Telle est la principale conclusion du rapport de la mission interministérielle chargée d'évaluer les conséquences des changements climatiques sur l'aléa feux de forêts pour les décennies à venir. La mission interministérielle avait été mandatée en novembre 2008 et réunissait des membres des services des ministères de l'Environnement, de l'Intérieur et de l'Agriculture.
Le massif méditerranéen menacé à l'horizon 2030
L'extension des zones à risque concernerait principalement le massif aquitain et la Sologne. En effet, le quart Sud-ouest de la France souffrirait en 2040 d'un retour des conditions locales de l'été caniculaire de 2003, entre 1 année sur 2 et 3 années sur 4. Or ces conditions sont proches de celles connues actuellement sur le pourtour méditerranéen et se caractérisent par un risque élevé d'incendies de forêts. La principale incertitude concernant cette zone est la capacité de rétention d'eau des sols qui est déterminante pour l'évolution du massif forestier.
S'agissant de la Sologne, le stress hydrique pourrait accentuer la vulnérabilité du sous étage qui, contrairement aux arbres, n'a pas accès aux ressources en eau profondes. Ainsi, le rapport précise qu'à plus long terme des broussailles pourraient se substituer aux futaies actuelles.
S'agissant de la forêt méditerranéenne, qui est actuellement la plus touchée par les feux de forêts, le rapport estime que ''le scénario d'altération durable de la végétation forestière résultant d'incendies répétés (plus de 4 en 50 ans) paraît tout à fait possible dès 2030''. La sauvegarde du massif forestier reste néanmoins possible, mais sera ''encore plus dépendante qu'actuellement de la prévention et de la lutte'' contre les incendies. De même, les risques d'incendie s'étendront en altitude dans les forêts préalpines du fait du dépérissement observé des espèces telles que le pin sylvestre. De plus, la restauration des massifs forestiers touchés par des feux serait rendue difficile par l'érosion des sols montagneux qui suivrait les incendies.
La prévention et la lutte coûteraient 600 millions d'euro par an en 2040
Afin de réduire les risques la mission préconise une série de mesures concernant notamment l'information du public, la lutte contre les incendies, la gestion forestière et l'aménagement du territoire. Ainsi, les plans communaux de sauvegarde (PCS), établie par rapport aux risques naturels, devraient aborder le risque de feu de forêt. De même la mission considère qu'il faudrait étudier et mettre en œuvre ''une procédure de vigilance incendie de forêt en cohérence avec les autres vigilances en France et avec celles de nos voisins européens.'' Ces niveaux de vigilance devraient être associés à ''des actions d'information, d'incitation, d'interdiction, de surveillance et le cas échéant de répression dans les départements ou les massifs forestiers concernés.''
En matière de gestion forestière, le rapport estime que le maintien et l'intensification de la récolte de bois est ''directement et indirectement (par la prévention des dépérissements), le volet prioritaire de la prévention des incendies.''
Enfin, s'agissant de la lutte contre les incendies, la mission estime que l'Etat doit s'assurer du maintien et de l'augmentation de la flotte d'avions bombardier d'eau et qu'il devrait supporter l'intégralité de cette charge financière. De même le rapport préconise de mutualiser les moyens aériens à l'échelle européenne, compte tenu du coût élevé d'acquisition, de maintenance et d'exploitation des flottes.
Actuellement estimé à plus de 500 millions d'euros par an, le coût de la prévention et de la lutte contre les feux de forêts devrait augmenter ''d'au moins 20% d'ici 2040'' afin de préserver le niveau actuel de protection. Il s'agira notamment de tenir compte de l'extension des zones sensibles dans le Sud-ouest et l'Ouest de la France.
Sur la période allant de 1988 à 2008, la mission interministérielle a évalué à 50% la hausse des budgets consacrés à la prévention et la lutte contre les feux de forêts. S'agissant des sources de financement de cette lutte, le rapport note que la part financée par l'Etat est passée de 62% à 35% du total et celle des collectivités de 30% à près de 60%. Environ deux tiers du total sont consacrés à la lutte contre les incendies, le solde allant à la prévention.