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Actu-Environnement

“Le principe de précaution doit être compatible avec un principe d'innovation”

En amont du premier tour de l'élection présidentielle, le député UDI Bertrand Pancher précise pour Actu-Environnement les propositions de François Fillon, candidat Les Républicains, en matière de mix énergétique, d'agriculture ou encore de santé environnementale.

Interview  |  Gouvernance  |    |  A. Sinaï
   
“Le principe de précaution doit être compatible avec un principe d'innovation”
François Fillon
Candidat à la Présidentielle 2017 pour Les Républicains
   

Actu-environnement : Comment vous inscrivez-vous par rapport à la transition énergétique lancée par le précédent quinquennat ?

Bertrand Pancher : Il ne s'agit pas de remettre en cause le cadre de l'Accord de Paris, mais ce n'est pas tout d'avoir des objectifs, il faut d'abord les réaliser. L'engagement doit être très fort sur le plan national et sur le plan européen. Les grands objectifs de l'Accord de Paris, on les a en tête dans le cadre d'une traçabilité sur le plan national et dans le cadre d'un activisme sur le plan européen. Au plan national, on ne remet pas en cause la baisse des gaz à effet de serre, la montée des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. La seule chose que nous contestons, ce sont les objectifs à la fois trop précis et pas crédibles sur le nucléaire. Nous sommes favorables à la généralisation d'énergies décarbonées dans le cadre d'un prix de l'énergie qui doit être le plus faible possible. C'est la raison pour laquelle nous remettons en cause (1) certaines dispositions de la loi de transition énergétique.

Par quels moyens réaliser la transition énergétique ? Outre le fait de mettre d'accord l'ensemble des acteurs, nous revendiquons le verdissement de la fiscalité. Une simplification et une décentralisation des procédures s'impose de sorte qu'on puisse atteindre la rénovation de 500.000 logements par an et dégager des moyens pour renouveler les infrastructures de transports.

Le mix énergétique que nous défendons est composé d'énergies traditionnelles décarbonées – c'est-à-dire de nucléaire -, et d'une forte montée des énergies renouvelables dans le cadre d'un modèle industriel qui tienne, en évitant cependant de fragiliser EDF. Il faut aussi tenter de donner plus de place à la chaleur renouvelable. Et soutenir le stockage et la digitalisation de l'énergie dans le cadre des smart grids.

Le grand carénage revient à environ 100 milliards d'euros, soit 60€ du mégawattheure, alors qu'on est actuellement à 50€ le MWh. Les EPR reviennent à 100€ le MWh, mais avec un modèle industriel qui va permettre de tourner autour de 60 à 70€ du MWh. Soit des coûts de l'électricité qui resteront inférieurs aux coûts de nos concurrents. Au plan national, le modèle énergétique va profondément évoluer vers les énergies renouvelables avec une diminution régulière de la part du nucléaire grâce au stockage des énergies renouvelables, assortie d'une hausse du prix de l'électricité qui est certaine. Dans le cadre européen, on a besoin d'un prix de l'électricité qui soutienne des modèles industriels.

AE : La santé est une préoccupation majeure des Français. Que prévoyez-vous en matière de santé environnementale ?

BP : D'abord je tiens à souligner que nous avons procédé à une grosse correction dans le programme initial de François Fillon. Il a pris conscience, et les parlementaires UDI l'y ont encouragé, du fait que cela n'avait pas de sens de supprimer le principe de précaution qui est inscrit dans le droit international et dans les réglementations européennes. Mais il faut rendre ce principe compatible avec un principe d'innovation en faveur d'une politique de recherche. On a besoin de donner davantage de moyens à la recherche et aux agences d'expertise. Les controverses ces dernières années sont liées à des conflits d'expertise. Nous prônons une grande agence d'expertise au niveau européen dans l'idée de renforcer les moyens en regard de sujets souvent très complexes, notamment en matière d'OGM. Il faut appuyer la vulgarisation de la culture scientifique que les régions peinent à mettre en place. Entre expertise et contre-expertise, la prise de décision doit être liée à la transparence et l'ouverture au public encouragée. Il faut aussi que les lanceurs d'alerte puissent être protégés par un statut spécifique. Quant à la responsabilité environnementale, nos entreprises sont parmi les plus vertueuses du monde !

AE : Comment envisagez-vous l'évolution du modèle agricole français ?

