Dans un avis, présenté le 22 janvier, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) formule 17 recommandations pour réduire "la dépendance" de la France aux importations de métaux stratégiques. Plusieurs de ces métaux, confrontés au risque de pénurie, sont pourtant "indispensables" à de nombreux secteurs de l'industrie française (numérique, automobile, énergie...), rappelle Philippe Saint-Aubin, auteur de l'avis du Cese. En particulier le tungstène, le cobalt, l'antimoine et certaines terres rares.
Les préconisations du Cese incluent "l'importance" de l'analyse du cycle de la matière (de l'approvisionnement au recyclage) et prônent ainsi l'économie circulaire. Il s'agit d'identifier les filières françaises et européennes "porteuses de recyclage" et étudier avec le Conseil national de l'industrie le moyen de les développer. "Cela concerne aussi bien les filières traditionnelles comme celle des aciers spéciaux, que des filières émergentes, comme celles des batteries, des téléphones portables, du démantèlement des avions ou des bateaux". A l'échelle mondiale, les terres rares, le germanium, le sélénium ou le gallium sont actuellement recyclés à moins de 1 %.
Les obstacles au recyclage sont surtout d'ordre technique et économique. "Par rapport aux grands acteurs (européens) du secteur (recyclage de métaux) comme Umicore ou Boliden, la France
ne possède que des entreprises de taille petite ou intermédiaire. L'ambition est donc d'identifier les domaines à forte valeur ajoutée qui permettront de développer une activité", insiste le Cese. La France dispose déjà de "pépites" qui montrent la voie : "Ecotitanium pour le titane, Snam pour les batteries, Nyrstar pour l'indium, Terranova, Morphosis, Weemetallica et d'autres encore dans des créneaux
ciblés. Certaines filières sont prometteuses pour des activités de retraitement, comme
les batteries de véhicules électriques ou les téléphones portables", énumère le Cese.
Parmi ses autres recommandations, le Cese n'exclut pas "la relance de l'exploitation minière" en France métropolitaine et en Outre-mer. Celle-ci doit être associée à la réforme du code minier. Cette réforme "devra inclure l'association des parties prenantes, la définition des engagements environnementaux, y compris sur l'après-mine, l'articulation entre l'exploration et l'exploitation, et l'adaptation aux statuts spécifiques des territoires d'Outre-mer." Les réserves en Outre-mer se situent pour l'essentiel en Nouvelle-Calédonie pour le nickel. Et aussi en Guyane pour l'or : le projet de renouvellement de concessions minières y est vivement contesté.