Une application pour smartphone « DRYrivERS » permet désormais de signaler aux scientifiques les cours d'eau qui s'assèchent. « Nous avons découvert, ces quinze dernières années, que les rivières intermittentes étaient très abondantes. Au niveau mondial, la majorité des cours d'eau s'assèchent, pointent Thibault Datry, chargé de recherche dans l'unité de recherche et de développement pluridisciplinaires sur le fonctionnement des hydrosystèmes (Riverly) de l'Inrae de Lyon. Cependant, comme la gestion et l'écologie des cours d'eau sont conçues pour les milieux pérennes, nous avons du mal à savoir où ils se situent. Même si des efforts ont été réalisés pour améliorer la situation, avec l'Observatoire national des étiages (Onde). »
Le nouvel outil proposé devrait pallier ce manque grâce à l'appui des observateurs citoyens sur le terrain. Ces derniers pourront renseigner l'emplacement de la rivière, les conditions de son lit (si l'eau s'écoule, si elle forme des mares ou si le lit est sec, par exemple) ainsi qu'une photo du site. L'application se veut à la fois pédagogique pour sensibiliser à l'asséchement des cours d'eau, mais aussi à visée scientifique. « Notre objectif final est de constituer un atlas des cours d'eau qui s'assèchent en Europe, précise Thibault Datry. Nous aimerions disposer d'une base de données en temps réel au niveau national, identifier des zones sentinelles où les asséchements sont de plus en plus nombreux, dans le but d'anticiper les effets du changement climatique. Ensuite, quand nous aurons suffisamment de données, nous pourrons calibrer des modèles d'extrapolations spatiales pour faire des prévisions, pour anticiper le devenir des cours d'eau. »
Le projet, financé par le programme Horizon 2020 de la Commission européenne, vise un déploiement européen, mais compte également des partenaires en Amérique latine (Bolivie, Équateur et Brésil). La pandémie de la Covid-19 n'a toutefois pas permis une diffusion et une appropriation simple de l'outil. Les scientifiques espèrent à l'avenir davantage développer les réunions d'informations, par exemple avec les collectivités locales, les associations de pêcheurs, de kayakistes, etc. « Nous nous donnons quatre ans, pour que l'application soit utilisée dans les neufs pays européens qui contribuent au projet », indique Thibault Datry.