Une exposition régulière à un cocktail de substances chimiques, même à faible dose, peut-elle avoir des impacts sur la santé ? Une étude (1) , réalisée par des chercheurs de l'Inra (2) et de l'Inserm (3) , révèle que des souris exposées tous les jours, via leur alimentation, à de faibles doses de pesticides prennent plus de poids et présentent des perturbations métaboliques typiques des complications de l'obésité. "Ces résultats renforcent la plausibilité du lien entre exposition aux pesticides et santé, et confortent les résultats obtenus dans les études épidémiologiques suggérant un lien entre l'exposition aux pesticides et l'incidence des maladies métaboliques telles que le diabète de type 2 ou la stéatose hépatique", souligne l'Inra dans un communiqué.
Pendant un an, des souris ont été soumises, à travers leur alimentation, à un cocktail de six pesticides, à des doses équivalentes à la dose journalière admissible (DJA) pour l'homme. Cette DJA est définie par les agences de sécurité sanitaire "comme la dose qui peut être consommée tout au long de la vie via l'alimentation ou l'eau potable sans exercer d'effet nocif sur la santé". Les six pesticides ont été choisis car ils sont utilisés pour traiter les pommeraies françaises et européennes.
Les résultats montrent que cette exposition quotidienne induit des troubles métaboliques significatifs chez tous les animaux, mais différents selon leur sexe. Ainsi, "les mâles présentent un diabète, une accumulation de graisses dans le foie (stéatose), et un surpoids significatif. Les femelles montrent des perturbations hépatiques (stress oxydant) et une modification de l'activité du microbiote intestinal".
Cette différence de réaction pourrait être liée aux capacités de détoxification des pesticides spécifiques à chaque sexe. Les travaux vont se poursuivre pour analyser ces mécanismes, indique l'Inra. "Par ailleurs, d'autres études sont en cours pour déterminer la période critique d'exposition à ces composés (période périnatale -gestation, lactation)".