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Actu-Environnement

Malgré des améliorations notables de la situation, le problème des nitrates en Bretagne n'est pas encore réglé

Confrontée à un risque de condamnation financière de la part de la Cour européenne de justice, la France a proposé plusieurs mesures afin de limiter la pollution de l'eau par les nitrates. Les agriculteurs ont vivement manifesté leur désapprobation.

Eau  |    |  F. Roussel
Le litige relatif à la pollution des eaux par les nitrates en Bretagne porte sur l'application de la directive 75/440/CEE du 16 juin 1975 relative à la qualité des eaux superficielles destinées à la production d'eau alimentaire. La Cour européenne de justice a condamné la France en 2001 pour dépassement dans 37 prises d'eau en Bretagne de la concentration maximale de nitrates autorisée avant traitement pour l'alimentation humaine, à savoir 50 mg/L. Depuis, de nombreux efforts ont été réalisés pour améliorer cette situation. Grâce aux mesures mises en place pour réduire la pollution par les nitrates d'origine agricole 22 captages sont redevenus durablement conformes. Le contentieux les concernant a donc été abandonné. De plus, 6 captages supplémentaires sont, aux vues des résultats 2006, techniquement conformes.
Cependant, 9 captages sur 110 en Bretagne sont encore concernés par des concentrations en nitrates élevées. La France est donc sous la menace d'une deuxième condamnation de la Cour européenne de justice, qui pourrait mener à des sanctions financières de plus de cent millions d'euros. C'est pourquoi, pour éviter une condamnation avec des astreintes très coûteuses, les mesures ont été renforcées sur neuf bassins versants bretons à la demande de la commission européenne.

Ainsi, sur ces bassins, les apports azotés, toutes origines confondues, sont désormais limités à 140 kg/ha (170 kg/ha pour les légumiers). Cette mesure est mise en place dès cette année et sera obligatoire début 2008. Par ailleurs, la préfecture de la région souhaite que les terres venant à se libérer dans ces bassins versants soient orientées préférentiellement vers des agriculteurs pratiquant une agriculture extensive.
Pour 4 bassins versants particulièrement dégradés, une mesure complémentaire de réduction du cheptel est mise en place. Dans le même temps, pour ces quatre prises d'eau pour lesquelles les mesures ne permettent pas d'escompter une amélioration suffisante d'ici 2009, l'utilisation sera suspendue dans l'attente d'un retour à des concentrations de nitrates conformes aux critères européens. La continuité de l'alimentation des populations concernées sera assurée par le recours à d'autres ressources en eau. L'État accompagnera les collectivités locales pour la réalisation des travaux nécessaires.

À l'annonce de ces mesures, la réaction du monde agricole a été très vive. Ils sont d'ailleurs venus crier leur opposition sur le stand du ministère de l'agriculture au Salon international qui se tenait jusqu'à hier à Paris. 2.000 agriculteurs sont directement concernés par ces mesures qu'ils jugent inadaptées, voire incohérentes au regard des efforts déjà réalisés. En effet, si la concentration en nitrates n'a pas cessé d'augmenter dans les années 90, elle diminue lentement depuis le début des années 2000. À travers ces mesures, l'économie bretonne se sent particulièrement visée. Les professionnels rappellent que l'agriculture et l'agro-alimentaire sont les premiers employeurs en Bretagne.

Du côté des associations de protection de l'environnement, les réactions sont aussi vives mais témoignent plutôt d'une certaine déception. À leurs yeux la fermeture des captages d'eau n'est pas une solution. Même sans captages, les nitrates vont continuer de se déverser en mer et provoquer les marées vertes. Il n'est d'ailleurs pas certain du tout, que cette mesure suffise à écarter le risque de sanctions européennes, explique Eaux et Rivières de Bretagne. L'association met également en évidence la gabegie financière que représente le projet de suspension des captages. Plusieurs dizaines de millions d'euros ont en effet été investis par les collectivités pour améliorer les installations de traitement, mettre en place des périmètres de protection et développer des programmes bassins versants. L'association refuse qu'une nouvelle fois les consommateurs d'eau soient les boucs émissaires. D'ailleurs, pour les élus verts de la région, il est urgent de mettre en place des plans d'agricultures durables englobés dans de véritables projets de territoire qui mobilisent tous les acteurs.

