FNE Provence-Alpes-Côte d'Azur a annoncé avoir déposé plainte aux côtés de sa fédération départementale (1) et de la Fédération des pêcheurs des Hautes-Alpes à la suite de la vidange du barrage de Pont-Baldy, sur la rivière la Cerveyrette, dans la commune de Briançon (05). « En quelques heures, toute une population de truites autochtones, sauvages, de toutes les classes d'âge sacrifiée au profit d'intérêts mercantiles, alors que la fédération des pêcheurs demandait sans relâche le report de cette vidange dans une période plus favorable », a regretté la Fédération des pêcheurs des Hautes-Alpes.
L'opération a été programmée pour réaliser un examen technique complet (ETC) de l'ouvrage. Classé en catégorie A (la plus haute classe de potentiel de danger), le barrage (2) est en effet soumis à une surveillance particulière : une actualisation de l'étude de danger et un examen technique complet doivent être réalisés tous les dix ans. Or, la dernière opération de ce type date de 2010. L'exploitant Énergie développement services du Briançonnais (EDSB) compte également profiter de l'opération pour réaliser les travaux d'entretien et des travaux de protection des berges de la rivière.
La préfecture de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a, quant à elle, estimé que cette vidange ne nécessitait pas d'étude d'impact (3) . « Une évaluation environnementale n'ajouterait aucune valeur supplémentaire par rapport aux analyses déjà réalisées dans le cadre de l'étude d'incidence, avait argumenté l'exploitant lors de sa demande d'examen. De plus, elle générera potentiellement un délai incompatible avec la réalisation des opérations en 2022, contrairement aux engagements actés avec la préfecture et l'unité de contrôle des ouvrages hydrauliques (Dreal). »
Lors de la vidange, la Fédération des pêcheurs des Hautes-Alpes a constaté plusieurs dépassements des valeurs « objectifs (4) » de paramètres de qualité des eaux. « Un taux de matière en suspension (MES) excessif colmate les branchies des poissons, ce phénomène associé à la baisse du taux d'oxygène dans le cours d'eau entraînant la mortalité piscicole, détaille la fédération. Pour ce seul paramètre, alors que les valeurs impératives de rejets admissibles étaient de l'ordre de 10 g/l de MES… De nombreux pics dépassant largement les 200 g/l ont été mesurés dès le premier jour de la vidange et sur des durées de plusieurs heures. »
Désormais, une période d'assec de la retenue est prévue, avant un nouveau remplissage du 14 au 20 mai.