Les neuf projets de retenues prévues dans le bassin de l'Aume-Couture et les six dans le sous-bassin de la Pallu (bassin du Clain) ne se concrétiseront finalement pas : les deux arrêtés préfectoraux les autorisant ont été annulés par le tribunal administratif de Poitiers, ce 3 octobre.
Le premier projet porté par l'association syndicale autorisée (ASA) de l'Aume-Couture prévoyait un volume total utile de stockage de 1 640 225 m3 tandis que le second, sollicité par la société coopérative anonyme de gestion de l'eau (Scage) de La Pallu, visait 1 480 000 m3. Dans les deux cas, le tribunal administratif pointe une mauvaise estimation des volumes prélevables comme des études d'impacts.
Concernant le bassin de l'Aume-Couture, classé en zone de répartition des eaux, le tribunal souligne notamment la non-prise en compte du contexte de sobriété rendu nécessaire par les évolutions climatiques. « En permettant de revenir à des niveaux de prélèvements semblables, voire supérieurs, à ceux du début des années 2000, le projet n'est pas associé à de réelles mesures d'économies d'eau et ne tient pas compte des effets prévisibles du changement climatique, contrariant ainsi les objectifs et orientations du Sdage », regrette-t-il.
Le constat est semblable pour le projet de La Pallu, situé dans le bassin du Clain - classé également en zone de répartition des eaux. « La réalisation du projet est donc susceptible de porter les prélèvements hivernaux, tous usages confondus, à 2,2 millions de mètres cubes, soit un tiers de plus que le volume prélevable, note le tribunal. Compte tenu du surdimensionnement du projet contesté et au regard du contexte hydrologique local (…) ainsi que des effets prévisibles du changement climatique, la préfète de la Vienne a, en autorisant ce projet, entaché son arrêté d'une erreur manifeste d'appréciation dans la mise en œuvre du principe de gestion équilibrée et durable de la ressource en eau. »
Une décision saluée par les associations requérantes. « La justice vient de donner un coup d'arrêt à la campagne de désinformation qui tente depuis des années de présenter les mégabassines comme une solution aux épisodes de sécheresse afin de satisfaire les besoins en irrigation de l'agriculture intensive, a ainsi réagi Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, qui a participé au recours. Dans le contexte du réchauffement climatique, c'est aux pratiques agricoles de s'adapter à la diminution des ressources en eau, et pas l'inverse. »