
© ADEME - BRGM
Selon cet expert, la géothermie a un grand rôle à jouer dans le futur mix énergétique français : ''il faut y aller à marche forcée : multiplier la géothermie profonde par 4, la géothermie domestique par 8 et la géothermie dite intermédiaire par 5 d'ici 2020. Mais il faudra être prudent et poursuivre ce développement avec beaucoup de méthode et de rigueur''.
Car si la géothermie possède de nombreux atouts (faibles émissions de gaz à effets de serre et d'autres polluants atmosphériques, faible impact paysager, aucun transport requis), les forages ne sont pas anodins. Ils traversent par exemple des poches d'eau potable qu'il est indispensable de préserver. ''Il faut développer la filière tout en assurant un suivi des expériences en cours'', pour tirer les leçons de chacune d'entre elles et ne pas faire d'erreurs. C'est dans cet objectif que sera créé prochainement un Comité national de la géothermie, qui devrait être présidé par Philippe Vesseron, l'actuel président d'honneur du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). Le développement de la géothermie profonde et très profonde est déjà très encadré, il dépend du code minier, comme l'exploitation des hydrocarbures ou des métaux précieux.
Réseaux de chaleur : un potentiel géothermique important
Parmi les différentes formes d'exploitation de cette ressource, la géothermie profonde ou intermédiaire suscite un grand intérêt. Elle permet la fourniture en chauffage de réseaux de chaleur collectifs. Or, la chaleur constitue le premier poste de consommation énergétique nationale, produite aujourd'hui à 85 % à partir d'énergies non renouvelables. La chauffage du secteur résidentiel-tertiaire représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre françaises.
Particulièrement développée en Ile-de-France (les 34 exploitations sur le Dogger* représentent 80 % de la production nationale), elle affiche de nombreux atouts. Adaptée aux zones denses (la technique est optimisée dans des zones restreintes à 3 Km), elle permet une production de chaleur directe pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire et affiche donc des coefficients de performance élevés (15 à 28 contre 3 à 5 pour la géothermie domestique). La réalisation d'un captage de géothermie profonde coûte de 8 à 10 millions d'euros et n'est économiquement viable que si elle est mise en œuvre pour de très nombreux utilisateurs (autour de 5.000 équivalents logements soit 50.000 MWh pour une opération). Outre ces atouts, la géothermie profonde constitue la ressource principale d'énergie renouvelable exploitable en Ile-de-France.
Aujourd'hui, 150.000 équivalents logements sont chauffés grâce à cette énergie dans la région. Ce chiffre pourrait augmenter rapidement : 4 nouvelles opérations sont en cours actuellement, dont le chantier de l'aéroport d'Orly. L'Est parisien est particulièrement favorable à l'exploitation de cette ressource, où les conditions de productivité de l'aquifère et la température sont propices. Selon la DRIRE Ile-de-France, pour répondre aux objectifs de 2020, la région devrait multiplier par 3 sa production d'énergie géothermique.
Au total, la France devrait passer d'une production de chaleur géothermique en 2006 de 50.000 tonnes équivalents pétrole à 369.000 tep en 2020 selon la Programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de production de chaleur pour la période 2009 – 2020 élaborée en décembre 2008.
* L'aquifère du Dogger est présent à 1.700m sous Paris et sa température oscille entre 60 et 85°C.