Poursuivant son enquête, dont le premier volet a commencé à Paris, Actu-environnement a réalisé un tour d'horizon des débats en cours dans les autres villes de France. Inondations dans le Finistère, prospection de gaz de schiste dans plusieurs régions, projets d'infrastructures tels que l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, pics de pollution urbaine au diesel... Qu'il s'agisse du changement climatique ou des questions énergétiques, l'environnement est désormais un "bruit de fond" de la société qui ne laisse nul candidat indifférent.
Si les politiques environnementales ont un coût, elles ont aussi un impact positif sur les finances publiques et sur l'emploi, qu'il s'agisse du secteur de la rénovation thermique, de la lutte contre les gaspillages alimentaire et énergétique, ou de la maîtrise de la distribution de l'eau. Les municipales seront un rendez-vous majeur dans la validation de la transition écologique des territoires.
Les villes, fer de lance de l'exemplarité environnementale
Malgré la crise, les villes sont de plus en plus le fer de lance de l'exemplarité environnementale. Elles disposent pour cela de leviers tels que les PLU pour contrôler l'étalement urbain et libérer du foncier pour les filières courtes agricoles. Au final, ce sont les maires qui ont le pouvoir sur l'utilisation des sols. A l'échelle des Scot (schémas de cohérence territoriale), ce sont aussi les maires qui peuvent, par exemple, encourager l'implantation de trames vertes.
A Rennes, la candidate socialiste aux municipales, Nathalie Appéré, les inscrit dans son programme : "La nature est très présente dans notre ville, mais n'est pas encore valorisée comme elle devrait l'être. Ainsi, nous disposons d'espaces qu'il nous faut à la fois aménager pour créer des lieux d'intérêts écologiques mais aussi travailler à les relier les uns aux autres pour former des trames vertes ou bleues permettant des mobilités agréables, des animations ludiques, la préservation de la biodiversité et tout autre usage que les habitants imagineront avec nous".
Lyon "réenchanté"
A Lyon, le socialiste Gérard Collomb valorise son bilan d'une ville "réenchantée" par l'aménagement de 15 kilomètres de promenades sur les rives de Saône, et remarquée pour le nouveau quartier Confluence, ancienne friche industrielle devenue en quelques années "un modèle européen de ville durable". Face à lui, le candidat UMP Michel Havard vise l'objectif de faire de Lyon "la capitale verte de l'Europe en 2020" : "Je veux faire gagner la ville dans une grande compétition européenne, ce que Gérard Collomb n'a pas jamais su faire en treize ans", explique Michel Havard. Pour y parvenir, l'ancien député spécialisé sur les questions environnementales propose un vaste programme de couverture des bâtiments municipaux en panneaux solaires et de plantation d'arbres, à la manière de New York ou de Montréal, qui a engagé un plan Canopée.
Nantes déjà capitale verte
A Nantes, élue capitale verte de l'Europe en 2012, où le maire sortant, le socialiste Patrick Rimbert, ne se représente pas, Pascale Chiron, tête de liste des Verts, estime "que la capitale verte de l'Europe en 2013 élise une écologiste en 2014 ne serait pas incohérent". Le dossier Notre-Dame-des-Landes départage les trois candidates – toutes trois trentenaires. Face à Pascale Chiron, Johanna Rolland, la candidate PS, tout comme Laurence Garnier, de l'UMP, défendent le projet d'aéroport. Au-delà de ce dossier, Pascale Chiron a d'autres projets pour la ville, comme celui de faire du citoyen, en amont des projets, "un maître d'usage" associé à leur élaboration. Elle imagine la cité du XXIe siècle "frugale et résiliente", tandis que sa concurrente socialiste propose de "réaliser de grands projets d'infrastructures pour tous".
"Haute qualité de vie" à Bordeaux
A Bordeaux, Alain Juppé (UMP) poursuit son projet de "Haute qualité de vie" : prolongation d'une ligne de tramway, transports doux et co-voiturage, extension des espaces verts et nouveaux jardins partagés, circuits pédibus… mais, en parallèle,… mise à deux fois trois voies de la rocade. Face à Alain Juppé, élu maire de Bordeaux pour la première fois en 1995, EELV s'est alliée dès le premier tour au candidat socialiste Vincent Feltesse sur la base du principe d'une nouvelle gouvernance de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), où la gauche devrait être majoritaire, fondée sur un programme politique et non plus sur la cogestion entre la droite et la gauche comme c'est le cas actuellement. Leur programme prévoit aussi la renégociation du contrat de partenariat public-privé liant la ville à Vinci sur le Grand Stade, l'engagement de chercher à obtenir l'autonomie énergétique pour Bordeaux d'ici à 2025, et la généralisation des axes de circulation où l'on ne pourra dépasser 30 kilomètres par heure.
Récifs artificiels à Marseille
A Marseille, où EELV a passé un contrat de mandature avec le candidat socialiste Patrick Mennucci, "reverdir" la cité demeure une gageure : plans locaux de déplacements associant les populations, notamment des quartiers sud, pour repenser l'accès aux calanques, création d'un pôle d'énergies renouvelables, clauses sociales et environnementales dans les appels d'offres, soutien aux circuits courts et aux produits bio dans les cantines, pastoralisme dans les collines de Marseille, itinéraire cyclable de l'Estaque aux calanques qui devra être bouclé à mi-mandat, redevance déchets et amélioration de la collecte sélective... Quant à Jean-Claude Gaudin (UMP), maire de Marseille depuis 1995 briguant un nouveau mandat, il valorise à son actif écologique... "le premier site de récifs artificiels dans les calanques".