BP : L'agriculture biologique se développe d'elle-même, il y a une vraie prise de conscience du monde agricole en faveur de pratiques environnementales de plus en plus saines. Il y a aussi une volonté de réduire l'empreinte environnementale des cultures conventionnelles. De là à généraliser le bio et les circuits courts, il y a loin de la coupe aux lèvres. Il faut encourager toutes les pratiques vertueuses. Le bio peut se diffuser par le biais des cantines scolaires et des collectivités. Nous devons être moteurs dans ce modèle et instaurer une politique agricole commune plus verte de façon à inciter les bonnes pratiques de production agricole, instaurer des rémunérations stables dans le temps et le verdissement de la fiscalité en matière agricole. C'est un débat à ouvrir avec la profession agricole elle-même. Il faut rétablir le dialogue qui est cassé entre organisations environnementales et monde agricole.

AE : L'arrivée du phénomène de ZAD complique l'aménagement du territoire. Comment concilier développement économique local avec le respect des milieux ?

BP : Les ZAD traduisent le constat qu'on ne peut pas passer en force, même s'il revient à l'Etat de faire respecter l'ordre. Le phénomène des ZAD nous invite à être plus exigeants sur la qualité de la concertation en amont. Les ZAD sont l'expression d'un échec des méthodes de prise de décision et l'expression d'une radicalisation dans notre société qui pose un problème d'ordre public. En tout état de cause, Notre-Dame-des-Landes va être un dossier compliqué à traiter.

Il est possible de concilier développement économique local avec le respect des milieux par la compensation, par la tarification de la perte de biodiversité, question qui n'est traitée par personne pour le moment. Les collectivités ont un rôle à jouer dans le sens de la proximité, elles ont un rôle de mise en œuvre de la politique nationale. A plusieurs conditions : qu'on indique vraiment quels sont les acteurs, qu'on donne des moyens et qu'on sanctionne si les mesures ne sont pas mises en œuvre. Les grandes régions, réelles collectivités compétentes, vont travailler avec les structures intercommunales.

AE : De quelle manière entendez-vous mettre en oeuvre une politique environnementale au sein de votre gouvernement ? Quel budget prévoyez-vous pour vos mesures et comment les financez-vous ?

BP : La progression de la fiscalité verte et le verdissement de la fiscalité sont les deux leviers majeurs qui permettent au bas mot de dégager 10 milliards d'euros d'ici 2030. La fiscalité énergétique rapporte déjà 38 milliards (Mds) d'euros mais seulement 8 ou 9 Mds repartent dans l'épure environnementale. Il s'agit d'augmenter le budget de l'environnement en fléchant une plus grande partie de ces recettes. Il s'agit aussi de simplifier les procédures, d'identifier les responsabilités des acteurs. Sur le plan européen, cela passera par un conseil européen informel pour refixer les objectifs environnementaux européens par le couple franco-allemand. Sur le renforcement du droit de l'environnement, je préfère imaginer une décentralisation des processus législatifs, des normes et des règles. Au final, il faut mieux responsabiliser tout le monde, soutenir les pays pauvres, renforcer le fonds vert pour le climat, renforcer l'aide au développement, il y a trop de prêts mais pas assez de dons.

Sur le périmètre du ministère de l'Environnement, François Fillon ne s'est pas exprimé sur le sujet, mais il y a deux possibilités : ou bien un très grand ministère qui coiffe transport, logement, énergie avec le risque d'en faire un Premier ministre bis, ou bien créer un ministère du long terme. Je pense qu'il revient au Premier ministre de piloter ces stratégies transversales.

1. Télécharger le programme Environnement de François Fillon
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-28621-fillon-environnement-energie-transport.pdf

Réactions8 réactions à cet article

La volonté de supprimer le principe de précaution, ou de le "modifier", démontre le peu de préoccupation de ce candidat pour notre environnement et notre santé. Le principe de précaution est une réelle avancée du début du 21ème siècle. Il nous protège contre les abus des multinationales se préoccupant avant tout du profit avec des visions à court terme. C'est grâce à ce principe que nous avons fortement limité les cultures d'OGM (sans pour autant arrêter la recherche, d'ailleurs, ce qui prouve qu'il n'est pas incompatible avec l'innovation), ou la fracturation hydraulique qui est une catastrophe pour les eaux souterraines, notre bien commun, comme l'air, la terre et la biodiversité. ce candidat est dangereux

Tié Net | 13 avril 2017 à 08h59 Signaler un contenu inapproprié

Il est utopique de penser que les EnR ont un bilan carbone vertueux, car la gestion de l’intermittence impose des centrales thermiques en soutien permanent. Comment se fait-il que les politiques ne le sachent pas ? Idéologie ? Incompétence ? NaÏveté face aux arguments fallacieux des promoteurs ?

