L'hyperchoix est la norme aujourd'hui, avec une multiplication des offres et des critères de sélection. Pourtant, en moyenne, un consommateur ne consacre pas plus de dix secondes à la sélection d'un produit sur un linéaire.
Le pari est donc risqué pour les acteurs du bio réunis au sein de l'association Alternative Bio (producteurs, distributeurs…) qui ont décidé de lancer un nouveau label : Bio Cohérence. Née de la volonté d'aller plus loin que la réglementation européenne, cette nouvelle marque privée devrait apparaître dans les rayons alimentaires courant 2011.
Bio cohérence : la genèse d'une marque
A l'origine de Bio Cohérence, un mouvement de contestation : des producteurs, des distributeurs et des consommateurs bio, mécontents de l'évolution de la réglementation européenne sur le bio. Depuis janvier 2009, les différents systèmes nationaux de certification du bio, dont AB, ont en effet dû épouser les exigences européennes, entraînant un nivellement vers le bas du cahier des charges français. Car si jusque-là, les pays membres de l'Union européenne étaient libres d'ajouter au règlement européen des règles nationales plus strictes en fonction des spécificités nationales, le nouveau règlement ne permet plus, sauf sur quelques points précis, d'adapter les règles nationales. Or, les exigences françaises étaient sur certains points ''supérieures'' au cahier des charges européens, notamment en termes de traitement antiparasitaires et de tolérance OGM (seuil maximum de 0,1 % pour AB contre 0,9 % pour l'écolabel européen).
Pour maintenir un niveau d'exigences élevé, les membres du mouvement Alternative Bio ont donc décidé de créer une nouvelle marque bio, en complément du règlement européen. L'idée : labelliser les acteurs qui respectent le cahier des charges européen mais vont encore plus loin, notamment en respectant les pratiques d'élevage qui avaient cours jusqu'au 1er janvier 2009 en France et un certain nombre de règles spécifiques comme le refus catégorique des contaminations OGM, l'obligation pour la ferme d'être 100 % bio ou pour les produits transformés de contenir 100 % d'ingrédients bio (contre 95% pour les labels bio européen et AB).
Des labels plus ou moins bio ?
Le consommateur devra donc s'y faire : le bio, c'est devenu une affaire complexe ! D'autant que, pour favoriser la fluidité des échanges commerciaux de produits bio au sein du marché communautaire, le règlement européen prévoit, à partir du 1er juillet 2010, une obligation d'affichage de l'écolabel européen pour l'ensemble des produits bio. Jusqu'alors, les metteurs sur le marché avaient le choix : privilégier l'écolabel européen ou le label français AB.
Gros bémol dans les nouvelles règles : le logo européen avait jusqu'ici une popularité plutôt faible auprès du grand public et devra à nouveau s'imposer, puisque son design change, à partir du 1er juillet 2010 ! Autant dire que beaucoup de metteurs sur le marché choisiront de faire cohabiter le logo AB, beaucoup plus connu par le consommateur, et le label européen.
Quant aux marques privées bio, comme Demeter, Nature et Progrès ou la toute nouvelle Bio Cohérence, elles devront elles aussi doublement étiqueter leurs produits. Cet affichage multiple risque de semer le trouble dans l'esprit du consommateur ! D'autant que d'après l'étude Ethicity 2010, 65 % des Français pensent qu'il y a déjà trop de labels.
Pour récapituler (ou caricaturer…) : le bio ''a minima'' sera désormais flanqué de l'écolabel européen, les produits satisfaisants à des exigences plus lourdes seront quant à eux différenciés par des marques privées. Pas facile d'être un consommateur responsable aujourd'hui !