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Agriculture bio : il est possible de réduire de 50% les apports en cuivre

Une expertise scientifique collective, présentée le 16 janvier par l'Inra, juge difficile de se passer à court terme du cuivre dans l'agriculture biologique. Elle souligne en revanche la possibilité d'en réduire facilement les doses.

Agroécologie  |    |  L. Radisson

"Se passer du cuivre ? On peut, mais ça ne sera pas simple". Telle est la conclusion de Didier Andrivon, pilote de l'expertise scientifique collective (1) (Esco) commandée par l'Institut technique de l'agriculture biologique (Itab) et l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et dont les résultats ont été présentés mardi 16 janvier à Paris.

Onze experts ont passé en revue la littérature scientifique internationale pendant deux ans afin de savoir si des alternatives à l'utilisation du cuivre comme protection des cultures biologiques existaient. Le cuivre est en effet utilisé pour contrôler diverses maladies fongiques ou bactériennes des cultures fruitières ou légumières. Pas moins de 50 usages de la substance sont homologuées mais trois d'entre eux polarisent l'attention du fait des surfaces traitées et de l'enjeu économique. Il s'agit des usages contre le mildiou de la vigne, à travers notamment la fameuse bouillie bordelaise, contre la tavelure du pommier et, enfin, contre le mildiou de la pomme de terre.

Le cuivre est utilisé aussi bien en agriculture conventionnelle qu'en agriculture biologique (AB). Il constitue toutefois "la seule matière active à effet fongicide fort et gamme d'action large homologuée en AB", souligne le résumé de l'Esco. Or, l'utilisation de cuivre n'est pas neutre pour l'environnement. "Des concentrations excédentaires en cuivre ont des effets néfastes sur la croissance et le développement de la plupart des plantes, sur les communautés microbiennes et la faune des sols", résume l'Inra. D'où des restrictions d'usage imposées par la réglementation, voire même des interdictions en tant que pesticide dans certains pays comme le Danemark ou les Pays-Bas. L'interdiction générale au niveau de l'Union européenne ne semble toutefois pas à l'ordre du jour même si les Etats membres vont être amenés à se prononcer sur la réapprobation de la substance active.

Baisser les doses avec une efficacité identique

Que conclut l'Esco ? "Sans changement de système, on peut envisager de baisser de moitié les doses avec une efficacité identique dans des conditions normales, c'est-à-dire en l'absence de pression très forte des maladies", résume Philippe Mauguin, président de l'Inra. Comment ? "En conservant une cadence d'application identique mais en réduisant fortement les doses à chaque passage et en améliorant la qualité de la pulvérisation". "Cela doit guider les débats dans la réévaluation du cuivre", estime M. Mauguin.

En revanche, la suppression totale du cuivre paraît difficile en l'état actuel des connaissances, selon l'expertise. Les chercheurs ont identifié plusieurs alternatives dont aucune ne se révèle entièrement satisfaisante à leurs yeux. La création de variétés résistantes aux maladies pose la question de la durabilité des résistances, des impacts sur le rendement et de la qualité de la production. Les substances stimulatrices des défenses des plantes (SDP) démontrent des résultats en laboratoires mais l'efficacité se révèle plus faible ou plus aléatoire sur le terrain, pointe l'Esco. L'emploi de substances à activité biocide agissant directement sur l'organisme pathogène, comme le soufre ou des huiles essentielles, pose quant à lui des difficultés liées à la composition complexe des préparations et à de potentielles incompatibilités avec les cahiers des charges de l'agriculture biologique.

La mise en oeuvre de pratiques agronomiques, via des techniques physiques (bâches de protection, filets anti-grêle, anti-insectes) ou culturales (diversification spatiale et temporelle des variétés) se révèlent toutefois très efficace. Mais elles sont souvent "contraignantes pour le producteur", souligne l'expertise.

Ne pas prendre le prétexte du cuivre pour remettre en cause la bio

Au final, "on peut envisager à terme des alternatives mais à condition de combiner ces différents leviers", conclut Philippe Mauguin. Le souci vient du fait que "ces leviers alternatifs sont majoritairement pensés et évalués comme des moyens de substitution aux applications chimiques, alors que leur niveau partiel d'efficacité et les risques pesant sur leur durabilité (…) impose de les insérer dans des stratégies intégrées, et donc plus complexes, de protection phytosanitaire", souligne l'Esco. Or, cette dernière pointe le manque "de données scientifiquement évaluables sur des systèmes intégrés, y compris à dimension paysagère comme l'agroforesterie".

"L'Esco montre qu'il faut jouer sur les systèmes et pas seulement sur la substitution des molécules", renchérit Jean-Claude Bevillard de France Nature Environnement (FNE). "Toute la filière doit s'impliquer, amont comme aval, en imaginant d'autres modèles de consommation", estime le représentant associatif.

Et, comme le faire remarquer Mickaël Latz, maire de Correns (Var), premier village 100% bio de France, il ne faut pas prendre le prétexte du cuivre pour remettre en cause la bio, actuellement en pleine croissance. L'utilisation de la substance a déjà été diminuée par deux ou trois, alors que des quantités astronomiques de pesticides, souvent bien plus dangereux, continuent à être utilisées dans le monde à travers l'agriculture conventionnelle, pointe l'élu local.

1. Télécharger le résumé de l'expertise scientifique collective
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-30472-Esco-cuivre-AB-resume.pdf

Réactions1 réaction à cet article

La vigne qui représente très peu en surface participe pour 20% à la consommation nationale de produits phytosanitaires. Cela s’explique par l’usage important de soufre et de cuivre qui sont deux matières actives utilisées à des doses/ha élevées . En France, l'utilisation de cuivre en viticulture biologique avoisine en moyenne 5 kg/ha/an en année à forte pression de mildiou (soit environ un an sur deux). Sur environ 70.000 de phyto vendu en France le cuivre et le soufre représentent encore une part importante près de 20% du volume total . Ce qui est loin d ' être négligeable !!!!

balxha | 18 janvier 2018 à 20h02 Signaler un contenu inapproprié

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