Plus de dix ans après les premières mises en demeure de la Commission européenne, la situation en Bretagne est donc à nouveau tendue. Mais la période électorale étant propice aux promesses, il semblerait qu'une entente se profile entre le gouvernement et les agriculteurs bretons. Ces derniers devraient être accompagnés financièrement pour la mise en œuvre de ces mesures à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros.

Réactions9 réactions à cet article

Ras le bol des agriculteurs

Les locaux de l'association Eux et Rivières de Bretagne ont été saccagés fin février par ces agriculteurs bretons qui veulent polluer tranquillement sans que personne ne puisse dire un mot.
Hélas le monde agricole depuis des années se maintient dans un état d'esprit anti environnemental; son comportement violent souvent impuni, voire même soutenu par un monde politique rétrograde, est haîssable.

Anonyme | 13 mars 2007 à 14h16 Signaler un contenu inapproprié
Re:Ras le bol des agriculteurs

c'est vrai que certains ne regardent que la finalité et produisent sans se soucier des impacts environnementaux ni sur la santé (dont la leur !).
mais peut-être faudrait-il que le consommateur de ces produits se posent la question de leur responsabilité : consommer toujours plus entraine une production en augmentation, toujours plus intensive... à chacun de faire l'effort de consommer des produits respectueux de l'environnement, quitte à en consommer moins si ils sont plus chers !
exemple : je mange très peu de viande (par goût) et je suis pourtant sportive... on peut très bien vivre avec moins mais de meilleure qualité.
à bon entendeur

Anonyme | 13 mars 2007 à 16h58 Signaler un contenu inapproprié
Re:Ras le bol des agriculteurs

Comme il est aisé de haïr ceux que l'on ne connaît pas....
ainsi que la situation dans laquelle ils se trouvent.
l'agriculture est une profession..pas un parti politique...
voici 15 ans que nous essuyons réforme sur réforme et baisse de revenu sans autre réponse possible que l'investissement et le surcroît de travail...à tout cela les contraintes environnementales se rajoutent....et détrompez vous...nous nous sentons concernés au premier plan..comment être en désaccord avec la préservation de la planete ? les matieres parfois utilisées nous sont imposées par notre clientele...et la necessité de produire une alimentation dont le volume global à l'échelle mondiale se raréfie...je vous assure..en matiere d'agriculture on ne vous permet pas de vous poser les bonnes questions...car les réponses seraient alarmantes....(ex: stocks de céréales au plus bas depuis l'aprés guerre...grosse inquiétude de nos gouvernements pour couvrir le besoin alimentaire...)
alors oui pour protéger la planete...ne pas faire n'importe quoi...maids de gr^ce arrêtez de dire n'importe quoi !!!!!!!
NB: le seuil de nitrates de 50 mg/l est de plus tout à fait arbitraire....à une époque où l'on savait à peine ce que c'était !
une feuille de salade a poussé gr^ce au nitrate...et même en bio, en contient plus que 10 litres d'eau !!!!!!!!!!!!!!
Bon, c'est pas tout....mais faut que j'aille labourer !!

Didier

Didier | 15 mars 2007 à 07h43 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Ras le bol des agriculteurs

Mon cher monsieur, je connais le milieu agricole car 3 personnes de ma famille excercent ce métier dans la nièvre et l'allier.

Je ne dis pas n'importe quoi : je viens de lire le livre "pesticides, révélations sur un scandale français"; alors svp soyez capable d'entendre des remarques (mais cela est sans doute beaucoup demander )

Vous vous foutez des conséquences des pratiques agricoles car vous y gagnez en vivant du système de subventions.

Les générations à venir elles auront tout perdu

Anonyme | 15 mars 2007 à 08h53 Signaler un contenu inapproprié
Re:Ras le bol des agriculteurs

Les agriculteurs, c'est pas un gros sac avec tout ce qui concerne l'agriculture dedans...
Les industriels de l'agro alimentaire et les promoteurs d'une production toujours plus intensive ne devraient pas être évoqués sous le même nom que les défenseurs d'une agriculture locale, extensive, respectueuse de l'environnement (et plus indépendante de ce monde politique).
Le travail (noble) de la terre est trop souvent effacé par des notions de rentabilité et de profits et beaucoup d'agriculteurs sont aujourd'hui dépendants des conditions qu'ils ont acceptées (et nous avons laissé faire) dans le cadre des différentes politiques.

alinea2 | 15 mars 2007 à 08h53 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Ras le bol des agriculteurs

Bonjour,

Mon plus grand respect pour les agriculteurs qui sont de vrais travailleurs... Si souvent, les plus vénaux d'entre eux ne se gênent pas pour polluer, il convient de ne pas omettre que quelle que soit la branche d'activité, y'a des cons partout... j'irais même plus loin, y'en a même chez les écolo

Bref, faut faire le tri et arrêter de stigmatiser la profession très souvent malmenée...

