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Surexploitation de la nappe de Vittel : le Comité de bassin mise sur une rationalisation des gisements

Le Comité de bassin de l'Agence de l'eau Rhin-Meuse préconise la rationalisation des gisements existants plutôt que le transfert d'eau pour pallier la surexploitation de la nappe dans le secteur de Vittel. Présentation des orientations retenues.

Eau  |    |  D. Laperche
Surexploitation de la nappe de Vittel : le Comité de bassin mise sur une rationalisation des gisements

La perspective du projet de transfert d'eau par canalisation pour pallier le manque à Vittel s'éloigne encore un peu plus : le Comité de bassin de l'Agence de l'eau Rhin-Meuse, dans sa délibération adoptée vendredi 18 octobre, préconise de « donner la priorité à la satisfaction des besoins en eau potable des populations à partir des seules ressources locales ».

C'est que la gestion de l'eau dans le secteur de Vittel et Contrexéville cristallise depuis quelques années les tensions.

En jeu notamment ? La préservation d'une partie de la nappe des Grès du Trias inférieur. Celle-ci est l'une des principales ressources en eau du bassin Rhin-Meuse. Elle présente une particularité : elle est compartimentée notamment entre le nord et le sud par une faille dite « de Vittel ». La partie sud-ouest de cet aquifère est en déficit quantitatif chronique. Celle-ci possède une très faible capacité de recharge : selon l'agence de l'eau, à certains endroits, l'eau a pu être datée de plusieurs dizaines de milliers d'années. Les différents captages réalisés ont conduit à une surexploitation. Outre les prélèvements pour l'alimentation en eau potable, les plus gros consommateurs sont la fromagerie Ermitage à Bulgnéville, la société d'embouteillage d'eaux Nestlé Waters à Vittel et Contrexéville, ainsi que l'abattoir Elivia de Mirecourt.

Pour tenter d'améliorer cette situation, les agences de l'eau Rhin-Meuse et Rhône-Méditerranée-Corse ont prescrit, en 2009, la mise en place d'un schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage). En 2016, la Commission locale de l'eau (CLE) a opté, dans ses orientations, pour des mesures d'économie d'eau mais également de substitution. L'option retenue était un transfert d'eau par canalisation depuis les secteurs de Removille et Valfroicourt.

“ Une solution alternative fondée sur l'optimisation des ressources locales. ” Préfecture des Vosges
Parmi les reproches formulés à l'encontre de ce projet : le non-respect de la hiérarchie des usages de l'eau, une absence de consensus sur le projet, sa non prise en compte des répercussions sur les autres aquifères, mais également une contradiction avec les objectifs de retour à l'équilibre de la nappe du schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage) 2016‐2021, ou de bon état de la Directive cadre sur l'eau.

Transfert de l'eau, une option « incertaine »

Après deux votes favorables de la CLE pour cette option, ainsi qu'une concertation sur le projet de Sage - dont l'organisation a été contestée par les associations - également propice, la situation a finalement connu un revirement. Dans un communiqué daté de début octobre, la préfecture considère comme incertaine la mise en œuvre technique du transfert d'eau. Elle a indiqué que la direction départementale des territoires des Vosges et l'agence de l'eau auraient travaillé, durant l'été, à une solution alternative fondée sur l'optimisation des ressources locales.

C'est cette option qui a été présentée au comité de bassin de l'agence de l'eau Rhin-Meuse ce matin.

Le scénario alternatif envisage une régénération de la nappe sud-ouest des Grès du Trias inférieur. Il vise un objectif d'une réduction des prélèvements de 1 Mm3 pour le prochain Sdage 2021-2027.
Pour cela, il compte sur plusieurs axes, dont un plan d'économie d'eau. Celui-ci concerne aussi bien les industriels que les collectivités. Ces dernières puisent aujourd'hui 1,7 Mm3 pour l'alimentationen eau potable. Premier point d'amélioration : le rendement des réseaux. « De manière généralisée, nous avons des rendements qui ne sont pas satisfaisants : nous disposons ainsi un gros gisement d'économie. Nous voulons mobiliser toutes les collectivités qui puisent sur l'ensemble des ressources pour un grand plan de lutte contre les fuites », indique Marc Hoeltzel, directeur de l'agence de l'eau Rhin-Meuse.

