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Actu-Environnement

L'usure des pneus en caoutchouc empêche la bonne croissance des huîtres

MAJ le 26/08/2022
Biodiversité  |    |  F. Gouty

Dans une étude (1) publiée, le 16 juillet, dans la revue Marine Pollution Bulletin, des chercheurs de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) affirment que les composés chimiques présents dans les poussières d'usure issues du caoutchouc des pneus représentent une menace pour la survie des huîtres creuses. Cette variété, dérivée de l'huître japonaise (Crassostrea gigas, ou Magallana gigas), est la plus fréquemment consommée en France. Et selon les scientifiques de l'Ifremer, ce type de microplastiques (dont 50 % de la masse sont composés d'additifs chimiques) réduit significativement le taux de survie des huîtres juvéniles.

Quelle quantité des poussières d'usure de pneus dans l'eau de mer ?

La littérature scientifique existante ne répond pas exactement à cette question mais des travaux récents s'en approchent. En 2021, une étude suisse estimait entre 8 700 à 20 000 tonnes la quantité de microparticules de caoutchouc issues de pneus libérées chaque année dans les eaux de surface de la planète. En 2020, une étude américaine quantifiait entre 0,3 et 19 µg/L (ou 0,003 et 0,019 µg/mL) la concentration de 6PPD-quinone, un des additifs chimiques retrouvés dans le caoutchouc de pneu, dans les eaux du littoral de la côte ouest américaine.
Les chercheurs de l'Ifremer l'ont constaté en élevant des huîtres en laboratoire jusqu'à l'âge de huit mois. Chacune a été exposée, pendant sa croissance, à quatre niveaux de concentrations de microplastiques cités : 0, 1, 10 ou 100 microgrammes par millilitre (µg/mL). « En présence des produits chimiques issus de pneus, la capacité respiratoire des huîtres a été réduite de 16 % et leur capacité à s'alimenter diminuée de moitié », rien qu'en étant exposé à 1 µg/mL de caoutchouc, souligne Kévin Tallec, l'un des écotoxicologues à l'origine de cette étude. Les microparticules de poussières se logeraient dans les branchies du mollusque, grâce auxquelles il respire et s'alimente. « Les (huîtres juvéniles) ont alors moins d'énergie pour se consacrer à des fonctions essentielles, comme leur croissance, ou même pour résister aux maladies et autres agressions extérieures. » En conséquence, le potentiel de croissance a été estimé 57 % plus faible pour les embryons exposés que pour les autres. Aux concentrations le plus élevées, « cette toxicité peut même conduire à la mort de la totalité des larves ».

Les scientifiques se sont même aperçus que la toxicité des microparticules de caoutchouc était différente en fonction de l'état de l'objet dont elles proviennent. « Les objets neufs sont plus nocifs pour les huîtres que les objets usés, qui ont dû libérer une partie de leurs composés chimiques au cours de leur vie, expliquent les biologistes de l'Ifremer. C'est notamment le cas pour les élastiques utilisés dans les parcs ostréicoles : s'ils sont neufs, leurs effets nocifs sur le développement des larves d'huîtres creuses sont dix fois supérieurs à ceux que l'on observe pour des élastiques déjà utilisés pendant plusieurs mois. »

1. Accéder à l'étude
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X2200618X

Réactions5 réactions à cet article

Bonjour,

Alors c'est sûr, les pneus tuent les huitres. Si vous voulez vous délecter de fruits de mer, il faut arrêter de circuler!

Mais que représente 1 µg/ml ? Cela serait selon le béotien comme moi un 1 kg/m3 soit un gros morceau de pneu!

Malheureusement l'article ne dit pas quelle est la concentration dans les eaux d’élevage d'huitres.

C'est décidé l'été prochain on va en Bretagne à vélo !

vincent | 26 août 2022 à 09h19 Signaler un contenu inapproprié

Plus on utilise le plastique, qui est bien pratique, plus on s'aperçoit des problèmes. J'ai connu le boom des plastiques fin années 50, mais aussi la toxicité de l'atelier d'injection, on respirait tout ça et on rejetait dans la nature... Est-ce une cause de la sclérose en plaque de ce chef d'entreprise, un voisin, je ne sais, années 70 il est devenu invalide, puis...

28plouki | 26 août 2022 à 10h12 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour vincent,

Merci pour votre commentaire et votre lecture. Pour vous répondre, 1 µg/ml équivaut plutôt à 1 g/m3, donc un morceau beaucoup moins gros mais cela reste en effet une quantité non négligeable.

Malheureusement, nous ne sommes pas parvenus à trouver de concentrations exactes de ce type de microparticules réalisées dans l'eau marine (près d'un élevage ostréicole ou non) dans la littérature.

Mais pour vous donner une idée, en 2021, une étude suisse estimait entre 8 700 à 20 000 tonnes la quantité de microparticules de caoutchouc issues de pneus libérées dans les eaux de surface de la planète chaque année. Une étude américaine, en 2020, quantifiait entre 0,3 et 19 µg/L (soit 0,003 ou 0,019 µg/ml si mes calculs sont exacts) la concentration de 6PPD-quinone, un des additifs chimiques retrouvés dans le caoutchouc de pneu, dans les eaux du littoral de la côte ouest américaine.

Félix Gouty Félix Gouty
26 août 2022 à 10h31
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Je me disais bien que de plus en plus, les huîtres avaient un goût et une texture de caoutchouc. Tout s'explique !
Surtout que de désormais, les pneus sont gavés de nanoparticules. Il faut bien que tout ces progrès de l'industrie aille bien quelque part.

Pégase | 29 août 2022 à 15h05 Signaler un contenu inapproprié

Les pneus étaient bien mieux avant, c'est bien sûr. Et les pneus de vélos, davantage écolos, sont bénéfiques pour les huîtres, paraît-il... ("selon une étude").
De même "selon une étude", l'exposition à certains raisonnements nuirait à la capacité de compréhension.

Albatros | 31 août 2022 à 16h19 Signaler un contenu inapproprié

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