
La capacité d'effacement développée par la PME pourrait permettre de résorber en partie le phénomène de pointe de consommation électrique, dont la récurrence hivernale est de plus en plus problématique. Il pousse le réseau de transport électrique français dans ses retranchements et nécessite de recourir à des capacités de production thermiques supplémentaires très carbonées.
De ''l'anti-électricité'' vendue à RTE
Cet hiver, la société a vendu au gestionnaire du Réseau de transport d'électricité (RTE) une capacité d'effacement de 15 mégawatt-heures (MWh) au niveau national, dont 5 MWh en Bretagne, grâce à l'équipement en boîters de 15.000 foyers. Cette ''anti-électricité'' est systématiquement vendue sous le prix de marché afin d'être retenu par RTE. Se basant sur un rapport du régulateur américain Ferc, Pierre Bivas estime le potentiel français d'effacement diffus à 15% de la capacité totale du système électrique, soit la production d'environ 10 tranches EPR.
Mais le développement de la capacité d'effacement, sorte de production d'électricité en négatif, n'est pas sans problèmes. S'il a un avenir prometteur, c'est bien parce que la France installe toujours plus de chauffages électriques dans les logements et ne parvient pas à enrayer cette tendance. ''La hausse des prix de l'immobilier favorise le chauffage électrique qui a un faible coût d'installation'', indiquait le Service d'observation et des statistiques (SOeS) du ministère de l'environnement dans un rapport de septembre 2009. Dans cette optique, la solution proposée par la société apparaît comme un pis-aller.
Ensuite, le mode de rémunération de la PME. D'une part, elle vend sa capacité d'effacement au gestionnaire du Réseau de transport d'électricité (RTE), sans indemniser les producteurs d'électricité. Ceux-ci s'en sont plaint, et la Commission de régulation de l'énergie (CRE) leur a donné raison en juillet dernier. D'autre part, le boîtier de Voltalis ne fait pas la différence entre l'électricité des différents producteurs. Ainsi, les clients d'un producteur A peuvent se retrouver à payer pour une électricité que leur fournisseur n'aura pas produite, tandis qu'un producteur B ne sera pas payé pour l'électricité qu'il aura injectée. Cette question doit être tranchée d'ici juin 2010 par les acteurs du secteur, faute de quoi une solution sera imposée par les pouvoirs publics.
75% d'économies d'électricité
La société Voltalis ne se pose plus la question de son propre modèle économique. Elle prend à sa charge les 500 euros que coûte l'installation du boîtier et n'est pas inquiète quant aux 100 millions d'euros qu'il lui faudra trouver d'ici fin 2011 pour atteindre son objectif d'équipement de 200.000 foyers. Enfin, une partie de l'effacement permet bien de réaliser des économies d'énergie. ''Les observations montrent que nous réalisons trois quarts d'économies d'énergie. Seuls 25% sont consommés dans les 2 h qui suivent''. Les détracteurs de ce service insistaient sur le fait qu'une part importante de l'électricité effacée était consommée plus tard.
Cette solution rencontre donc un fort intérêt des pouvoirs publics. Le projet de loi portant nouvelle organisation du marché de l'électricité (dite loi Nome) reconnaît l'effacement diffus comme un moyen de résorber les pointes de consommation électrique. Co-président du groupe de travail sur la gestion de la pointe de consommation d'électricité, le député Serge Poignant espère que l'effacement permettra de répondre à la moitié des futurs besoins de la France en électricité.