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Cette pollution est la résultante de la présence de multiples sources de pollution dans les lieux de vie : produits de construction et de décoration, d'ameublement, d'entretien, de bricolage, équipements de chauffage et de production d'eau chaude, présence humaine et activités liées aux besoins essentiels (cuisine) ou autres (tabagisme).
Les conditions d'aération des logements jouent également sur l'ampleur de la pollution. C'est pourquoi l'OAQI a poursuivi ses investigations et s'est intéressé dernièrement à l'état de l'aération dans le parc de logements français. L'observatoire s'est basé sur les données collectées sur l'échantillon de 567 logements représentatif des 24 millions de résidences principales en France métropolitaine pour constituer, à l'échelle nationale, un état descriptif de la ventilation dans les logements.
Au regard de cette étude, il s'avère que les modes de ventilation sont globalement dictés par l'âge des bâtiments. La moitié du parc de logements a été construite avant 1967 donc avant les réglementations sur l'aération des logements instaurant le principe de la ventilation générale et permanente. Certains n'ont pas encore été rénovés, ils ne possèdent donc aucun système d'aération (21% du parc). Les bâtiments construits ou rénovés après 1967 mais avant 1990 sont équipés de ventilation naturelle effectuée grâce à des aérations sur les façades. Depuis 1990, la ventilation naturelle a complètement disparu au profit de la ventilation mécanique contrôlés (VMC). Résultats, à l'heure actuelle la VMC et la ventilation naturelle équipent près de 70% des logements. La VMC double flux qui récupère les calories extraites de l'air vicié ne représente quant à elle que 1.1% du parc.
Pour se rendre compte plus précisément des conditions d'aération dans les chambres, là où on passe le plus de temps, l'OAQI a mesuré les niveaux de dioxyde de carbone. Le CO2 est libéré par la respiration des occupants et sa concentration dans l'air est le reflet du confinement. Les chambres montrent des niveaux variables avec 62% des logements qui présentent une concentration comprise entre 500 ppm et 1.000 ppm alors que la concentration extérieure ne dépasse pas les 380 ppm. La conversion de cette concentration en vitesse de renouvellement d'air montre des valeurs proches des exigences réglementaires de 18 m3/h à l'échelle du parc. Ce même débit est de 10 m3/h dans les situations où les portes ou les fenêtres sont fermées.
L'OAQI estime que les différents systèmes de ventilation conduisent à des débits de renouvellement d'air identiques, mais remarque que les VMC sont très souvent mal réglées. Dans les logements équipés de ventilation mécanique contrôlée, les débits d'air extraits présentent une grande dispersion d'un logement à l'autre. Pour les logements de 4 pièces par exemple, les valeurs de débit vont de 8 à 269 m3/h. En comparant aux valeurs réglementaires, l'OQAI note que 56% des 104 logements mesurés ne respectent pas les prescriptions. Parmi ces logements, nombreux sont ceux où la VMC a été installée dans le cadre d'une rénovation.
Outre la qualité des installations, l'OQAI rappelle que l'occupant à un rôle majeur à jouer dans l'aération des logements. L'observatoire explique que l'ouverture de la porte ou de la fenêtre en chambre la nuit améliore le débit de renouvellement d'air. Mais ce premier constat va être complété dans les mois à venir par une analyse plus précise des relations entre les situations de ventilation et la qualité de l'air afin d'identifier les situations les plus protectrices. Les premiers éléments disponibles montrent cependant que la ventilation ne pourra pas, à elle seule, subvenir à l'élimination des nombreux polluants observés dans les logements et qu'un effort primordial doit être fait en amont, par la diminution des émissions à la source ou en traitant les contaminations de l'air (filtration, épuration).
Par ailleurs, au regard des objectifs de performance énergétique des bâtiments qui vont être fixés suite au Grenelle de l'environnement, l'OQAI profite de la présentation de cette étude pour prévenir que la relation entre aération et consommation énergétique va devenir primordiale. L'amélioration de l'isolation et de l'étanchéité de l'enveloppe des bâtiments et la réduction de l'énergie consacrée au renouvellement de l'air doit ainsi s'opérer en tenant compte de critères de qualité d'air acceptables, rappelle l'observatoire qui semble craindre un renforcement des mesures d'isolation aux dépends de la ventilation.