Six mois après et quelques spots télé et radio, l'ADEME et le MEDD ont présenté un premier bilan. Sachant qu'il est difficile de mesurer l'impact réel de la campagne sur les volumes de déchets produits, ils se sont basés sur l'évolution des comportements des Français à travers deux sondages réalisés avant et après la campagne. D'après les résultats, 88% des Français interrogés ont déclaré avoir déjà entendu parler de gestes visant à réduire la quantité de déchets contre 79% avant campagne. Alors que 77% d'entre eux citaient en geste principal le tri sélectif, ils ne sont plus que 32% après la campagne au profit d'autres gestes comme « choisir des produits avec moins d'emballage », « limiter les sacs plastiques » et dans une moindre mesure « privilégier le compostage ». Ce qui est un point plutôt positif sachant que le tri sélectif n'a pas pour vocation de réduire le volume de déchets. Donc, globalement, il semblerait que pour ceux qui ont vu ou entendu la campagne, le message soit bien passé et ait été compris.
Malheureusement, certains chiffres démontrent que la campagne n'a pas touché l'ensemble de la population et que des freins restent encore à lever pour l'adoption des gestes. Le manque de réflexe et de connaissance des gestes est ainsi fréquemment cité. Autres freins marqués : l'aspect jugé trop contraignant du geste ou son incidence financière. Enfin, certaines différences persistent, tant sur le plan géographique que générationnel : les urbains et les 15-35 ans étant moins sensibilisés que les ruraux et les 50-65 ans.
C'est pourquoi une deuxième vague de diffusion de spots est prévue en mars et avril accompagnée d'une « Semaine de réduction des déchets » en octobre.
Ces pistes de progression s'ajoutent à de réels besoins d'information exprimés dans les études. 93 % des Français souhaitent en savoir plus sur les gestes quotidiens permettant de réduire les déchets ménagers, dont 46 % se disent très intéressés. Ainsi, sur le terrain, plusieurs partenariats sont en cours entre l'ADEME, le MEDD, la distribution alimentaire, les transports et des manifestations sportives et culturelles. Il est prévu par exemple d'informer la population au moment du Tour de France, manifestation très productrice de déchets tant au niveau de l'organisation que sur le bord du parcours.
L'ADEME s'appuiera également sur le réseau des ressourceries et recycleries pour favoriser la récupération et la réparation des matériels électriques et électroniques. En effet, le système économique rend, à l'heure actuelle, plus pratique et souvent moins cher le rachat d'un équipements que sa réparation. À travers ce partenariat, l'ADEME commence à s'intéresser à la question, mais semble consciente que son action et celle du consommateur seront limitées car c'est tout un système économique basé sur l'éloge de la consommation qu'il faudrait faire évoluer. Toute de même, l'Afnor travaille à l'heure actuelle sur un étiquetage des produits en termes de durée de vie pour informer le consommateur et l'orienter dans ses choix.
La même problématique se pose au sujet des emballages. Même si cette campagne a le mérite de démontrer que chacun à son échelle peut faire quelques gestes pour réduire sa production de déchets, la responsabilité des industriels doit être engagée, notamment en termes de réduction des emballages des produits. Pour l'instant aucune obligation ou même de partenariat ne sont envisagés et l'ADEME et le ministère comptent sur les consommateurs pour privilégier les produits moins emballés et inverser la tendance.
Les collectivités vont également être sollicitées pour déployer la campagne à travers la distribution des nouveaux autocollants STOP PUB et la promotion de composteurs individuels. Il est prévu de distribuer 3 millions d'autocollants pour atteindre 15% des Français soit la proportion qui déclare ne pas vouloir recevoir de publicité, ce qui représenterait 150.000 tonnes d'imprimés. Il faut compter parallèlement sur le nouveau décret qui vient de paraître sur ces déchets d'imprimés et qui permettra de responsabiliser les émetteurs en les obligeant à contribuer à leur élimination. Concernant les composteurs, l'ADEME et le MEDD misent sur 100.000 unités distribuées par an.
Enfin une nouvelle étude de la composition des poubelles françaises va être réalisée cette année pour des résultats prévus en 2007. Les dernières données disponibles sur ce thème dataient de plus de 10 ans.