Modéré. Tel est le terme utilisé par RTE pour qualifier le risque d'interruption de fourniture d'électricité pour l'ensemble de l'hiver 2011-2012. Publié mercredi 9 novembre 2011, le rapport de la filiale d'EDF en charge du réseau haute tension, consacré à l'équilibre entre l'offre et la demande en énergie, se veut confiant. Et ce, malgré l'arrêt de 8 réacteurs nucléaires allemands sur les 17 existants.
"Sur la base des éléments transmis par les producteurs en septembre 2011, la disponibilité prévisionnelle du parc de production français pour cet hiver est en diminution par rapport à l'hiver dernier sur les mois de novembre et décembre du fait d'un planning d'arrêt plus défavorable", juge RTE. Afin de couvrir la consommation d'électricité en France et satisfaire également aux critères techniques de sécurité du réseau pour ces deux mois, des importations pourraient s'avérer nécessaires. En complément de l'activation des effacements de consommation sur les portefeuilles de clients, le gestionnaire de réseau estime à 3.500 MW le niveau d'importation pour couvrir la totalité de la consommation des ménages et des entreprises début décembre.
A l'inverse, "à partir de janvier et jusqu'à fin mars, l'arrivée des nouvelles centrales et un planning d'arrêt plus favorable entraînent une disponibilité des moyens de production plus importante sur cette période par rapport à la vision prévisionnelle de l'an dernier".
Cette situation permettrait au réseau français de devenir exportateur à la pointe du matin et du soir. RTE précise quand même qu'"une disponibilité moindre que prévue du parc de production français serait de nature à réduire les marges prévisionnelles".
Réguler la consommation
En outre, en cas d'aléas sur la consommation ou sur la production à court terme, RTE utilisera de préférence le mécanisme d'ajustement afin d'assurer à tout instant un équilibre et également reconstituer les marges de sécurité d'exploitation. Ce dispositif, en vigueur en France depuis 2003, s'est ouvert ces deux dernières années aux offres d'ajustement des pays frontaliers (Allemagne, Suisse et Royaume-Uni) ce qui "renforce le potentiel que RTE peut solliciter en cas de besoin".
Au niveau des régions les plus exposées, la Bretagne et la région Paca sont, comme chaque année, principalement concernées. Un appel à la modération de la consommation électrique sera donc lancée si la situation l'impose. Selon la filiale d'EDF, cet appel s'appuiera sur les prévisions de l'état des système électriques régionaux réalisé la veille pour le lendemain et comprendra deux niveaux d'alerte en fonction du degré de certitude.
Lors d'une période de grand froid, c'est-à-dire des températures inférieures de 6 à 8°C aux normales saisonnières, les marges prévisionnelles se réduiront, notamment en raison de l'augmentation de la consommation électrique. Les Français étant équipé de nombreux chauffages électriques. Par exemple, pour une baisse de 1°C de la température moyenne ressentie, l'augmentation maximale de la puissance électrique consommée serait de l'ordre de 2.300 MW à la pointe de 19 h. Cette situation qui serait alors similaire à celle de décembre 2010 nécessiterait l'importation de près de 7.000 MW, mais resterait compatible avec les limites techniques d'importation. Soit 9.000 MW dans des conditions favorables.
Sortie allemande : impacts potentiels
Pourtant, l'importation d'électricité pourrait s'avérer nettement plus compliquée cette année. En effet, l'Allemagne qui a arrêté huit réacteurs nucléaires, ne pourra venir en aide à la France, comme c'est habituellement le cas. Cela pourrait aboutir à des situations plus tendues sur l'équilibre entre l'offre et la demande. Pour contourner ce problème, "RTE intensifie sa collaboration avec les gestionnaires de réseau allemands afin d'identifier les conditions de ces limitations, et d'anticiper au maximum les actions opérationnelles à mettre en œuvre pour réduire les impacts de cette décision".
La décision de l'Allemagne de sortir du nucléaire inquiète tout de même. Une étude de Capgemini, publiée fin octobre, estimait que ces fermetures posaient une menace pour la sécurité d'approvisionnement d'énergie sur toute l'Europe. Eric Besson a également indiqué que le choix allemand pourrait entraîner "une coupure d'électricité à large échelle" dans "un scénario extrême". Rapportés par l'AFP, les propos du ministre de l'industrie évoquent, en cas de grand froid, un risque de congestion du réseau qui se traduirait par des baisses importantes de la tension, susceptible de s'étendre au réseau français. Cet écroulement de tension conduirait même potentiellement à un black-out de grande ampleur. Le dernier black-out remontant à 1978…