A l'occasion des premières Rencontres nationales du vélo, qui se sont tenues le 26 janvier à Paris, le ministre chargé des transports, Thierry Mariani, a présenté les mesures phares du premier Plan national vélo. Au menu : développement des aménagements et infrastructures mais aussi incitation à l'usage quotidien du vélo, ou encore amélioration de la sécurité.
« Les avantages du vélo (…) sont nombreux en termes de santé, de réduction des pollutions atmosphériques et de réduction du bruit, de budget des ménages, de développement économique", a rappelé Thierry Mariani. "Ce plan, qui répond à une demande forte de
l'ensemble des acteurs, permettra de guider l'action de l'État et de ses partenaires pour promouvoir une pratique accrue et plus sure du vélo".
Local à vélos obligatoire
En termes de développement des infrastructures et d'aménagements, "il nous faut passer d'un urbanisme indifférent à ce mode de transport, voire hostile dans certaines circonstances, à un urbanisme favorable dédié", a déclaré Thierry Mariani.
Une des attentes fortes concernait la mise à disposition de parkings à vélos faciles d'accès et sécurisés. "Le Gouvernement a récemment imposé la mise en place d'un emplacement réservé au parking de cycles dans les logements collectifs neufs et dans les immeubles à usage de bureau, conformément aux engagement de la loi Grenelle 2", rappelle le ministre. Le Secrétaire d'Etat chargé du logement doit signer prochainement l'arrêté fixant la surface dédiée au local à vélos : 1,5 m2 par appartement de type T3 et plus, 0,75 m2 pour les T2. Annonce dont le Club des villes et territoires cyclables, association qui réunit 1.200 élus, se félicite.
Afin d'accélérer la réalisation du schéma national des véloroutes et voies vertes, le ministre chargé des transports a annoncé le déblocage de 1,5 M€ supplémentaires, qui seront affectés en priorité "au financement des sections stratégiques" ainsi qu'à "la signalisation et [au] jalonnement de trois itinéraires majeurs du schéma national". L'objectif est une mise en œuvre complète de l'ensemble du schéma dans un délai de cinq ans.
Indemnité kilométrique pour les déplacements domicile-travail
"L'instauration de l'indemnité kilométrique pour les cyclistes demeure l'une de nos priorités", indique Thierry Mariani, qui souhaite que ce rattrapage entre le vélo et l'automobile soit mis en œuvre dans les meilleurs délais. "Cette indemnité kilométrique devra par ailleurs s'accompagner de la clarification, dans le code du travail, du caractère cumulatif de la prise en charge de la moitié de l'abonnement transport collectif et de la location de vélos", ajoute le ministre.
Dans l'attente de la mise en place d'un crédit d'impôt pour l'achat d'un véhicule à assistance électrique, que le contexte budgétaire ne permet pas, le ministre préconise aussi le développement de l'intermodalité entre vélo et transports collectifs. Les initiatives en ce sens devraient être expérimentées "dans quelques agglomérations volontaires dans le cadre d'un appel à projets".
Sécuriser et faciliter la circulation des vélos
Vieille revendication des associations, Thierry Mariani a annoncé la mise en œuvre réglementaire du "tourne à droite" qui autorise les cyclistes à ne pas marquer l'arrêt au feu rouge, dès lors qu'ils respectent la priorité accordée aux autres usagers, et en particulier aux piétons. L'arrêté permettant cette mise en œuvre a d'ailleurs été publié au Journal officiel dans la foulée. La signalisation retenue est soit un feu jaune clignotant, soit un panneau additionnel, dans les deux cas associés à un feu de circulation tricolore. Le Club des villes et territoires cyclables se félicite que ce panneau "soit enfin à la disposition des collectivités".
La Ville de Nantes avait annoncé la généralisation du "tourne à droite" dès novembre dernier. "L'expérimentation que nous menons à Nantes depuis le printemps dernier est concluante. Nous avons noté une meilleure fluidité dans les parcours, sans problème de sécurité pour les piétons ou les cyclistes", avait déclaré Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, à cette occasion.
"La sécurité passe aussi par le développement de l'apprentissage du vélo", a déclaré le ministre chargé des Transports, qui soutiendra en particulier les initiatives de "vélo-écoles".
Le plan prévoit également le marquage des vélos afin de lutter contre le vol et le recel, à travers un partenariat entre l'Etat et le système de marquage Bicycode de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB).
L'Etat veut montrer l'exemple
Enfin, l'Etat se devant "d'être un acteur exemplaire", le ministre a prévu la mise en place de relais vélos dans les directions départementales des territoires (DDT) et dans les directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL).
Le Club des villes et territoires cyclables, qui avait interpellé le 10 janvier les candidats aux élections présidentielles, reste toutefois sur sa faim. S'il reconnaît dans le Plan national vélo "un signe de la prise en compte du vélo comme mode de déplacement à part entière et outil d'aménagement du territoire", son président, Jean-Marie Darmian considère que "les mesures annoncées (…) ne traduisent pas une véritable ambition nationale. Il faut un ensemble de mesures fortes, intégrées et programmées pour enclencher une dynamique et atteindre l'objectif de 10% de part modale dans notre pays en 2020, fixé par le Gouvernement".
Rendez-vous dans deux ans à l'occasion des deuxièmes Rencontres nationales du vélo afin de savoir si les premières actions annoncées dans ce plan auront réellement porté leurs fruits.