Daaaavid | 15 mars 2007 à 08h58 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Ras le bol des agriculteurs

Didier, arrête tes blagues : la France ne va pas manquer de blé, c'est de la pure intox, ça !
Quant à la baisse des revenus des agriculteurs, là, j'ai du mal à rigoler : les éleveurs et les petits exploitants d'accord, mais chez les céréaliers, les revenus augmentent chaque année !
Pose toi plutôt la question de savoir qui a intérêt à voir les petits agris mettre la clef sous la porte, et surtout leurs terres sur le marché...Qui décide de l'attribution des terres disponibles ?
Pour les nitrates, quelque soit la relativité du danger, ne crois-tu pas qu'il est logique de s'inquiéter de les voir si présents dans l'eau douce et la mer ? Ne crois-tu pas que le changement que constitue cette pollution aura forcément des conséquences sur les milieux ? Et là, on est plus dans la croyance, va voir et sentir les plages où pourrissent les ulves...
botanion

Anonyme | 15 mars 2007 à 09h40 Signaler un contenu inapproprié
Qq réserves sur certains commentaires antérieurs

Issue d'une famille d'agriculteurs depuis des temps immémoriaux, et étant aussi étudiante bac+5 en hydrogéologie environnementale, je me permets d'emmetre quelques réserves sur certains commentaires.
1. Tous les agriculteurs ne sont pas des pollueurs sans conscience!!! Ceux qui les critiquent le plus...n'en connaissent aucun!
2. Oui certains agriculteurs épandent et traitent plus que de raison. Mais ils ont aussi des quota, avec un petit carnet où ils doivent noter les quantités épandues, le volume de pesticides, etc. Carnet qui est contrôlé régulièrement...
3. La qualité des eaux en Bretagne ne fait que s'améliorer depuis les années 1970. Ouh ouh! 1970! ca fait un bail, beaucoup sont à présent à la retraite!
4. Un peu de tolérance, de compassion et de respect côté agriculteurs et écolos n'a jamais fait de mal à personne. Sans parler des agriculteurs écolos!
5. Beaucoup d'agriculteurs se font fait avoir par les banques et la vague qui a prôné du cochon, du cochon!!! du poulet, du poulet!!! Certains se sont sérieusement endettés. Avec parfois des drames à la clef.
6. Avant de critiquer les agriculteurs...avez vous déjà travaillé dans une ferme? Ramassé des légumes, des fruits...ailleurs que dans votre jardin? C'est un des métiers les plus durs, c'est bien pour ça qu'il y a tant de diplômés bretons et/ou issus de mileux ruraux.
A bon(s) entendeurs(s), salut!

Anonyme | 15 mars 2007 à 11h53 Signaler un contenu inapproprié
ras le bol des agriculteurs

c'est vrai que la pollution par les nitrates est catastrophique pour l'environnement, mais la pollution par les produits phytosanitaires est encore bien pire, 30 traitements pour les légumes jusqu'à 60 pour les pommes. Ces produits contaminent peu à peu toute la chaine alimentaire et seront présents encore longtemps. On menace la santé de nos enfants sans aucun scrupules. Mais comme pour les nitrates, le problème ne sera pas résolu tant que les firmes pharmaceutiques et les groupes de l'agroalimentaire continuerons à décider de l'avenir des agriculteurs et cela avec l'aide des chambres d'agriculture et des différents gouvernements. Je suis apiculteur amateur et je me désole tous les jours du massacre de nos paysages par des gros exploitants qui en plus sont subventionnés pour ça. Moins de haies et de bois, forêts c'est plus de pollution directe dans les rivières.

Alexis | 16 mars 2007 à 23h05 Signaler un contenu inapproprié

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