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Des réseaux qui anticipent leur résilience

Eau potable : des réseaux en mutation Actu-Environnement.com - Publié le 08/05/2017

La résilience urbaine définit la capacité d'un territoire à fonctionner indépendamment des chocs ou des crises auxquels il est confronté. En cas de crise et face au changement climatique, les infrastructures d'eau potable sont en première ligne. Coup d'œil à Paris, Bordeaux et Grenoble.

Eau potable : des réseaux en mutation  |    |  Chapitre 7 / 7
Environnement & Technique N°369 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°369
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"Les technologies modernes nous ont fait oublier nos vulnérabilités. Mais la réalité désormais visible des effets du dérèglement climatique, la perspective d'une crue majeure de la Seine, le retour du terrorisme et la persistance de crises chroniques – logement, emploi, afflux de migrants, pollution de l'air - nous rappellent l'importance de la résilience dans la planification urbaine", alerte la Mission résilience de la Ville de Paris dans une note de mars 2017, en lien avec le réseau international des 100 villes résilientes. Exposés à ces risques, les réseaux d'eau potable doivent gagner en résilience. Un enjeu que quelques grandes villes anticipent.

Quand le climat affecte la ressource

"La réalité du changement climatique ne fait aujourd'hui plus aucun doute", peut-on lire dans le plan climat énergie d'Eau de Paris. A l'échelle du bassin Seine-Normandie qui alimente la capitale en eau, il pourrait y avoir de fortes incidences sur les milieux aquatiques et les ressources. Une hausse des températures ne serait pas sans conséquences sur la qualité de l'eau. Une tendance à la baisse de la pluviométrie estivale entraînerait des étiages plus sévères. Le changement climatique est à l'origine d'une diminution du débit des cours d'eau, notamment de la Seine, et des aquifères.

Pour gérer durablement la ressource, Eau de Paris s'est dotée d'une stratégie "climat énergie" adoptée par la régie en 2016. Pour faire face aux évolutions démographiques de long terme et aux effets du changement climatique, Eau de Paris prévoit la consolidation d'outils de simulation pour anticiper l'évolution des consommations d'eau à l'horizon 2030. Elle travaille au maintien et au renforcement de la résilience de ses installations par la diversification des sources d'approvisionnement, des puits et interconnexions de secours des réseaux d'eau potable. En outre, elle renforce sa participation aux exercices et plans de prévention des risques et à la gestion des crises.

Des puits de secours à Paris

Six puits de secours dans la nappe profonde de l'Albien permettent de couvrir les besoins en eau potable de la capitale en cas de crise. Et dans la perspective des canicules, Eau de Paris renforce la présence de l'eau dans les aménagements urbains par 1.200 points d'eau accessibles gratuitement et en développant les usages de l'eau non potable notamment pour rafraîchir la ville. Le service de l'eau utilise son patrimoine pour renforcer la place de la nature en ville et limiter l'imperméabilisation, notamment par la mise en place de toitures végétalisées sur ses ouvrages de transport d'eau, la végétalisation des toitures et des murs d'enceinte des réservoirs d'eau. Enfin, elle soutient une production alimentaire locale et respectueuse de l'environnement par des projets d'agriculture urbaine au sein de ses réservoirs et de ses anciennes usines.

Bordeaux se prémunit des inondations

Depuis les années 1980, Bordeaux Métropole, en Gironde, s'est dotée de politiques de prévention des grandes inondations. De fait, c'est une politique de bassin d'étalement qui a été mise en place, sur la base du système Ramses (Régulation de l'assainissement par mesures et supervision des équipements et stations), composante essentielle de la résilience de la métropole bordelaise. Afin de piloter tout le système de lutte contre les inondations, le centre de télé-contrôle Ramses est mis en service en 1992. Dispositif permettant en temps réel la prévention contre les inondations et le contrôle des stations d'épuration, Ramses se veut un modèle de connectivité à grande échelle, à la fois outil d'aide à la décision et moyen d'action qui concourt à protéger les réseaux et la ressource en eau potable. "Pour tenir à flots une métropole traversée par plus de 100 cours d'eau, et dont le tiers de la surface culmine à une altitude inférieure à celle de la Garonne à marée haute, il fallait un dispositif très intelligent", estime Bordeaux Métropole.

Rive droite, Bordeaux Métropole crée des bassins de retenue, construit des conduites forcées d'évacuation en Garonne, aménage des stations de pompage. Rive gauche, elle développe une stratégie de défense dite "des trois couronnes" avec d'immenses collecteurs sous la rocade, des bassins de retenue le long de la voie ferrée de ceinture et des bassins enterrés en ville pour stocker et évacuer les eaux de ruissellement.

Grenoble travaille à des réseaux modulaires

La mutualisation des réseaux renforce les moyens en cas de crise : une partie peut être découplée du tout, ce qui constitue une caractéristique de la résilience, fondée sur la modularité. Selon Patrick Beau, directeur technique de la société publique locale (SPL) Eaux de Grenoble Alpes, "le transfert de la compétence eau apporte une meilleure organisation au niveau de l'entité organisatrice d'un territoire. La création de la SPL, issue de la fusion de trois structures historiques locales, agit comme un véritable outil de mutualisation qui permet de mieux utiliser les capacités et amène beaucoup de puissance au niveau des moyens à mettre en œuvre en cas de crise, humains et matériels. Il y a ainsi beaucoup plus de potentiel à être en résilience".

En amont de Grenoble (Isère), le champ captant de Rochefort, exploitant la nappe phréatique du Drac, a une capacité installée utilisée à un tiers. Il peut donc alimenter d'autres territoires en cas de stress hydrique. La mutualisation apporte également plus d'efficacité dans la mise en œuvre des interconnexions avec la ressource de la Romanche. "Les réseaux d'adduction et de distribution étant eux-mêmes interconnectés, ils peuvent faire face à une grosse casse en minimisant l'impact sur les usagers. En cas de panne informatique des outils de supervision, il est toujours possible de fonctionner en mode dégradé en pilotant les installations en mode manuel en cas d'incident", rassure Patrick Beau.

Agnès Sinaï

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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