En 2015, la température moyenne à la surface du globe "devrait être la plus élevée jamais constatée et franchira sans doute le seuil, aussi symbolique que significatif, que constitue un réchauffement de 1 degré Celsius par rapport à l'époque préindustrielle". Le phénomène El Niño pourrait, lui, être particulièrement puissant. Il est déjà comparable aux deux plus importants enregistrés.
Tels sont les principaux constats réalisés par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) qui a publié mercredi 25 novembre son Etat du climat mondial en 2015. Compte tenu des premiers résultats, l'année s'annonce d'ores et déjà riche en records. Selon l'OMM, le bilan 2015 "fera date", ce qui constitue "une triste nouvelle pour notre planète".
Une pluie de records
L'année 2015 n'est pas encore achevée, mais la compilation des relevés métérologiques de janvier à octobre laisse peu de doutes. D'après l'estimation préliminaire de l'OMM, "la température moyenne en surface pour les dix premiers mois de l'année présente une anomalie positive de quelque 0,73°C par rapport à la normale calculée pour la période 1961-1990 (14,0°C), soit environ 1°C de plus que durant les années 1880-1899 de l'ère préindustrielle". Cette tendance "laisse supposer que cette année sera très probablement la plus chaude jamais constatée". Effectivement, si les mois de novembre et décembre ne sont pas particulièrement froids, le précédent record de 2014 (+0,6°C par rapport à la moyenne 1961-1990) devrait tomber. Il pourrait même être "pulvérisé", estime l'organisation.
Sans surprise, ce record devrait en faire tomber d'autres. L'année 2015 pourrait être la plus chaude jamais enregistrée pour l'ensemble des terres émergées, l'Amérique du Sud et l'Asie. L'année en cours devrait aussi se classer en deuxième position pour l'Afrique et l'Europe. Par ailleurs, l'OMM précise que les années 2011 à 2015 représentent la période de cinq ans la plus chaude jamais enregistrée, ce qui "révèle une tendance à plus long terme".
Quant aux masses océaniques, l'OMM annonce que les températures de surface de la mer "atteignent des niveaux sans précédent depuis qu'il existe des observations". De même, "durant les neuf premiers mois de 2015, le contenu thermique des océans a atteint des niveaux record, tant jusqu'à 700 m que jusqu'à 2.000 m de profondeur". Et de rappeler que les océans ont absorbé plus de 90% de l'énergie accumulée dans le système climatique du fait des émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES).

El Niño sur le podium
Ces nouveaux records sont à rapprocher des nouveaux pics atteints par les concentrations de gaz à GES dans l'atmosphère, explique l'OMM. "Au printemps boréal 2015, pour la première fois, la teneur de l'atmosphère en CO2 a franchi la barre des 400 parties par million (ppm) en moyenne mondiale", rappelle l'organisation. Mais la hausse ininterrompue de la concentration atmosphérique de GES n'explique pas tout. "S'ajoute à cela la présence d'un puissant épisode El Niño, qui ne cesse de gagner en intensité", indique l'OMM, précisant que "ce phénomène (…) explique la chaleur exceptionnelle que nous avons connue en octobre".
Effectivement, il semble qu'El Niño 2015-2016 soit lui aussi sur le point d'intégrer le trio de tête des plus puissants enregistrés jusqu'à aujourd'hui. Amorcé pendant l'été 2014 dans le Pacifique Nord, le phénomène a réellement débuté en mai dernier avec le franchissement des seuils caractéristiques de la température de surface océanique dans la zone centrale du Pacifique. Par la suite, il s'est progressivement renforcé jusqu'à début novembre. A cette date, "les températures de surface océaniques étaient comparables à celle enregistrées lors des phénomènes El Niño particulièrement forts de 1997-1998 et 1982-1983", explique l'OMM. Et d'avertir : il devrait continuer de réchauffer la planète jusqu'en 2016. En effet, une fois franchi le "pic" des températures océaniques de surface, le phénomène "continue de donner sa pleine mesure" en réchauffant la température moyenne du globe.
Outre son impact sur la température globale moyenne, l'OMM indique que "dans le droit fil de ce à quoi on peut s'attendre dans le contexte d'un épisode El Niño, de vastes régions d'Amérique centrale et des Caraïbes ont accusé un déficit pluviométrique". De même, le Brésil, déjà affecté au sud et à l'est par la sécheresse depuis le début de l'année, a connu une saison sèche marquée dans le bassin amazonien. Le déficit pluviométrique touche aussi l'Inde et l'Indonnésie qui ont connu des moussons plus faibles que la normale. Inversement, le Pérou et l'Argentine ont été frappés par de fortes pluies et des inondations.