jipebe29 | 13 avril 2017 à 10h44 Signaler un contenu inapproprié

Je sais bien que l'Ademe a sorti un rapport qui prévoit 100% d'EnR en 2050, mais ce rapport est plus un acte de foi idéologique qu'un rapport technique de qualité. Si les politiques croient à cette fable du stockage des fortes énergies, qui n'est pas résolu depuis plus de 50 ans, ni au niveau technique, ni au niveau économique, nous avons du souci à nous faire sur notre politique énergétique future.

jipebe29 | 13 avril 2017 à 11h17 Signaler un contenu inapproprié

@Tié Net
L'inscription du principe de précaution dans la Constitution par Chirac est une absurdité énarquienne (une de plus ...), car cela bloque la plupart des innovations et fige l'évolution de la société. Quand cette inscription sera annulée, pour chaque cas, en se creusant un peu les méninges, on évalue les avantages et les inconvénients, le rapport coûts/bénéfices, et on décide de poursuivre ou non. Par exemple, on pourrait fort bien expérimenter la fracturation hydraulique sur un site pilote et voir ce que cela donne, plutôt que de décréter que c'est mal et dangereux (je vous signale qu'elle est utilisée en géothermie profonde, sans aucun problème, et nul ne s'en offusque).

jipebe29 | 13 avril 2017 à 14h51 Signaler un contenu inapproprié

@jipebe29, Je suis obligé de vous répondre car je trouve que vous affirmez beaucoup de choses fausses, et que les incompétents ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Tout d'abord les ENR sont des énergies "variables" et pas "intermittentes". Et cette variabilité n'est pas un problème puisque même RTE l'affirme on peut avoir sans problème 40% d'ENR, sans besoin de stockage, ni d'effacement. Les Allemands estiment même que le stockage ne sera utilisé que pour passer de 80% à 100% d'ENR. Pour rappel notre consommation est intermittente et 80% de notre production est permanente (nucléaire). En théorie cela ne devrait pas fonctionner et pourtant ça fonctionne. ça s'appelle le foisenement, et le foisonement de la production permettra de la même façon de faire fonctionner le réseau. Je vous invite à lire "Le Journal des Energies Renouvelables" d'Avril-Mai pour vous rendre compte de la réalité. Pour rappel le stockage envisagé n'est pas bêtement une batterie, mais celui déjà utilisé remonte de l'eau en barrage et celui le plus prometteur est le "Power to Gas".

AmonRa | 18 avril 2017 à 10h28 Signaler un contenu inapproprié

La parole d'un sage dirait que nos vieux gaulois se perdent dans les détails de la parapsychologie slcérosante et de ses conséquences.
Depuis 2 siècles nos énergies sont puisées dans des modèles primaires de la chimie organique et plus récemment de la photosynthèse, en attendant que nos cerveaux nous procurent des pistes plus élaborées dans un futur proche qui n'exclue aucun moyen.

CLAUDIUS97 | 21 avril 2017 à 14h19 Signaler un contenu inapproprié

Les fameuse énergies renouvelables ne serviront qu' alimenter le gaspillage énergétique . On pense à Zénon d'Elée et la poursuite absurde d'un objectif toujours plus éloigné .Les éoliennes sont une image , nuisible car destructrice des paysages .pour un apport d'électricité dérisoire .
La solution renvoie à l'économie des usages , au demeurant difficile à imaginer sauf pour un utopiste .

sirius | 21 avril 2017 à 19h26 Signaler un contenu inapproprié

Très cher sirius, beaucoup d'avis très tranchés et de belles formules mais pas beaucoup d'arguments ! Les ENR, sont très souvent décentralisées mieux réparties sur le territoire, donc au plus proches du consommateur visant à diminer les pertes dans les réseaux de transports ou distribution, je vois ne pas où elles alimentent le gaspillage énergétique ! Alors que le coût des ENR ne cesse de diminuer, le solaire et l'éolien sont aujourd'hui au prix du nucléaire (déjà installé) qui lui ne cesse d'augmenter. Ne parlons pas de l'EPR qui lui est déjà 20% plus cher alors qu'aucune centrale n'est finie. C'est marrant parce qu'à ce jour la poursuite absurde d'un objectif toujours plus éloigné ressemble surtout au projet de l'EPR qui n'en fini pas de se terminer. En stratégie économique on nous apprend que parfois il faut savoir s'arrêter et perdre sa mise plutôt que de vouloir continuer et perdre le double !

AmonRa | 24 avril 2017 à 10h52 Signaler un contenu inapproprié

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