
''Plus de 35% de nos ressources alimentaires proviennent aujourd'hui des insectes pollinisateurs comme les abeilles. Les protéger c'est aussi assurer notre survie'', rappelle Chantal Jouanno dans un communiqué. Cette démarche vise à ''introduire des réserves de pollen et de nectar de bonne qualité tout au long de l'année apicole''. Son but : ''améliorer le bol alimentaire des abeilles et de contribuer ainsi au maintien de leurs défenses immunitaires'', a précisé le Ministère du Développement durable. Cette expérimentation sera menée dans six grandes régions correspondant aux directions interdépartementales des routes : nord, nord-ouest, sud-ouest, massif central et atlantique.
La démarche sera évaluée pendant trois ans : intensité du butinage, analyse du miel, composition des pollens, ''autant d'indicateurs qui permettront d'apprécier l'efficacité de la démarche'', souligne le Ministère.
L'objectif est d'étendre d'ici 3 ans, ce dispositif à l'ensemble du réseau routier national non concédé (environ 12.000 km) et de mettre les connaissances acquises à disposition des autres gestionnaires de réseaux routiers (sociétés autoroutières, collectivités territoriales) souhaitant se lancer dans une telle démarche.
Cette expérimentation ''complète les actions déjà engagées sur les abords routiers, comme la réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires ou le développement de pratiques de fauchage écologiques respectueuses des cycles de reproduction de la faune et de la flore'', selon Dominique Bussereau.
Rappelons qu'en France, 300.000 colonies d'abeilles disparaissent en moyenne tous les ans depuis 1995, d'après l'Union nationale de l'apiculture française (UNAF). Depuis dix ans, les colonies d'abeilles enregistrent des pertes très importantes sur l'ensemble des continents. Les pathologies de l'abeille (le parasite Varroa) et les intoxications par des produits phytosanitaires figurent parmi les causes de cette surmortalité.
Après l'annonce faite par le Ministère, l'UNAF a demandé le 20 janvier ''une véritable réorientation de l'agriculture afin qu'à une vaste échelle, des cultures mellifères également pertinentes pour le monde agricole (sainfoin, trèfle, luzerne) soient semées''. L'UNAF a de nouveau dénoncé la ré-autorisation du pesticide Cruiser, accusé d'être à l'origine d'une surmortalité d'abeilles par les apiculteurs et les associations environnementales. ''Ré-autoriser le Cruiser® au cours de l'Année Internationale de la Biodiversité et dans le même temps engager une action de communication sur ''le fleurissement des accotements routiers'' s'avèrent contradictoires'', a estimé le syndicat apicole français.
''L'UNAF est disposée à travailler avec le Ministère de l'Ecologie pour œuvrer véritablement à la protection de la biodiversité, de l'abeille et de l'Apiculture'', a déclaré Henri Clément, président du syndicat en déplorant n'avoir pas été concerté dans cette action.