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Actu-Environnement

Que laissera la date du 16 Février 2005 dans nos mémoire ?

Entrée en vigueur du protocole de Kyoto Actu-Environnement.com - Publié le 17/02/2005
Entrée en vigueur du protocole de Kyoto  |    |  Chapitre 1 / 1
Le protocole de Kyoto est entré hier en vigueur à 00h00 heure de New-York (5h00 GMT) soit 3 mois exactement après la ratification par la Russie. L'accord qui prévoit une réduction de 5,2% des émissions des six principaux gaz à effet de serre (GES) (CO2, CH4, N2O, HFC, PFC, SF6) entre 2008 et 2012 par rapport au niveau de 1990 à été signé par 38 pays en décembre 1997. Il aura donc fallu près de huit ans et la ratification de Moscou pour qu'il entre enfin en vigueur... mais le plus dur reste à faire.

Car derrière la problématique écologique pour laquelle tous s'accordent enfin (rappelons qu'il y a quelques années, certains estimaient encore qu'il n'y avait pas de corrélation directe entre l'activité humaine et le réchauffement climatique) le protocole de Kyoto soulève un gigantesque problème géoéconomique.

Tel qu'il a été signé en 1997, le protocole de Kyoto n'impose aucune mesure particulière aux pays en voie de développement pour ne pas entraver à leur croissance. Or depuis certains d'entre eux, la Chine et l'Inde notamment, présentent une très forte croissance économique et par conséquence des émissions de gaz à effet de serre exponentielle. C'est l'une des raisons pour lesquelles nombre d'états s'inquiètent du déséquilibre causé par la ratification et dénoncent le protocole ; les USA en tête qui ont rejetés Kyoto en 2001.
Les modes de consommations actuelles et la dépendance au pétrole lie implicitement croissance économique et émissions de gaz à effet de serre or la mentalité outre-atlantique refuse catégoriquement toute atteinte extérieure au mode de vie. Pourtant on ne peut que constater la gabegie Nord-américaine : quand un français produit 6,2 tonnes de CO2 par an, un Américain en émet 20 alors que leurs niveaux de vie respectifs restent relativement proches.
De plus en plus de voies s'élèvent outre-atlantique contre cette sourde oreille. Bush est bousculé jusque dans son propre camp. Certains sénateurs républicains soutiennent désormais le principe de limites fédérales des émissions proche des PNAQ européens. De nombreuses organisations scientifiques révèlent l'inefficacité des incitations à la réduction des émissions initiées en 2002 par l'administration et dénoncent l'utilisation trop importante du charbon et du pétrole et réclament plus d'énergies renouvelables.

Les États-Unis ayant dénoncé le protocole, la réduction de 5,2% entre 2008 et 2012 est de fait "mécaniquement" ramenée aux alentours de 2%. Cette diminution montre clairement que face au réchauffement climatique, les efforts sont vains s'ils ne sont pas engagés par tous et que l'on ne peut avancer qu'avec les USA. Ainsi Tony Blair – Premier Ministre britannique – a promis de tenter de faire évoluer la position américaine, notamment en faisant du changement climatique l'un des sujets phares du prochain G8. Jacques Chirac a précisé quant à lui, qu'il parlerait à Georges Bush lors de leur prochaine rencontre afin de réengager les Américains dans le processus et il évoque pour cela la nécessité d'un engagement des pays en voie de développement – Chine en tête. Mais la plupart des experts estiment déjà qu'il n'y a rien à espérer avant la fin du mandat présidentiel de Bush.
Régulièrement interpellé pour ses belles paroles, le Président Français a demandé au gouvernement de réfléchir aux solutions concrètes à appliquer à l'habitat et au transport car ces deux secteurs d'activité restent actuellement les seuls à ne montrer aucune tendance à l'atténuation et encore moins à la diminution. Le Président a expliqué qu'à terme, la France devra réduire par 4 ses émissions d'ici à 2050.

L'UE reste ainsi clairement le moteur du processus destiné à limiter le réchauffement climatique et prend les devants en évoquant l'après 2012 et les mesures à envisager pour stabiliser la hausse des températures. Outre le fait de développer les énergies propres, de limiter la déforestation, l'Union souhaite intégrer dans les plans de réduction, les secteurs des transports maritimes et aériens jusque là épargnés . Cette dernière mesure – qui s'avère nécessaire - risque pourtant de ne pas plaire aux USA puisqu'elle avantage nettement le consortium Airbus et son A380 dont la taille gigantesque permet mathématiquement de réduire les émissions de GES par voyageur. Le secteur aérien risque ainsi de déplacer le problème du réchauffement climatique vers la guerre économique qui oppose Airbus et Boeing : une disposition qui écartera donc sûrement un peu plus les USA du processus.

L'association croissance économique - augmentation des gaz à effet de serre place donc le protocole de Kyoto sur le devant de la scène économique. D'autant que les Etats-Unis dénoncent des dispositions qui arrangent l'Union Européenne. En effet, en signant en 1997 le protocole basé sur les émissions de 1990, l'Europe "bénéficiait" de sa croissance ralentie pendant les années 90 contrairement aux USA.
L'Allemagne était quant à elle quasiment tirée d'affaire puisque à l'époque elle intégrait l'ex-RDA très forte émettrice de GES. Quelques années seulement après la réunification, la désindustrialisation au profit d'activité tertiaire avait déjà contribué à réduire les émissions. Pourtant ces faits et chiffres avérés ne remettent pas en question la réelle volonté de l'Allemagne de respecter, voire précéder les objectifs fixés par Kyoto en développant notamment les énergies renouvelables plus sérieusement qu'en France par exemple.
La France qui, pour des raisons historiques et économiques avec la présence de géants du nucléaire, semble s'en remettre à l'énergie nucléaire pour respecter ses engagements. Pourtant, elle est contrainte à augmenter sa part d'énergie renouvelable à 21% de la consommation contre 17% actuellement, principalement d'origine Hydraulique. Mais la capacité de production d'énergie Hydraulique est proche de la saturation et risque d'être mise à mal par la nouvelle loi sur l'eau. L'analyse du cycle de vie (ACV) des Biocarburants restant soumise à controverse, il reste donc la solution largement sous-utilisée du solaire thermique pour atteindre ces objectifs.
Tant que la corrélation croissance économique - augmentation des gaz à effet de serre est maintenue, derrière le volet écologique se cachera perpétuellement le volet économique : chaque pays souhaite utiliser ses propres armes pour y gagner le plus, ou tout du moins y perdre le moins. Dans l'état actuel, les États-Unis dont la majeure partie de l'activité est basée sur les énergies fossiles à tout à y perdre...

Pourtant le réchauffement a déjà commencé : les années 1998, 2002, 2003 et 2004 étant les plus chaudes enregistrées depuis la fin du XIX siècle. Certains écologistes estiment que le monde à encore 10 ou 20 ans pour réagir. Après il sera trop tard : la machine climatique se sera emballée et le réchauffement s'alimentera de lui-même. Les chimistes le savent bien : lorsqu'une réaction physico-chimique s'emballe, il convient de plonger le ballon dans la glace. Le problème est qu'il sera difficile de faire la même chose avec la Planète...

Souhaitons donc que le 16 février soit la date de l'avènement de technologies propres car elles seules pourront rompre l'aliénation du monde actuel au pétrole et aux énergies fossiles.

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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