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Le surcyclage à destination du tertiaire : une tendance prometteuse encore à structurer

Pour les aménagements intérieurs à usage tertiaire, le surcyclage requiert une restructuration des chaînes de production chez les acteurs du mobilier. Et la démarche n'intéresse souvent que des entreprises cherchant d'abord à soigner leur stratégie RSE.

TECHNIQUE  |  Bâtiment  |    |  G. Boillot-Defremont
Le surcyclage à destination du tertiaire : une tendance prometteuse encore à structurer

Début 2024, une grande entreprise française du quartier de la Défense (92) entame une collaboration avec le cabinet de conseil en immobilier ARP Astrance pour une assistance à maîtrise d'ouvrage (AMO) portant sur le transfert avec ajustements de 1 100 postes de travail d'anciens vers de nouveaux locaux. Attributaire de cinq chantiers de ce type en six ans, ce cabinet peut témoigner que le surcyclage (c'est-à-dire le fait de récupérer toutes sortes de matériaux dont on ne se sert plus pour créer des produits de qualité et/ou d'utilité supérieure) des aménagements intérieurs dans le secteur tertiaire est une filière qui se structure doucement. Détails et explications.

Au cas par cas

« Dans le tertiaire, le réemploi direct, c'est plutôt facile. L'upcycling, c'est déjà plus compliqué ! » s'exclame Pauline Jouanneau, architecte cheffe de projet chez ARP Astrance. En cause par exemple la taille des bureaux, passée de 160 à 140 cm de longueur, à la faveur de l'avènement du flex-office (sans bureau fixe) et de la généralisation du télétravail à la suite de la pandémie liée au Covid-19. « Dans les co-working, ils sont même passés à 120 cm », souligne Pauline Jouanneau.

Un changement apparemment anodin, mais qui oblige à une refonte des lignes de production chez les menuisiers pour la réintégration de vieux plateaux 160, ou encore à un travail minutieux de recoupe des goulottes, des traverses, des plateaux avec des inserts existants difficilement compatibles avec la productivité demandée pour le traitement d'un lot conséquent. « Pour garantir au client un retour dans les temps, les grandes menuiseries ont tendance à s'appuyer sur leur réseau local de l'économie sociale et solidaire », indique Pauline Jouanneau.

Outre les bureaux à recouper, il y a aussi les caissons individuels de dessous de bureau à réadapter aux usages - par exemple en les proposant comme casiers individuels de stockage ou de rangement à l'entrée des espaces de bureaux. Quand le réemploi ou le surcyclage ne sont pas possibles, car trop coûteux du fait par exemple de la présence d'additifs phtalates dans le PVC ou de couches bitumeuses sur de la moquette, le cabinet proposera une alternative à partir de matériaux bio-sourcés ou enverra vers de grandes plateformes de vente de matériaux de construction d'occasion comme Bâticycle, Cycle up ou Cyneo. L'éco-organisme Valdelia spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets d'ameublement des collectivités et des entreprises, et revendant occasionnellement du mobilier ou des chutes pour le faire, pourra aussi être mis à contribution.

« Nous n'avons jamais rien clé en main. Un travail individuel doit être réalisé avec chaque sous-traitant pour voir ce qui peut être fait en fonction des moyens à disposition. C'est le signe d'une filière qui travaille sa maturité », souligne Pauline Jouanneau. Pour preuve, parallèlement aux tentatives d'ajustement des grands acteurs du mobilier tertiaire, des créateurs et des petites associations comme À Travers Fil, Kataba et Dizy Design, proposent et affinent régulièrement de nouveaux dessins techniques.

Faire venir les clients

Quant aux clients, ils ne se bousculent malheureusement pas encore au portillon. Le surcyclage du fait de sa multiplicité d'acteurs sur un même chantier n'est pas très compétitif économiquement - une analyse confirmée par une autre structure du secteur. Les entreprises intéressées le sont du fait de l'impact RSE de cette initiative. « Cet état d'esprit existait beaucoup moins il y a six ans », souligne Pauline Jouanneau. Alors pour convaincre les réticents, elle et son équipe conduisent des analyses de cycle de vie sur le mobilier. « Une chaise de bureau par exemple est constituée de 3 kilos de métal, 3 vis, 2 cm de colle... Nous allons chercher les fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES - mentionnant notamment le coût carbone, ndlr) sur la base Inies. Cela permet d'établir des scénarios en faisant varier la part de réemploi et de mobilier écoconçu par rapport à des matériaux génériques pour montrer l'impact carbone du projet et ainsi définir des objectifs de réemploi avec le client », explique Pauline Jouanneau. Elle rajoute : « Bien qu'encore timide, l'économie circulaire dans le tertiaire est en train de devenir un réflexe chez les clients, et les filières de réemploi et de reconditionnement se structurent. »

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