
Précisons qu'au total, 41 espèces de reptiles et 39 espèces d'amphibiens sont recensées sur le territoire métropolitain mais certaines d'entre elles n'ont pas été soumises à l'évaluation (4 reptiles et 5 amphibiens). Conformément à la méthodologie de l'UICN, ce sont les espèces présentes en France uniquement de manière occasionnelle (Tortue verte ou Tortue de Kemp) et les espèces non natives introduites en France dans la période récente comme la Grenouille taureau ou la Tortue de Floride.
Les menaces qui pèsent sur les reptiles et les amphibiens de métropole sont multiples : assèchement des zones humides, pollution des milieux aquatiques, abandon du pastoralisme, collecte illégale d'individus, compétition avec des espèces exotiques introduites. L'assèchement des zones humides et le comblement des mares représentent une menace pour la survie de la Grenouille des champs (en danger critique) et du Pélobate brun ou crapaud à couteaux (en danger) que l'on trouve aujourd'hui que dans l'Indre et dans le Nord-Est. Quant à l'évolution des milieux due à l'abandon du pastoralisme, elle entraîne une forte régression de l'habitat de la Vipère d'Orsini (en danger critique) également victime de l'urbanisation et de la construction d'infrastructures routières et ferroviaires, au même titre que la Tortue d'Hermann, vulnérable en France et en danger dans le Var. Enfin, la compétition avec des espèces exotiques introduites, telles que la Tortue de Floride ou la Grenouille taureau, représente une menace pour des espèces autochtones comme la Cistude d'Europe, tortue d'eau douce quasi menacée et les espèces de Grenouilles vertes.
Plutôt à l'abri aujourd'hui, d'autres espèces restent toutefois en danger à terme comme le Lézard d'Aurelio et la Salamandre de Lanza (tous deux en danger critique) qui voient leur aire de répartition de plus en plus réduite. Le réchauffement climatique pourrait également s'avérer très préjudiciable à l'avenir pour ces espèces, assure l'UICN.
Le comité français de l'UICN et le muséum estiment donc indispensable de mettre en place un plan de suivi de chaque espèce menacée et quasi menacée et des actions spécifiques pour les plus en danger à l'instar des plans de restauration lancés ces dernières années pour la Tortue d'Hermann et la Vipère d'Orsini. Rappelons que cette petite vipère évoquée plus haut, se nourrissant quasi-exclusivement de sauterelles et de grillons vit dans le sud-est de la France où elle subsiste dans des petites populations très fragmentées et isolées les unes des autres. On la trouve également dans le sud de l'Europe jusqu'en Russie. Victime de l'abandon du pastoralisme qui a entraîné la disparition progressive des landes et des pelouses qui constituaient son habitat de prédilection, elle est aujourd'hui menacée par des aménagements divers (constructions, routes, pistes de ski) et par les collectes illégales. Pour tenter d'assurer son avenir en France, le Ministère chargé de l'écologie a décidé la mise en place d'un plan de restauration pour l'espèce.
Cette évaluation provient du premier volet de la Liste rouge des espèces menacées en France. Etablie conformément aux critères de référence de l'UICN, la Liste rouge nationale vise à dresser un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces à l'échelle du territoire national. Lancé en 2007, le projet se décline en chapitres taxonomiques (mammifères, plantes vasculaires, crustacés, libellules…) et géographiques (métropole, Réunion, Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie…). L'objectif vise à actualiser les données, d'identifier les priorités d'action et de suivre l'évolution de l'état de la biodiversité en France. Après les reptiles et amphibiens de métropole, les prochains chapitres porteront sur les oiseaux, les mammifères et les crustacés de métropole et sur les oiseaux d'outre-mer. D'autres chapitres seront mis en chantier dans le courant de l'année 2008, assure le Muséum.