"Lors de l'accident de Fukushima, des radionucléides émetteurs gamma se sont échappés du combustible nucléaire et ont été relâchés dans l'atmosphère. Parmi ces radioisotopes, on ne retrouve pratiquement plus aujourd'hui que du césium-134 et du césium-137, qui ont la particularité de se fixer fortement et quasi-irréversiblement aux particules du sol et aux sédiments", indique le CEA, qui a participé, dans le cadre du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement en collaboration avec l'université de Tsukuba (Japon), à un programme de mesures des particules contaminées dans les cours d'eau japonais (TOFU).
Lancée six mois après la catastrophe, cette étude réalise un premier état des lieux du transfert des sédiments contaminés par la radioactivité le long des rivières drainant le panache de contamination qui s'est formé dans la région de Fukushima (notamment l'Ota, la Mano et la Nitta). "Sous l'effet de l'érosion, les particules du sol et les radionucléides qu'elles transportent peuvent être transférés dans les rivières, puis exportés progressivement vers l'océan Pacifique en traversant des plaines côtières relativement épargnées par les retombées initiales du panache", souligne le CEA.
Les typhons, notamment ceux de l'été 2011, ont joué un rôle dans la répartition de la contamination sur le territoire : "En vingt mois, une baisse des niveaux de radioactivité en altitude et une redistribution progressive de la contamination vers les zones aval ont été constatées". Résultat : les niveaux de contamination mesurés en 2012 ont diminué, cette baisse s'est poursuivie en 2013. La cinquième campagne de mesure, qui s'est achevée début novembre, devra confirmer cette baisse "ou si les nombreux typhons de 2013, plus violents qu'en 2012, auront à nouveau généré de l'érosion et/ou mobilisé des sédiments contaminés dans les rivières, ce qui se traduirait par une nouvelle hausse des débits de dose dans les sédiments déposés par les cours d'eau".
Jusqu'à 20 mSv dans certaines zones
Mais d'autres facteurs sont à prendre en compte : les zones non cultivées, où la végétation est plus dense, limitent l'érosion des sols et stockent la contamination. De même, la présence de barrages conduit a des accumulations de sédiments contaminés. "Temporairement, les débits de dose dans les zones sédimentaires étudiées ont pu dépasser localement les 20 mSv par an, limite retenue par les autorités japonaises pour délimiter la zone d'accès interdit. Ces résultats invitent à surveiller l'impact des futurs lâchers de barrages susceptibles de relarguer de la contamination dans la section aval du cours d'eau et à réglementer en conséquence les activités de pêche et de loisirs", souligne le CEA.
Ces travaux doivent se poursuivre jusqu'en 2019, dans la cadre du projet Amorad, financé par les Investissements d'avenir en radioprotection et coordonné par l'IRSN.