
Pour la troisième année consécutive, l'association de protection des océans et du littoral Surfrider Foundation Europe a publié hier son étude sur les conséquences de l'application de la nouvelle Directive européenne sur les eaux de baignade, adoptée en 2006 par le Parlement européen, sur le classement des plages françaises.
La nouvelle Directive européenne 2006/7/CE, qui présente des valeurs guides plus strictes concernant la pollution bactériologique, demande en effet que le classement s'effectue sur les quatre dernières années de données et autorise le retrait de certains résultats de mesure s'ils correspondent à une situation de pollution à court terme.
Près d'une plage sur dix fermée en 2015
Selon Surfrider, qui a passé au crible plus de 1.970 plages françaises, 27% des plages risqueraient d'être déclassées en 2015 dont 171 plages interdites à la baignade, soit près d'1 sur 10. Seules 63,6% des plages françaises resteraient ''d'excellente qualité'' soit 1.256 plages.
Les bons résultats obtenus cette année avec la directive actuelle ne doivent pas nous faire oublier tous les efforts qu'il reste à entreprendre pour être aux normes de la nouvelle directive, a souligné l'association.
En effet, selon le rapport 2008 sur la qualité des eaux de baignade dans l'UE publié le 10 juin par la Commission européenne, les zones côtières françaises figurent parmi les plus propres. L'Hexagone (96%) se classe en troisième position derrière Chypre (98,2%) et la Grèce (97,7%). La France compte toutefois 118 sites (53 plages et 65 lieux de baignade intérieurs) qui ne sont pas considérés conformes.
La nouvelle Directive déjà appliquée dans 12 Etats membres
En 2008, seuls 12 pays (Chypre, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, l'Allemagne, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, l'Espagne et la Suède, Luxembourg) ont contrôlé les eaux de baignade conformément à la nouvelle législation européenne basée sur deux paramètres : les entérocoques intestinaux et Escherichia coli. Cette nouvelle directive doit être appliquée au plus tard en 2015 dans tous les Etats membres y compris la France.
Rappelons qu'une autre étude publiée en 2008 par l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) prévoyait un déclassement de nombreuses zones de baignade françaises du fait de la nouvelle méthode de classification. Le Ministère en charge du développement durable a alors lancé en août dernier un label de qualité pour les eaux de baignade, basé uniquement sur les résultats des analyses physico-chimiques et microbiologiques de l'eau contrairement au Pavillon Bleu délivré aux plages et aux ports de plaisance pour leur gestion globale de l'environnement.
A travers cette certification, le Ministère espère laisser le temps aux collectivités d'améliorer la qualité des eaux et d'éviter la fermeture de plusieurs sites d'ici 2015.
Nous disposons de 6 ans pour anticiper la réglementation et éviter d'éventuelles fermetures de plages, souligne Surfrider qui, à la veille de la dernière réunion du Grenelle de la Mer le 10 juillet, invite les collectivités et les organismes responsables à prendre rapidement des mesures pour éviter le pire d'ici 2015.