Deux cent kilomètres de réseaux, vingt ans de travaux, 200 millions d'euros… le méga-projet d'interconnexion menée par Noréade, le service d'eau du Siden-Sian, qui couvre une partie des Hauts-de-France, est sur le point d'être bouclé. Le dernier tronçon de cette autoroute de l'eau est en cours de finalisation, tout comme la construction d'une nouvelle usine de traitement d'une capacité de 700 m3/h, notamment équipée pour éliminer le fer, le manganèse et la turbidité, et une citerne de stockage de 6.000 m3.
"Ce projet a été lancé il y a trente ans pour plusieurs raisons : une capacité d'approvisionnement insuffisante, du fait de l'augmentation de la population et de l'installation de l'usine de Coca-Cola à Soxc, dans le Nord ; une production insuffisante au nord de notre territoire ; une baisse globale de la qualité", rappelle Michel Dupont, directeur général de Noréade. Cette régie assure le service de l'eau et de l'assainissement sur près de 600 communes dans le Nord, le Pas-de-Calais, l'Aisne et la Somme, couvrant plus d'un million d'habitants.
Garantir l'approvisionnement de 140.000 habitants
Face à ces enjeux, la régie, décisionnaire de ses investissements, a donc choisi d'ouvrir un nouveau champ captant dans une zone protégée, sous la forêt de Mormal. Une interconnexion avec un autre champ captant, dans la vallée de la Sambre, a été créée pour amener l'eau vers la moitié du département du Nord, dépourvu de nappes phréatiques ou de rivières. La mise en service de la liaison Avesnois-Pecquencourt, prévue dans le courant de l'année 2018, est la quatrième et dernière phase de travaux. D'une longueur de 75 km, elle garantit un approvisionnement de 15.000 m3/jour, en complément des 110.000 actuellement nécessaires à plus de 140.000 habitants des arrondissements d'Avesnes-sur-Helpe, Cambrai, Douai et Valenciennes. Ces travaux représentent un investissement de 50 millions d'euros, dont 33% d'aides de l'Agence de l'eau Artois-Picardie.
Outre la quantité, l'enjeu porte également sur la qualité. "Entre 2008 et 2018, la qualité de l'eau brute a baissé sur les champs captant, notamment pour les nitrates, sans toutefois nécessiter de fermeture", indique Michel Dupont. Autre sujet de préoccupation – hormis les pesticides et un taux naturellement élevé de nickel : la présence de perchlorates, pour lesquels un arrêté de restriction a été pris en 2012 dans l'ex-région Nord Pas-de-Calais. Ce composé est également détecté en ex-Picardie, "parfois à des concentrations supérieures", mais sans restrictions de consommation.