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La France se prépare à sa présidence européenne placée sous le signe des énergies renouvelables

Au regard du plan d'action de lutte contre le changement climatique présenté par la Commission européenne, la France souhaite montrer l'exemple et commence à traduire en propositions les objectifs fixés à l'occasion du Grenelle.

Energie  |    |  F. Roussel
   
La France se prépare à sa présidence européenne placée sous le signe des énergies renouvelables
   
Les 8 et 9 mars 2007, les 27 États membres de l'Union européenne (UE) ont adopté un triple objectif en matière de lutte contre le changement climatique d'ici à 2020 : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990, gagner 20% en termes d'efficience énergétique et faire passer la part des énergies renouvelables (EnR) dans la consommation totale d'énergie à 20%. Pour répondre à ces objectifs, la Commission a présenté fin janvier un plan d'action. Parmi les mesures proposées, figure celle d'attribuer à chaque Etat membre un objectif contraignant en matière de développement des énergies renouvelables. La France est ainsi invitée à faire passer ce taux de 10,3% en 2005 à 23% en 2020.
Ces mesures sont en train d'être étudiées dans le détail par les États membres et le Parlement européen. Les négociations s'annoncent difficiles mais la Commission espère un accord pour la fin de l'année 2008. Les premières conclusions ministérielles sur ce plan sont donc attendues pendant la présidence française de l'UE. Le pays a ainsi l'occasion de se démarquer. La secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet a ainsi rappelé, à l'occasion des Journées de l'Energie organisées par ''Les Echos'', que le paquet climat-énergie de l'Union européenne sera la première priorité de la présidence française. Ce sont des objectifs ambitieux et nécessaires en vue des négociations de la réunion [internationale sur le climat] de Copenhague fin 2009, a-t-elle ajouté. La secrétaire d'État a également expliqué que la France travaillait déjà avec le Parlement européen sur ce paquet climat-énergie pour, dit-elle, garder une chance possible de trouver un accord avant fin décembre.

La France poursuit ses réflexions entamées au Grenelle

En vue de cette présidence, la France souhaite, semble-t-il, montrer l'exemple surtout après un Grenelle de l'environnement très regardé au niveau européen. Si pour l'instant elle n'a pas encore approuvé l'objectif de 23% d'énergies renouvelables de la Commission, elle n'en a pas moins fixé une cible de 20% dans le cadre du Grenelle. Selon la secrétaire d'État, ces deux taux correspondent au même volume d'énergie renouvelable à développer soit 20 millions de tonnes équivalent pétrole supplémentaires (Mtep), l'écart étant lié à des projections de consommation d'énergie en 2020 différentes entre le Ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'aménagement Durables (MEDAD) et la Commission européenne.
Le MEDAD planche par conséquent sur les moyens d'accroître la production de renouvelable. Dans le domaine de l'éolien, le gouvernement prévoit une évolution de la règlementation afin de faciliter la concertation et la transparence. Une circulaire est en préparation concernant plus précisément l'éolien en mer. Au sujet de la biomasse, le MEDAD et le ministère de l'agriculture et de la Pêche (MAP) réfléchissent à la création d'un « fonds chaleur » pour faciliter le financement des projets de chauffage collectif à base de biomasse. Au niveau du solaire thermique et photovoltaïque, le ministère de l'écologie souhaite désormais une banalisation des technologies dans le bâtiment afin de les déployer à grande échelle et abaisser les coûts. Enfin sur les biocarburants, il est prévu d'accélérer la recherche sur la seconde génération et de financer des installations démonstratrices afin d'éviter les conflits d'usage soulevés ces derniers temps au sujet des biocarburants de première génération. Toutes ces mesures devraient être intégrées dans la première « Loi Grenelle » qui devrait être mise en discussions début avril et votée avant l'été.

Des professionnels dans l'attente

Pour Eric Guignard, responsable de la prospective au Syndicat des Energies Renouvelables (SER), l'objectif de 23% est réalisable et convient tout à fait aux professionnels du secteur regroupés au sein du SER. S'agissant de la production de chaleur à partir de bois et de déchets dans les établissements collectifs, tertiaires et industriels, le SER estime que plusieurs milliers de chaufferies pourraient être installés en 2020. S'agissant de l'hydraulique, le SER estime que la production pourrait passer de 25.000 MW en 2006 à 27.000 MW en 2020 en améliorant la productivité des centrales existantes. Quant au photovoltaïque raccordé au réseau, le syndicat évalue les besoins à 7.000 MW alors que la puissance ne dépasse pas 30 MW à l'heure actuelle. Par ailleurs, des efforts devront se porter sur le déploiement d'un parc éolien d'une capacité de 25.000 MW d'ici 2020 contre 2.000 au mois de juin 2006 ce qui correspond à l'installation de 8.000 éoliennes.
Face à ces prévisions avantageuses pour le secteur, les grands industriels éoliens n'en restent pas moins prudents. Les objectifs sont atteignables mais il faut un prix de rachat de l'électricité fixe sur le long terme, prévient Xavier Votron, Directeur Central Innovation et énergies Renouvelables chez Suez. L'industriel Théolia est quant à lui préoccupé par les difficultés rencontrées pour mettre en place un parc éolien : il reste encore des freins psychologiques [liés à l'atteinte au paysage], explique Gérald Mouledous, Directeur Risques et Prospective. Les délais pour obtenir les autorisations peuvent également être très longs, entre 2 et 9 mois, ajoute-t-il. Selon Xavier Votron, deux tiers des projets de parc éolien ne voient pas le jour en France. Alejandro De Host, Directeur Innovation d'Iberdrola Energies Renouvelables craint de son côté que de nouveaux problèmes surviennent. Pour installer plus de 20.000 MW , on va devoir aller dans des régions où le raccordement au réseau risque d'être difficile et coûteux, explique-t-il. Selon lui, même si RTE affirme que ces 20% d'EnR ne posera pas de problème pour le réseau français, il va falloir donner envie aux investisseurs de faire des projets dans des zones difficiles.

Les acteurs industriels de l'éolien attendent donc beaucoup des futures dispositions qui seront présentées par le gouvernement dans la prochaine « Loi Grenelle ». En attendant, Eric Guignard du SER rappelle qu'il est surtout essentiel de réaliser des économies d'énergie : l'objectif pourra plus facilement être atteint voire dépassé si les besoins en énergie diminuent, estime-t-il.

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