
Selon cette étude basée sur une série de 80 entretiens conduits entre novembre 2009 et janvier 2010 auprès d'acteur du secteur (installateur, exploitants, organismes financiers, organismes d'audit et de contrôle et bureaux d'études), le secteur photovoltaïque a doublé sa capacité installée en 2009 avec une estimation par les acteurs du secteur de 250 MW en 2009 à comparer aux 105 MW installés en 2008. En termes de taille de marché, l'accroissement de la capacité installée et l'augmentation des raccordements de centrales ont permis à la France de passer de la 12eme position en 2008 à la 7eme position en 2009. Elle se situe derrière l'Italie et devant la Chine. Les raisons : une visibilité accrue du photovoltaïque, des tarifs de rachat intéressants, la baisse du prix des modules, des conditions de financement attractive et une évolution des segments (arrivée des centrales au sol, etc…). ''Toutes ces raisons nous laissent penser que nous aurons une croissance à deux chiffres pour l'ensemble du secteur, sur les cinq prochaines années'', estime Alain Calmé.
Les changements réglementaires
Le 12 janvier dernier, le gouvernement a fixé les nouveaux tarifs d'achat de l'électricité produite à partir du solaire notamment. Ces nouveaux tarifs applicables jusqu'en 2012, sont venus remplacer ceux fixés en 2006. Les installations bénéficiant de la prime ''intégration au bâti'', mises en place sur des bâtiments d'habitation et dont la puissance est inférieure ou égale à 3 kWc, bénéficient toujours d'un tarif fixé à 58 c€/kWh. Pour les bâtiments professionnels pour lesquels les installations sont le plus souvent supérieures à 3 kWc, les tarifs sont multiples. Pour les bâtiments d'enseignement ou de santé qui respectent les critères de ''l'intégration au bâti'' le tarif est de 58 c€/kWh.
Pour les bâtiments de bureaux, industriels, commerciaux ou encore agricoles qui respectent des critères d'intégration poussés, le tarif est désormais fixé à 50 c€/kWh mais uniquement pour les bâtiments existants. Pour les autres bâtiments professionnels neufs ou ceux dont l'intégration est moins poussée (''intégration simplifiée au bâti'') un nouveau tarif d'achat est créé et s'élève à 42 c€/kWh. Les centrales solaires installées en France métropolitaine dont la puissance est inférieure ou égale à 250 kilowatts crête pourront toujours bénéficier du tarif de 31,4 c€/kWh. Pour les centrales dont la puissance est supérieure à 250 kWc, ce tarif variera désormais en fonction de l'ensoleillement de 31,4 c€/kWh pour les départements les plus ensoleillées comme les Alpes de Haute Provence, les Bouches du Rhône ou encore l'Hérault, à 37,7 c€/kWh pour les départements les moins ensoleillées (Meuse, Nord, Pas de Calais et Somme). En revanche, une centrale solaire installée en Corse, dans les départements d'outre-mer et dans la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon et à Mayotte bénéficiera d'un tarif spécial fixé à 40 c€/kWh.
Selon le rapport, ces changements réglementaires devraient améliorer notamment l'intégration au bâti sans laisser de marge à la spéculation. ''En 2010, le marché restera solide et ressortira probablement avec une croissance plus modérée, mais aussi plus saine'', analyse Alain Calmé.
Structuration du secteur
Pour 2010, PricewaterhouseCoopers prévoit une structuration du secteur. L'aval (installateurs et distributeurs) est extrêmement fragmenté, mais il va se polariser et se restructurer. ''Un certain nombre de grands acteurs sont en train de faire une course à la taille, constate Alain Calmé. Ils deviennent de plus en plus grand et achètent de petits acteurs. Il y'a un regroupement des acteurs''. À l'autre extrémité de la fragmentation, il y'a un grand nombre de petits acteurs locaux qui travaillent surtout sur le secteur résidentiel. ''Ils vont rester très nombreux, mais certains d'entre eux vont connaître des difficultés de croissance car l'activité solaire est très consommatrice de besoin en fonds de roulement'', prévient Alain Calmé.
Un retard industriel pour la France
En amont (fabriquant de module), l'industrie est mondiale. La concentration des fabricants se poursuit puisqu'aujourd'hui la part de marché du top 10 des fabricants de modules au niveau mondial est passée de 54% en 2008 à 61 % en 2009. Ce marché est en outre très compétitif au niveau technologique. ''Il y'a de nouvelles technologies qui vont arriver sur le marché très rapidement ce qui suppose de très lourds investissements'', note Alain Calmé. Ce jeu est mondial, mais la France reste en retard dans ce domaine. ''2009 aura vu une tendance encourageante dans l'amont, avec de nombreux projets de fabrication de modules, qui devrait continuer en 2010 : mais les producteurs français sont toujours peu nombreux, non intégrés et fragiles. On compte un projet dans les couches minces en France contre une quinzaine chez nos voisins d'Outre-Rhin et aucun projet intégré opérationnellement avancé dans le silicium cristallin'', constate Benjamin Cros, Senior manager, en charge de l'énergie au sein du pôle Conseil en Stratégie de PricewaterhouseCoopers.
L'intégralité du rapport peut être commandé auprès de PricewaterhouseCoopers sur le site www.pwc.fr