Il s'agit du « premier projet de stockage souterrain d'hydrogène renouvelable en cavité saline en Union européenne ». Baptisé Hypster (pour « Hydrogen pilot storage for large ecosystem replication »), il réunit sept partenaires internationaux autour du site historique de stockage de gaz naturel de Storengy (filiale d'Engie) à Étrez, dans l'Ain. L'objectif, à terme : stocker 44 tonnes de dihydrogène (H2), de quoi alimenter 1 760 bus par jour.
Lancé au début de l'année 2021, le projet Hypster vise à convertir la cavité saline « EZ 53 » de stockage de gaz naturel à l'hydrogène, produit sur place, et ainsi « valider le potentiel » de cette technique avant son passage à l'échelle. Il bénéficie pour cela d'un financement de 13 millions d'euros, avec un soutien européen de 5 millions dans le cadre du Programme de partenariat d'hydrogène renouvelable (ex-Appel à entreprises communes sur les piles à combustible et l'hydrogène).
Un « petit volume » pour de grandes ambitions
La cavité a été creusée en 1982, entre 700 et 1 100 mètres de profondeur sous la commune d'Étrez. Plusieurs raisons ont motivé le choix de cette cavité pour effectuer ce galop d'essai. Premièrement, elle constitue « l'une des cavités salines les plus étudiées au monde », d'après Storengy, et comporte donc toutes les données nécessaires à l'évaluation de son étanchéité. La quantité de saumure qui recouvre ses parois lui confère d'ailleurs une très grande imperméabilité et donc une « excellente étanchéité », à même de contenir une molécule aussi réduite et volatile que l'H2. En somme, « aucune adaptation n'est nécessaire ».
Par ailleurs, « EZ 53 » est une cavité de « petit volume » (8 000 mètres cubes) en comparaison d'autres volumes « classiques » de stockage de gaz naturel (300 000 mètres cubes). « Sa taille réduite rend l'expérimentation plus simple, notamment sur la quantité d'hydrogène à mettre en place », explique un porte-parole du projet pour Storengy. Elle permettra aux ingénieurs de procéder à un maximum d'essais de remplissage et de déstockage. « Elle offre l'une des spécificités du projet : pouvoir remplir et vider la cavité avec de l'hydrogène cent fois sur cent jours. À titre d'exemple, une cavité de stockage de gaz naturel est vidée une fois par an. »
Cela étant, Storengy poursuit actuellement les tests d'étanchéité avant de passer à ses essais de cyclage, avec une première quantité de gaz de deux à trois tonnes seulement.
Une production renouvelable locale
« Si aujourd'hui, Storengy stocke du gaz naturel, demain, ce sera du gaz 100 % renouvelable : biométhane, e-méthane, hydrogène, etc., conclut le porte-parole de l'entreprise. Le projet Hypster est une étape importante dans le processus en cours d'adaptation de nos équipements. » Un autre projet de Storengy, Stor'Hy, envisage le stockage d'hydrogène dans une nappe aquifère sous Cerville, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle).