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Développer l'appareillage de mesure
En parallèle à l'instauration de valeurs guides, se développe la mesure des polluants et surtout la création « d'indices de pollution », système plus global que les appareils de mesure individuels. L'objectif est de développer des outils simples et peu coûteux, utiles pour l'action, utilisables par tous et qui permettraient de connaître l'état de la pollution de l'air dans les lieux de vie clos, a expliqué Yvon Le Moullec à l'occasion du colloque annuel de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur. Plusieurs indices sont en cours d'élaboration : un premier indice permettra de maintenir une aération appropriée des locaux grâce à un capteur équipé de trois diodes et d'un détecteur de dioxyde de carbone. Lorsque la diode passera au rouge l'utilisateur de la salle saura qu'il faut aérer. Un second indice sera basé sur la prise en compte des contaminations de nature microbiologique (indice de contamination fongique) et de l'humidité. Enfin, un troisième indice servira à identifier la contamination chimique non spécifique. Les deux premiers indices sont actuellement en test sur 4 bâtiments d'enseignement (une école maternelle, une école élémentaire, un collège et un lycée) et deux bâtiments d'accueil de la petite enfance. Le troisième indice est encore en cours de développement.
À terme, l'objectif est de généraliser ce type de mesure dans les lieux recevant du public ou des populations sensibles. Cet objectif est d'ailleurs fixé dans le projet de loi Grenelle 2 et fera partie du deuxième Plan National Santé Environnement (PNSE 2). Les modalités de surveillance seront fixées par un décret, évolutif, fixant les catégories d'établissements dans lesquels la surveillance est obligatoire, et précisant selon les cas à qui incombe la responsabilité de la surveillance. Il est également prévu de faire porter la surveillance sur les gares, stations de métro ou aéroports, ainsi que les crèches ou les écoles, en tenant compte du nombre de personnes fréquentant ces lieux.
Pour limiter les sources polluantes et les expositions, le projet de loi Grenelle 1 prévoit de soumettre les produits de construction et de décoration à un étiquetage obligatoire (Fiche de Déclaration Environnementales et sanitaires) notamment sur les polluants volatils de type solvants. Les substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR) seront en outre totalement interdites.
Concilier qualité de l'air et économies d'énergie
Limiter les émissions de polluants et favoriser l'aération des logements sont donc les deux types d'actions prévus pour améliorer la qualité de l'air intérieur. Mais l'aération risque d'entrer en contradiction avec le renforcement de l'isolation des bâtiments prévu par le Grenelle. Les travaux de l'OQAI ont en effet mis en évidence l'existence d'une réduction sensible des débits de ventilation dans les bâtiments construits après la réglementation thermique du début des années 1980. Le risque d'un confinement plus important dans les bâtiments mieux isolés est donc bien présent, si on ne met pas en place les solutions appropriées, a expliqué Christian Cochet du CSTB.
L'enjeu va donc consister à aérer suffisamment sans déséquilibrer les besoins énergétiques. La maîtrise des mouvements d'air va ainsi prendre une importance croissante. Les consommations induites pour réchauffer ou rafraîchir l'air entrant pourront, en proportion de l'énergie totale nécessaire au bâtiment, représenter jusqu'à 40% des consommations dans les bâtiments les mieux isolés, prévient Christian Cochet.
Pour répondre à ce dilemme, seront sans doute privilégiés les systèmes de régulation de débits de renouvellement d'air associés à des systèmes de traitement et de récupération de chaleur. Ces orientations devraient favoriser d'importantes innovations technologiques dans les années à venir dont il conviendra d'évaluer l'efficacité et l'innocuité, prévient Christian Cochet. Le PNSE 2 prévoit d'ailleurs la mise en place de contrôle pour les ventilations déjà en place sous forme d'outils d'aide à la réception des systèmes de ventilation et de vérifications des performances y compris in situ.