
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a publié le 18 juillet un avis sur la généralisation du compteur Linky. Verdict sans surprise : la commission se dit favorable à son déploiement, après avoir analysé l'expérimentation menée par ERDF pendant plus d'un an auprès de plus de 250.000 clients et l'analyse coûts/avantages réalisée par CapGemini. La décision de cette généralisation revient désormais au gouvernement. En mai dernier, Eric Besson avait déjà installé un comité Linky afin de préparer les conditions d'une généralisation. ''La mise en place de ce nouveau compteur communicant est une étape essentielle dans la construction de réseaux électriques intelligents. La France a l'opportunité de faire de cette obligation européenne une chance pour la croissance et l'emploi, dans le respect absolu des libertés individuelles'', avait alors déclaré le ministre de l'énergie. De son côté, ERDF s'était déclaré prêt à assurer le déploiement.
Des informations gratuites pour le consommateur, avec services payants
Cependant, la CRE recommande, afin de permettre l'accès aux données de consommation, qu'ERDF mette gratuitement à disposition des consommateurs (ou des tiers autorisés par les consommateurs) sous forme d'un site Internet accessible avec un code personnel, leurs données de consommation (index de consommation quotidien, mensuel, puissance maximale soutirée quotidiennement) et leur courbe de charge au pas de 30 minutes, ''suffisante pour analyser la consommation et mettre en place des offres innovantes''. Les coûts engendrés seront couverts par le TURPE (tarif d'utilisation du réseau public d'électricité), indique la CRE qui précise que la courbe de charge au pas de mesure de 10 minutes pourra faire l'objet du paiement d'une prestation annexe. En juin dernier, EDF avait affiché son intention de mettre en place une expérimentation, sur une base facultative, de services supplémentaires payants. Parmi ces services, la mise en place d'un espace personnel via Internet, où le consommateur pourrait visualiser sa consommation.
La CRE recommande également que ''les fournisseurs transmettent gratuitement aux consommateurs chaque mois, leur consommation en kilowattheures et en euros avec un historique de consommation glissant de 24 mois et, au moins une fois par an, un bilan de leur consommation énergétique accompagné d'éléments de comparaison avec l'année précédente et avec la consommation d'un profil type correspondant à leur situation''.
La stabilité du réseau plutôt que la maîtrise de l'énergie
Une délibération de la CRE du 11 février 2010 indiquait que la grille d'évaluation de l'expérimentation devrait comporter un volet spécifique permettant d'évaluer la contribution apportée par Linky à la maîtrise de la demande d'énergie. ''L'étude technico-économique menée par Capgemini pour la CRE a conclu qu'un afficheur déporté qui ne serait que la répétition de l'afficheur du compteur ne permettrait pas au consommateur de maîtriser sa consommation. Pour atteindre cet objectif, le consommateur doit disposer en temps réel de sa consommation en kilowattheures et en euros, voire en contenu de CO2, de la puissance soutirée, de la période tarifaire, ainsi que de fonctions de mémorisation et de comparaison''. La CRE recommande donc de lancer une expérimentation afin d'évaluer les gains de maîtrise de l'énergie apportés par un affichage en temps réel des données de consommation et précise qu' ''une telle expérimentation est prévue dans le cadre de l'Appel à manifestation d'intérêt (AMI) que l'ADEME a lancé sur les réseaux et systèmes électriques intelligents, au sein duquel est prévu un volet relatif aux démonstrateurs installés en aval des compteurs''.
Finalement, pour l'instant, ''le développement de compteurs communicants d'électricité est nécessaire pour continuer à garantir la stabilité des réseaux électriques'', face notamment à l'essor des énergies renouvelables. Le compteur Linky peut permettreun suivi beaucoup plus fin des évolutions de la demande en temps réel et ''constitue un élément essentiel du développement de réseaux d'électricité intelligents''.
Selon la CRE, le consommateur sera un des principaux bénéficiaires de cet apport qui ''permettra d'améliorer la qualité du service, notamment en basse tension, en généralisant la relève des compteurs à distance, en resserrant le lien entre l'électricité facturée et l'électricité consommée, en encourageant la multiplication des offres tarifaires des fournisseurs pour répondre aux besoins spécifiques de chacun et, en particulier, pour favoriser la maîtrise de la demande en période de pointe''.
Un atout industriel pour la France
Enfin, la CRE estime qu' ''une décision rapide de généraliser le compteur Linky serait très favorable à l'industrie française (…) L'expérimentation menée par ERDF est sans équivalent à l'étranger par son ampleur et la richesse des enseignements recueillis. Une décision rapide de généraliser Linky en France favoriserait aussi l'adoption des standards et normes françaises au niveau international''. Pourtant, plusieurs pays européens ont déjà déployé massivement ce type de compteur, à l'instar de l'Italie ou de la suède.
La généralisation de Linky doit débuter avec la technologie CPL G1, jugée mature et robuste, mais ''en raison des enjeux industriels, la CRE insiste néanmoins sur l'importance d'annoncer, dès le lancement du déploiement, que le CPL G3, aujourd'hui en phase de développement, constitue la technologie-cible à terme''. Cependant, des incertitudes persistent sur la date de disponibilité de cette technologie qui devrait apporter ''des améliorations significatives pour les gestionnaires de réseau d'électricité sans toutefois comporter de fonctionnalité supplémentaire pour les consommateurs''. Cette version améliorée doit permettre, en zone isolée, une meilleure communication des informations entre les compteurs dans les logements et leur poste de distribution HTA/BT.