Les collectivités sont également invitées à expérimenter des usages non sanitaires des eaux usées épurées.

Aujourd'hui,les deux sociétés les plus gourmandes sont la fromagerie Ermitage (0,52 Mm3/an) et Nestlé Water (0,78 Mm3/an).

De la même manière, du coté des industriels, la réutilisation sera aussi de mise, avec par exemple, le recyclage d'eaux de process pour le lavage. « La fromagerie Ermitage est très intéressée par ce type d'alternative pour optimiser sa consommation unitaire d'eau », note Marc Hoeltzel.

Dans le même temps, les entreprises seront encouragées à améliorer la sobriété de leurs activités. « Nous allons mettre autour de la table tous les acteurs avec le volume de ressource disponible et discuter les positionnements de chacun », précise le directeur de l'agence de l'eau Rhin-Meuse.

Des actions en cours

L'association Anticor, dédiée à la lutte contre la corruption, avait, en 2016, signalé au parquet d'Épinal un possible conflit d'intérêts dans cette affaire. L'ancienne présidente de la commission locale de l'eau, Claudie Pruvost, est en effet l'épouse de Bernard Pruvost, alors cadre chez Nestlé.
Par ailleurs, cet été, France nature environnement (FNE) et le Collectif Eau 88 ont, quant à eux, déposé un recours auprès du tribunal administratif de Nancy contre le préfet des Vosges pour que Nestlé arrête les prélèvements dans la nappe en déficit des Grès du Trias inférieur.
En parallèle, le scénario alternatif prévoit une optimisation des ressources locales. Parmi les pistes retenues : un maillage accru des réseaux d'alimentation en eau potable. Aujourd'hui, ce réseau est peu sécurisé. « Le pendant du plan d'économie d'eau est d'amener de la sécurité par une interconnexion, souligne Marc Hoeltzel. Nous regarderons ce secteur comme prioritaire par rapport au financement des collectivités ».

Les prélèvements entre les différents secteurs de la nappe seront également réaffectés vers les ressources les mieux pourvues. « Il n'y a pas eu de nouvelles autorisations ni d'actualisation des autorisations de prélèvements depuis 2004, pointe le directeur de l'agence de l'eau Rhin-Meuse. Il y aura une remise à plat réalisée par les services de l'État. »

Vers une nouvelle gouvernance locale

Le scénario alternatif propose également une nouvelle gouvernance locale. Le Comité de bassin a sollicité le concours du préfet des Vosges pour faciliter la concrétisation d'un projet de territoire. « Le projet de territoire permettra de déterminer quel type de travaux pour quel financement, avec quel calendrier, et vérifier si le plan d'action permet de résoudre l'équation proposée », détaille Marc Hoeltzel.

Autre point envisagé : une gouvernance rénovée pour les collectivités. « Le projet de territoire va mettre tout le monde autour de la table. Il faudra établir des actions coordonnées, par exemple un maître d'ouvrage des travaux d'interconnexion, un chef d'orchestre pour le grand plan d'économie etc. », explique-t-il.

Enfin, un observatoire des pressions et des niveaux piézométriques devrait également être lancé pour contrôler l'impact des prélèvements sur les différents aquifères sollicités. Ce suivi serait confié à un opérateur indépendant. La CLE assurerait l'animation de cet observatoire.

Le préfet devrait s'exprimer lundi prochain sur ce sujet. « L'objectif de remise à l'équilibre en 2021 ne pourra pas être atteint mais nous souhaitons définir le plus rapidement possible un plan d'action pour déjà gravir une grosse marche à cette échéance », avance Marc Hoeltzel.

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