La ministre de l'Ecologie a lancé le 19 mai à Paris la stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020. « Nous sommes dans une stratégie de reconquête, pas dans le défensif », a déclaré une NKM pleine d'ambition pour ce « véritable projet de société ».
Deux question pourraient toutefois contrarier cette stratégie : l'association de la profession agricole et la question des moyens mis en œuvre par l'Etat pour impulser cette reconquête.
Les organisations agricoles n'ont pas signé
« La première stratégie n'a pas marché. Il y avait des objectifs chiffrés mais pas de mobilisation des acteurs. C'est pourquoi la deuxième stratégie met l'accent sur la mobilisation des acteurs », a expliqué la ministre.
Au 18 mai 2011, environ 150 entreprises, établissements publics, collectivités territoriales, syndicats ou associations avaient d'ores et déjà adhéré à la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB).
Avec toutefois une absence remarquée dans la liste des signataires : celle des organisations agricoles. Une question d'agenda, suggère la ministre, soulignant qu'il n'y a pas de rupture mais que la profession agricole a d'autres questions urgentes à régler, et, en premier lieu, celle de la sécheresse.
Pourtant, l'argument rassurant de la ministre est mis à mal par un communiqué du premier syndicat agricole. « Malgré son implication depuis près d'un an et une volonté sincère de dialogue et de construction, la FNSEA a estimé ne pas être en mesure de signer cette charte », a indiqué le syndicat, expliquant son refus par la trop grande incertitude sur la portée des mesures que le gouvernement mettra en oeuvre et sur leur financement.
Une série d'appels à projets
La ministre a annoncé une série d'appels à projets visant à restaurer les continuités écologiques, permettant le circulation et la dissémination des espèces, et à restaurer les milieux dégradés.
L'Etat doit aussi mettre en chantier une cartographie des habitats naturels avec un objectif de finalisation pour 2018. Une enveloppe de 50 millions d'euros est, en l'état actuel des choses, allouée à cette stratégie.
La stratégie prévoit aussi des mesures aussi diverses que l'expérimentation d'unités d'exploitation et de gestion concertée de la pêche, la prise en compte de la biodiversité dans la politique de soutien aux équipements et manifestations sportives, ou encore la préservation des sites naturels du ministère de la Défense.
« On s'attendait à mieux », a réagi Sébastien Moncorps, directeur de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « On n'a pas perçu de mesures fortes, susceptibles de réellement changer la donne », a-t-il indiqué.
« L'esprit est bon. Mais quand on regarde les mesures, ce sont principalement les politiques du ministère de l'Ecologie, les autres ministères sont absents », a regretté, de son côté, Christophe Aubel, directeur de la Ligue Roc.
Un département artificialisé tous les dix ans
Le constat d'une poursuite de la dégradation de la biodiversité est pourtant accablant et partagé.
« Consciente de ses responsabilités, la France doit faire preuve d'un volontarisme accru dans un contexte où la biodiversité continue de se dégrader, en dépit des engagements pris par l'Union européenne et par la communauté internationale », confirme le ministère de l'Ecologie.
« En métropole, l'équivalent d'un département français est artificialisé tous les 10 ans », s'alarme l'UICN, « les populations d'oiseaux communs des milieux agricoles ont régressé de 25% en 20 ans, et 10 à 25% des principaux groupes d'espèces évaluées dans la Liste rouge sont menacés. Outre-mer, 49 des 100 espèces considérées comme les plus envahissantes au monde y sont présentes et les récifs coralliens sont endommagés sur des surfaces de 10 à 80 % selon les collectivités ».
« Ne pas préserver la biodiversité engendrerait un coût équivalent à 7% du PIB mondial à l'horizon 2050 », a averti la ministre.