nouveaux standards pour être repris par les recycleurs. Entre les deux, les centres de tri doivent donc s'adapter.

Un mélange plus complexe

50% à 60%

L'investissement représente aujourd'hui 50 à 60% du coût de fonctionnement d'un centre, contre environ un tiers auparavant. En effet, il faut compter entre 800.000 et 900.000 € d'investissement pour un débit d'une tonne par heure. Sachant qu'un centre de 60.000 tonnes par an a un débit horaire de l'ordre de 20 tonnes, il coûte entre 15 et 20 millions d'euros. Cette mécanisation accrue permet à un opérateur de trier 800 kg/h, contre 300 à 400 kg auparavant.
Jusqu'à maintenant, le tri était essentiellement basé sur une séparation des déchets selon leur taille et selon leur forme creuse ou plate. Avec cette méthode, les centres obtenaient des fractions relativement homogènes, tels que le flux des bouteilles et flacons ou celui des papiers et cartons. "Avec deux étapes, on arrivait à bien séparer les principales matières", explique Christophe Mallevays. Mais l'extension des consignes ajoute des films, des sacs, des barquettes et des petits emballages aux flacons et bouteilles qui composaient l'essentiel des déchets plastique. "Il faut s'adapter à un flux de déchets plus petits et plus mélangés, c'est un vrai changement", résume le directeur du département Collectivités chez Paprec, spécialiste de la gestion des déchets.

Par ailleurs, les règles de tri ont changé : il faut séparer un lot de films polyéthylène (PE), deux lots de polyéthylène téréphtalate (PET) clair et foncé, et un lot de plastiques rigides composé à 95% de polyéthylène haute densité (PEHD) et de polypropylène (PP), les 5% restants étant composés essentiellement de polystyrène (PS). Ces exigences pourraient encore évoluer avec un retour aux trois flux initiaux (les bouteilles PET claire, les bouteilles PET foncé et le flux PEHD) auxquels s'ajouterait un flux de barquettes en PET clair, de bouteilles en PET opaque et d'emballages en PS. En outre, les exigences de qualité pourraient être revues à la hausse suite à l'arrêt brutal des importations chinoises de déchets triés européens. "Aujourd'hui, on sort des lots de plastiques avec 2% d'impuretés et certains repreneurs tolèrent jusqu'à 4%, mais on va peut-être aller vers des exigences plus importantes, de l'ordre de 1%", anticipe Blaise Metangmo, directeur commercial en charge des marchés publics d'Ar-Val, concepteur de solutions de tri.

Une conception à revoir

Ces mutations imposent de revoir un modèle qui n'avait quasiment pas évolué entre le lancement de la collecte sélective en 1992 et le début de l'extension des consignes de tri en 2012. "Nous avons du revoir complètement notre modèle de centre de tri qui avait été pensé pour le flux classique basé sur la collecte des bouteilles et flacons plastique", explique Blaise Metangmo, précisant que "l'extension des consignes de tri a été une catastrophe pour les centres existants". Reproduire le processus appliqué jusqu'à maintenant est voué à l'échec, parce que les flux sont moins homogènes. "On retrouve chaque matière un peu partout", explique Christophe Mallevays, citant notamment les barquettes plastique dont la taille varie de quelques centimètres à quelques décimètres.

Des centres adaptables

Le premier changement concerne l'augmentation du volume à traiter liée à la nette hausse de la collecte des plastiques, mais aussi des autres matériaux par un effet d'entraînement. Si le dimensionnement des centres de tri reste basé sur le poids de déchets triés annuellement, le volume à traiter dans les centres en extension de tri est presque deux fois plus important qu'auparavant pour des tonnages identiques. L'extension des consignes de tri modifie la forme des déchets à traiter. C'est particulièrement vrai pour les petits déchets dont le nombre progresse sensiblement avec l'arrivée des barquettes, pots de yaourt et autres sacs plastique. Dorénavant, il n'est plus possible de demander aux opérateurs de trier à la main ces déchets, car la multiplication des gestes est contraignante et risquée en terme de maladies musculosquelettiques. Le processus est donc repensé pour qu'au niveau des cabines il n'y ait que du contrôle.

Enfin, les centres doivent répondre à l'enjeu d'adaptabilité qui n'avait pas été pris en compte à l'origine. "On s'est rendu compte en ouvrant l'extension des consignes de tri que, non seulement ça ne fonctionnait pas, mais que les process très contraints rendaient difficile voire impossible toute adaptation pour que ça fonctionne", explique Blaise Metangmo.

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