
Un « Grenelle des antennes » devrait néanmoins être organisé prochainement. Le premier ministre a en effet confié à la ministre de la santé l'organisation d'une table ronde rassemblant toutes les parties prenantes sur les dangers potentiels des téléphones mobiles et des antennes relais. Initialement fixée au 26 mars, elle pourrait être reportée au 23 avril.
C'est dans ce contexte que les sénateurs Verts Marie-Christine Blandin et Jean Desessard organisent, le 23 mars prochain, un colloque sur le thème ''Technologies sans fil : un nouvel enjeu sanitaire'', en partenariat avec l'association Robin des toits.
L'impact sanitaire des champs électromagnétiques fait polémique
Si l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle qu'aucune preuve scientifique ne permet de démontrer la relation directe entre l'exposition aux champs électromagnétiques et des effets sanitaires, aujourd'hui, de nombreuses associations plaident pour l'application du principe de précaution. Pour Michèle Rivasi, présidente du Criirem (centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques), qui se positionne pour le moins très clairement, on est dans la même configuration que pour Tchernobyl : le nuage s'arrête à nos frontières. Nous sommes face à des opérateurs très forts qui nous désinforment en permanence. Ils attendent combien de morts avant de réagir ?
Il n'empêche que les associations prennent de plus en plus au sérieux les cas d'électro hypersensibilité. De plus en plus de citoyens se plaignent en effet de divers symptômes (manifestations cutanées, difficultés de concentration, nausée, maux de tête) qu'ils attribuent à l'exposition aux champs électromagnétiques. Si en France, l'électro hypersensibilité n'est pas reconnue, d'autres pays comme la Suède la prennent en compte.
En France, l'ARTAC (association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse), présidée par le professeur Belpomme, se penche sérieusement sur la question et essaie d'établir une symptomatologie.
Vers un durcissement de la réglementation ?
Jean Desessard et Marie-Christine Blandin, sénateurs, ont donc souhaité organiser, le 23 mars prochain un colloque1 autour de ces questions. Nous avons invité l'ensemble des acteurs à participer au colloque : associations, opérateurs, institutionnels. Les opérateurs de la téléphonie mobile hésitent à venir. Parmi les institutionnels, l'Afsset (agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) exerce son droit de réserve. C'est dommage, nous voulions ouvrir le débat et faire en sorte que les différents acteurs échangent entre eux, commente Jean Desessard.
Ce colloque devrait aboutir sur une proposition de loi initiée par cinq sénateurs Verts : nous sommes pour un développement limité, raisonné de ces nouvelles technologies sans fil. Nous voulons que le principe de précaution soit appliqué à cette problématique, explique le sénateur. Nous demandons entre autre que la construction des antennes soit soumise à condition et une reconnaissance de l'électro hypersensibilité.
Les sénateurs souhaitent également un durcissement de la réglementation et des normes : nous demandons que des seuils précis soient mis en place. Alors que le Luxembourg impose pour les antennes relais une puissance maximale d'émission de 3 volts par mètre, la Suisse 4 V/m, l'Italie 6 V/m, le sénateur Desessard évoque une norme autour de 0,6 V/m.
Pour Etienne Cendrier, de l'association Robin des toits, il serait en effet plus judicieux d'installer des micro antennes relais et donc d'en multiplier le nombre sur le territoire, plutôt que d'installer des antennes puissantes.