Alors que le gouvernement s'inquiétait fin décembre pour ses stocks de sel pour déneiger les routes, la fédération France Nature Environnement (FNE) a rappelé le 4 janvier les conséquences écologiques de tels épandages.
Chaque hiver, environ un million de tonnes de sel seraient en moyenne déversées sur les routes françaises pour faire fondre la glace ou la neige. Plus du double de sel risque toutefois d'être utilisé cette année, selon l'Association des fournisseurs de sel de déneigement (Asselvia).
L'épandage du sel permet donc de prévenir la formation de glace lorsque le froid reste raisonnable (environ -15°C car il n'est pas possible de répandre la quantité "idéale" de sel en tous points de la route), voire de faire fondre la neige lorsque celle-ci se dépose sur le sol. Il est en revanche sans grande efficacité sur le sol déjà enneigé.
Certaines espèces aquatiques sont sensibles au taux de salinité, comme les saumons ou les crapauds, d'après le WWF. Une étude américaine, publiée en septembre dernier, dans la revue ''Environmental Science and Technology'', avait également démontré un impact sur la biodiversité des cours d'eau situés au nord des Etats-Unis.
Le sel peut aussi brûler le feuillage des végétaux, provoquer un dessèchement au niveau des racines ou modifier les propriétés des sols, comme leur perméabilité, ajoute de son côté Demba Diedhiou, chargé de projets Transports chez FNE. Par réaction chimique, il peut aussi "libérer" les métaux lourds présents sur les routes (plomb, zinc, aluminium), provenant notamment des carrosseries ou des pneumatiques, et entraîner leur dispersion dans la nature et sur les terres agricoles via l'irrigation et le ruissellement.
Privilégier les traitements mécaniques, selon FNE
D'autres alternatives existent pourtant aux produits chimiques, souligne FNE comme ''la limitation des déplacements par temps de neige, le développement de l'utilisation des pneus neige ou l'usage des transports en commun'' (quand ceux-ci ne sont pas perturbés...).
FNE plaide aussi pour les "traitements mécaniques" pendant les épisodes neigeux : épandages de sable, copeaux de bois, gravillons rocheux... ''Les solutions chimiques ne peuvent intervenir qu'en ultime recours en prévoyant la collecte et le traitement des eaux traitées'', estime la fédération.
FNE a demandé l'élaboration en France d'une "réglementation permettant la hiérarchie des usages et solutions à mettre en oeuvre en cas d'épisode neigeux ou de gel persistant". Pour Bruno Genty, président de la fédération, ''il est vain de vouloir s'opposer frontalement aux phénomènes naturels. La nature n'est pas notre ennemi. Nous devons faire avec elle et pas contre elle, en privilégiant l'adaptation voire une approche mécanique plutôt que se limiter a une approche chimique dont les dégâts collatéraux peuvent être très importants''.