
Responsable énergie, METRO
Actu-Environnement : METRO a signé, en mars dernier, un PPA avec Agregio, filiale du groupe EDF, pour racheter l'électricité produite par un parc éolien. Comment cette décision s'inscrit-elle dans la stratégie énergétique du groupe ?
Coralie Lang Damerose : Cette décision s'inscrit à la fois dans notre stratégie développement durable et dans notre politique d'achat de l'énergie. METRO s'est engagé à réduire de 60 % son empreinte carbone en France d'ici 2030. Un des leviers pour y parvenir est de réduire notre consommation d'énergie et de la verdir. Depuis 2014, la stratégie énergétique du groupe est centralisée, afin de gérer les achats d'énergie, mais aussi de réaliser des actions d'efficacité énergétique. En cinq ans, la consommation d'énergie a été réduite de 20 %. L'objectif est d'atteindre une baisse de 40 % en 2030.
En parallèle, nous menons une stratégie de diversification sur les achats d'énergie afin de réduire les risques et de sécuriser les volumes. Nous consommons 15 GWh d'électricité par an. Aujourd'hui, notre approvisionnement en électricité provient de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), qui reste très compétitif à 42 €/MWh, et du marché dérégulé de l'énergie. Mais au vu des évolutions attendues et de la volatilité du prix du marché, nous avons souhaité diversifier cet approvisionnement. Nous développons sur nos sites du photovoltaïque en autoconsommation. Mais ces installations sont dimensionnées en fonction de notre capacité à absorber la production (nos magasins sont fermés le dimanche) et ne couvrent donc que 15 % des besoins de nos sites. Le PPA permet de poursuivre la diversification et devrait permettre de couvrir près de 20 % de nos besoins à partir de 2021.
AE : Pourquoi avoir choisi l'achat direct d'électricité ?
C. L. D. : On aurait pu effectivement acheter des garanties d'origine. Mais nous avons préféré privilégier un contrat qui a du sens, en achetant l'électricité et les garanties d'origine auprès d'un parc identifié. Avec le PPA, on sait d'où vient l'énergie que l'on achète. Ce parc éolien se situe à 100 kilomètres des sites qui vont consommer l'électricité. Cela fait sens avec notre politique d'achats locaux dans notre activité de grossiste alimentaire.
AE : Économiquement parlant, est-ce pertinent ?
C. L. D. : Il est difficile de parler de rentabilité, les prix de marché évoluent tellement. Le niveau de prix est cohérent avec notre politique d'achat. Il ne faut pas que cela nous coûte beaucoup plus cher, mais cela permet de protéger ce volume de la volatilité des prix de marché. Nous avons opté pour une durée plutôt courte (trois ans), afin de limiter la prise de risque et de prendre une décision relativement rapide en interne.
AE : Le parc éolien partenaire sera en sortie d'obligation d'achat en 2021. Pourquoi ce choix et non pas un parc neuf ?
AE : Le coût de l'électricité en France n'est-il pas un frein au développement des PPA ?
C. L. D. : Les PPA sont peut-être moins pertinents que dans d'autres pays d'un point de vue économique, mais on voit aujourd'hui des parcs éoliens et photovoltaïques sortir au prix du marché en France. Et quand on regarde l'évolution des cours de l'électricité et la volatilité des prix, on se dit que les PPA seront un outil incontournable dans notre stratégie d'achat.