La consigne pour recyclage servira au développement du réemploi des emballages. Telle est la position défendue actuellement par le Gouvernement. Cette idée, portée par les associations environnementales en pointe sur le sujet, vise essentiellement à adosser au réseau de collecte qui devrait être déployé pour le recyclage des bouteilles en plastique et des canettes, un réseau dédié au réemploi des bouteilles en verres. Pour que ce scénario se concrétise, il faudra que les parlementaires l'inscrivent dans la future loi relative à l'économie circulaire et que le Gouvernement veille à sa mise en œuvre. Zero Waste France, le WWF et trois autres ONG (1) viennent de publier, pour la première fois, une position claire (2) sur la consigne assortie de propositions d'amendements au projet de loi.
Consigne mixte
L'idée de tirer profit de la consigne pour recyclage pour permettre le retour du réemploi des emballages est née des propositions des ONG. Elle circule depuis un mois dans les couloirs du ministère et, le 25 octobre, Brune Poirson l'a reprise publiquement devant les professionnels du verre. Ces derniers visent une collecte et un recyclage de 100 % des bouteilles en verre à l'horizon 2029, contre 78 % aujourd'hui. « Très bien, mais insuffisant », leur a déclaré en substance la secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire. Elle leur demande de soutenir plus fortement les démarches volontaires de réemploi pour initier une « transition de l'usage unique par habitude, au réutilisable par principe ».
Du côté des ONG la satisfaction est de mise : « Zero Waste France salue cette orientation qui envisage la consigne comme un levier au service de la réduction des emballages jetables », explique l'association qui juge « indispensable d'inscrire cette approche dans la loi anti-gaspillage ». Le WWF France « salue [lui aussi] cette proposition ».
Comment mettre l'investissement en faveur du recyclage du plastique au service du réemploi du verre ? En déployant « un dispositif de consigne mixte, c'est-à-dire pour recyclage et pour réemploi, afin que le premier (le recyclage) finance l'autre (le réemploi) », indique Brune Poirson. L'entourage de la secrétaire d'État explique qu'assurer la renaissance de la consigne pour réemploi coûtera cher. Pour contourner cette difficulté, le Gouvernement envisage donc d'utiliser la consigne pour recyclage, dont le budget annuel serait de l'ordre de 570 millions d'euros par an (selon l'étude des professionnels du secteur). Le dispositif proposé et défendu par le secteur des boissons serait en quelque sorte une « vache à lait » au service du réemploi, résume le ministère.
Équiper certaines machines d'un compartiment verre
À ce stade, la secrétaire d'État ne donne pas plus de détails. Pour autant, une idée semble faire son chemin : déployer des machines capable de collecter des bouteilles aussi bien pour le recyclage que pour le réemploi. La machine « idéale » récupère des bouteilles en plastique et des canettes, puis les broie pour que la matière soit recyclée. Elle récupère aussi des bouteilles en verre qu'elle dirige vers un compartiment dédié sans les briser. C'est là que l'argument financier prend tout son sens.
Aujourd'hui, les professionnels du secteur des boissons sont prêts à déployer, sur le territoire, des machines dédiées au recyclage. Avec un coût d'environ 25 000 à 30 000 euros par unité, l'investissement total devrait être de l'ordre de 800 millions d'euros. Ajouter un compartiment pour le verre à ces machines ne les renchérirait que de 10 %. En clair, l'essentiel du coût des machines de collecte pour le réemploi serait financé par l'investissement réalisé pour le recyclage.
Enfin, au-delà de l'aspect financier, ces points de collecte mixtes offriraient une opportunité simple aux consommateurs pour basculer vers le réemploi, à partir du geste imposé par la consigne pour recyclage.