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Des leviers sont nécessaires pour dessiner l'industrie du futur

Energie : l'usine du futur sera efficiente ou ne sera pas Actu-Environnement.com - Publié le 07/09/2015

Obligations réglementaires, financement de démonstrateurs, fonds de garantie… Plusieurs leviers doivent être actionnés pour relancer l'investissement dans l'industrie et le flécher vers des mesures d'efficacité énergétique.

Energie : l'usine du futur sera...  |    |  Chapitre 2 / 6
Environnement & Technique N°350 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°350
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L'industrie recouvre de multiples réalités, de la multinationale à la PME. Selon son exposition à la concurrence internationale, son ancrage sur le marché local, une entreprise aura intérêt ou non à investir dans l'efficacité énergétique pour augmenter ses marges par rapport à ses concurrents. Cependant, dans le contexte économique actuel, peu d'entreprises ont réellement les capacités d'investir dans un outil de production plus moderne et plus efficient. Sans soutien des pouvoirs publics, le parc productif français risque de dépérir encore. Différents outils ont donc été mis en place pour stimuler les investissements, notamment à la suite du groupe de travail sur l'efficacité énergétique dans le comité stratégique de filière (CSF) Eco-industries.

"Il y a vingt ans, on aurait estimé qu'il suffisait d'augmenter les prix de l'énergie pour inciter l'industrie à agir en faveur de la maîtrise de l'énergie. Mais aujourd'hui, l'état de notre économie ne le permet pas. La profitabilité de l'industrie française est trop faible", analyse Antoine de Fleurieu, président du groupe de travail sur l'efficacité énergétique.

Mieux connaître le potentiel d'économies d'énergie

L'objectif premier est d'identifier les gisements d'efficacité énergétique au sein des entreprises et les solutions à mettre en œuvre. Cela passe par des obligations réglementaires, mais aussi des incitations fortes et des études prospectives.

 
Il y a un déficit de cabinets d'audits experts pour l'industrie, les compétences manquent dans ce domaine  
Antoine de Fleurieu, Gimélec
 
Ainsi, avant le 5 décembre 2015, les entreprises de plus de 250 salariés ou réalisant un chiffre d'affaires hors taxe annuel de plus de 50 M€ devront réaliser un audit de leurs usages énergétiques. Cette analyse doit permettre d'identifier les domaines ou secteurs dans lesquels des économies d'énergie sont possibles et de proposer des solutions d'amélioration. "Cela donnera de la visibilité à l'industrie sur les gains possibles", analyse Sylvie Padilla, responsable du service Entreprises et éco-technologies à l'Ademe.

Cependant, note Antoine de Fleurieu, "il y a un déficit de cabinets d'audits experts pour l'industrie, les compétences manquent dans ce domaine". Selon lui, il faut également rapprocher les mondes de l'audit, de l'intégration des solutions et de la garantie de performance pour gagner en efficacité et faire émerger les meilleures solutions.

Côté petites entreprises, Antoine de Fleurieu mise sur le plan Industrie du futur. En effet, "2.000 PME vont être auditées sur leurs procédés d'ici 2016 en vue de faire des recommandations d'amélioration pour leur compétitivité. La consommation de ressources et d'énergie devra faire partie des champs étudiés".

Enfin, pour les électro-intensifs, le CSF a soutenu l'idée de conditionner les aides à une meilleure efficacité énergétique. Ainsi, pour bénéficier d'une réduction du tarif d'utilisation du réseau de transport d'électricité (Turpe), ces entreprises énergivores devront avoir mis en place un système de management de l'énergie et se verront fixer une obligation de résultat, selon la version du projet de loi transition énergétique adoptée en mai par les députés.

Des gisements accessibles à court et moyen terme

Outre une meilleure connaissance et un meilleur pilotage des consommations d'énergie, plusieurs solutions ont été identifiées comme pouvant être mises en œuvre rapidement. Parmi elles : la récupération de chaleur fatale. Ainsi, lors du fonctionnement d'un four, seulement 20 à 40% de l'énergie du combustible utilisé constitue de la chaleur utile. L'Ademe estime que 25 à 60% de chaleur supplémentaire pourrait être récupérable. "Le gisement dans l'industrie est considérable. Si cela s'imbrique dans un processus d'optimisation énergétique, il y a une vraie cohérence", explique Sylvie Padilla. Le gisement national est estimé à 51 TWh, soit 16% de la consommation de combustible dans l'industrie.

Conscients de ce potentiel, les pouvoirs publics ont décidé d'accélérer la dynamique. Ainsi, depuis le 1er janvier 2015, les installations classées pour l'environnement (ICPE) d'une puissance thermique supérieure à 20 MW ont obligation d'évaluer la pertinence économique de la valorisation de chaleur fatale sur leur site en cas de rénovation ou d'installation nouvelle. Le Fonds chaleur, dont l'enveloppe a été doublée pour 2015-2017, financera également des projets de récupération de chaleur fatale.

"De plus en plus d'industriels allemands investissent également dans leur propre outil de production d'énergie renouvelable, afin de déconnecter leur activité du prix de l'énergie", analyse Antoine de Fleurieu. La valorisation énergétique des déchets constitue notamment une piste de substitution de combustibles fossiles pour l'industrie. Tout comme le recours à des produits biosourcés ou à des matières premières secondaires permettant la mise en œuvre de procédés moins énergivores.

Un appel à projets Industrie éco-efficiente a été lancé fin 2014 par l'Ademe dans le but d'accélérer l'émergence de solutions. Les démonstrateurs soutenus permettront une augmentation de la performance énergétique des équipements ou procédés (fours, équipements de séparation et séchage, échangeurs…), le développement de nouveaux procédés diminuant les étapes de production ou encore l'augmentation de la performance énergétique du système de production (récupération et valorisation des énergies fatales, intégration de solutions énergétiques de rupture, variations de capacité, substitutions énergétiques…).

Des mesures d'urgence pour relancer l'usine France

Mais auparavant, il faudra réamorcer les investissements dans l'industrie française. "Nous soutenons la création d'un fonds de garantie, sur le modèle de celui mis en place par la CDC Climat. L'outil 5E est un outil de tiers financement dans le secteur industriel qui investit en fonds propres dans les entreprises, explique Antoine de Fleurieu. Mais 5E était limité à la production énergétique. Il faudrait élargir son périmètre à l'efficacité énergétique et cibler les petites entreprises plutôt que les gros tickets".

La loi Macron prévoit également la mise en place d'une mesure fiscale avantageuse, l'amortissement accéléré, pour relancer l'investissement privé dans l'industrie, en améliorant sa rentabilité. Ainsi, les investissements industriels pourront être amortis à hauteur de 140% de leur montant au lieu de leur prix réel, ce qui permettra une baisse des résultats, et donc des impôts.

Sophie Fabrégat

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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