Deux études menées dans le cadre du projet Disco-Weed démontrent un rôle-clé des adventices, aussi appelées « mauvaises herbes », dans le fonctionnement des écosystèmes agricoles. De quoi s'interroger de nouveau sur le recours aux phytosanitaires, et en particulier du glyphosate.
La première étude, publiée le 28 mai 2020 dans la revue Frontiers in Sustainable Food Systems, met en avant le rôle « d'alliées » des adventices avec les plantes cultivées.
À partir de données récoltées sur 184 parcelles cultivées sur une plaine céréalière de 450 km² s'étendant autour du centre d'études biologiques de Chizé (CNRS/La Rochelle Université), les chercheurs ont montré que la diversité des plantes adventices, et en particulier les espèces rares, contribuait à la fourniture simultanée de plusieurs fonctions écologiques. Les chercheurs ont démontré que les plantes adventices favorisent le contrôle des ravageurs des cultures, la fertilité du sol et des fonctions associées aux cycles du carbone, de l'azote et du phosphore, la pollinisation, et le nombre d'espèces d'abeilles sauvages, un indicateur de la biodiversité.
Les adventices agissent comme des « corridors »
Dans une seconde étude, publiée ce 8 juillet 2020 dans la revue Proceedings of the Royal Society B : Biological Sciences, les scientifiques se sont intéressés aux mécanismes à l'origine du maintien de la diversité de plantes adventices dans les parcelles agricoles pour favoriser leur présence. L'équipe a étudié la flore adventice dans 444 parcelles cultivées dans la même zone que la première étude. Les chercheurs ont montré que la diversité des adventices est plus importante dans les zones « d'interfaces », situées entre la bordure de parcelle et le premier rang de culture. L'étude montre, pour la première fois, qu'en plus de leur rôle de refuge pour la diversité de la flore adventice, ces zones non-cultivées agissent comme des « corridors » (milieux reliant fonctionnellement entre eux des habitats vitaux pour une espèce) entre les différentes parcelles d'un paysage agricole.
Assurer plus de diversité des « mauvaises herbes »
« La diversité des plantes adventices étant essentielle pour la fourniture de multiples fonctions écologiques, la gestion extensive de ces zones est une stratégie pour la préserver dans les paysages agricoles » souligne Sabrina Gaba, chercheuse à l'Inrae, et porteuse du projet Disco-Weed.
Des travaux qui concluent sur l'importance de conserver ces zones d'interfaces et de favoriser des paysages agricoles diversifiés, incluant des parcelles cultivées en bio, pour assurer une plus grande diversité de « mauvaises herbes » dans les champs.
Le projet de recherche Disco-Weed a été financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et réalisé dans son Centre de synthèse et d'analyse sur la biodiversité (Cesab), en partenariat avec l'Inrae, le CNRS, les universités de La Rochelle et de Lorraine, le ministère de la Transition écologique et l'Agence nationale de la recherche.