Le système gazier français devrait répondre à la demande cet hiver, estime GRTgaz et Teréga, à l'occasion de la présentation, ce mercredi 14 septembre, des perspectives du système gazier pour l'hiver 2022-2023. Les deux gestionnaires des réseaux français de transport de gaz expliquent que leurs modélisations montrent que la France ne devrait pas manquer de gaz et devrait être en mesure de contribuer à la solidarité européenne. « Des situations de tension pourraient toutefois se développer en cours d'hiver », nuancent les deux opérateurs, attirant l'attention sur la nécessité de mettre en place, dès maintenant, des mesures de sobriété pour en réduire l'impact. En situation extrême, l'interruptibilité rémunérée, voire le délestage, pourrait s'appliquer aux grands consommateurs industriels.
Des scénarios adaptés aux conditions actuelles
Premier constat encourageant : les stocks français sont remplis à 94 % et devraient frôler les 100 % au 1er novembre. À l'échelle européenne, le remplissage atteint 84 %. Ce point est essentiel pour assurer le passage de l'hiver. Il l'est aussi pour assurer un débit suffisant en cas de pointe. En effet, lorsque les treize stocks français sont pleins, la capacité de soutirage atteint un peu plus de 100 gigawatts (GW). À 50 % de leur capacité, la pression résiduelle ne permet de soutirer que 85 GW.
Attention aux éventuelles vagues de froid
Les scénarios montrent que si l'hiver est dans la moyenne attendue, il n'y aura aucun déficit de gaz. La consommation devrait atteindre 309 térawattheures (TWh) - elle s'est établie à 284 TWh en 2021 - et les exportations 84 TWh. Ces sorties seront couvertes grâce aux quatre terminaux méthaniers français (166 TWh mobilisables), aux importations depuis les réseaux adjacents (125 TWh, depuis la Norvège notamment) et aux stocks (99 TWh). Le biométhane complétera l'approvisionnement, avec 3 TWh attendus.
GRTgaz et Teréga pointent toutefois un risque de déficit limité, si cet hiver moyen était marqué par une pointe de grand froid. L'hypothèse retenue est une vague de froid intense, dont la probabilité de retour est d'une fois tous les cinquante ans. Alors, le déficit serait de l'ordre de 1,4 TWh (soit 0,4 % de la consommation de l'hiver). À noter : l'impact d'une vague de froid varie selon la période à laquelle elle intervient. Plus c'est tôt dans l'hiver, plus le système peut la franchir aisément puisque les stocks de gaz offrent encore une puissance de soutirage élevée. Le déficit sur une journée pourrait être de l'ordre de 65 GWh, en début d'hiver, et atteindre 258 GWh, en fin d'hiver.
De 2 à 5 % de déficit en cas d'hiver rigoureux
Les gestionnaires de réseaux ont ensuite évalué deux scénarios dégradés. Le premier est un hiver froid, comme celui qu'a connu la France en 2012-2013. Alors, il manquerait 6,8 TWh de gaz pour franchir la période, soit 2 % de la consommation. Si l'hiver était plus intense encore, le déficit atteindrait 16,2 TWh (4,7 % de la demande). Ce second scénario prend l'hiver 2010-2011 pour référence.
Bien sûr, la France dispose de leviers pour répondre à ces tensions. Les fournisseurs de gaz peuvent gérer au mieux les stocks, notamment en les regarnissant en cas de redoux ponctuels. Les consommateurs sont invités à économiser l'énergie. Et de rappeler qu'une baisse de 1 °C de la température du chauffage permet de réduire de 7 % la consommation. Par ailleurs, GRTgaz, Teréga et l'Agence de la transition écologique (Ademe) vont déployer, en octobre, un dispositif d'information et de sensibilisation de type Écowatt appliqué au gaz.
Enfin, il reste l'interruptibilité, qui permet à des industriels volontaires de réduire leur consommation contre rémunération en cas de forte tension. « En derniers recours, le délestage ciblant les grands consommateurs permettrait de protéger les clients résidentiels », expliquent les deux gestionnaires. Mais cette éventualité ne s'applique qu'à des « situations extrêmes, dont la probabilité d'occurrence est très faible ».