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Actu-Environnement

Une nécessaire évolution des réseaux

Peut-on améliorer l'efficacité des réseaux d'eau potable ? Actu-Environnement.com - Publié le 02/06/2014

Une des solutions envisagées pour répondre aux problèmes que rencontre le réseau actuel de distribution de l'eau - vieillissement, surdimensionnement, étalement urbain, financement – passe pour certains par une gestion très locale de l'eau.

Peut-on améliorer l'efficacité des...  |    |  Chapitre 4 / 8
Environnement & Technique N°337 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°337
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"Nous sommes aux limites du modèle actuel de la gestion de l'eau, pointe Xavier Leflaive, responsable de l'équipe eau à la direction de l'environnement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais cette limite nous donne l'occasion de réfléchir à d'autres manières de faire".

Les gestionnaires devront en effet faire face à différentes problématiques dans les prochaines années. Tout d'abord, alors que le réseau de distribution d'eau potable, vieillissant, aurait besoin d'être renouvelé, le taux de renouvellement de ce dernier stagne à 0,61 % sur les 5 dernières années. Le coût de l'opération constitue l'un des principaux freins.

Autre difficulté : l'augmentation de la fréquence des intempéries avec le changement climatique amplifiera l'acuité des questions posées par la collecte et le traitement des eaux pluviales.

Dans le même temps, la France voit ces dernières années sa consommation d'eau chuter de 1% à 2% par an. Et cette dernière constitue la base des revenus des opérateurs.

"La question qui se pose sera : de combien faudra-t-il augmenter le prix de l'eau pour couvrir le besoin en investissement des réseaux ?, expose Xavier Leflaive, je doute que ce soit à l'intérieur de la fourchette que les collectivités considèrent comme raisonnable".

Pour lui, une des réponses serait de mieux gérer les eaux d'origines différentes (eaux de pluie, eaux usées traitées, eau potable, etc.) éventuellement à un niveau très local, à la fois près de la source et de la demande.

Les scientifiques du projet "Eau&3E", imaginaient également pour faire face au surdimensionnement des réseaux, dans le futur, de maintenir le réseau d'eau publique pour l'eau potable (en réduisant si besoin le diamètre des tuyaux de distribution) tout en disposant de systèmes locaux de recyclage des eaux grises ou de réutilisation de l'eau de pluie pour les autres usages.

Le prix d'une maison, valorisé par des "systèmes distribués"

"Les technologies existent, souligne Xavier Leflaive, dans certains pays, cela donne une valeur à la maison : par exemple en Australie, une habitation équipée de ce type de systèmes distribués voit son prix valorisé".

Intégré en amont, le coût de ces systèmes pourrait être supporté par les promoteurs immobiliers, selon le responsable de l'équipe eau de la direction de l'environnement de l'ODCE.

"Aujourd'hui lors de la construction d'une maison, le promoteur bénéficie de l'accès au réseau public et n'en supporte pas le coût, illustre-t-il, si la réglementation ou un autre dispositif incitent à incorporer ces systèmes distribués dans tous projets de réhabilitation, cela pourrait être financé par le promoteur, à un coût marginal pour lui".

Dans un contexte de renouvellement urbain, ou lors de la création d'un nouveau quartier, ce type de dispositifs locaux pourrait alors être intégré en amont.

" Ces différents systèmes à petites échelles sont interconnectés, une connexion à un réseau d'eau potable est également conservée : l'idée n'est pas de substituer l'un par l'autre mais d'apprendre à combiner les deux", détaille Xavier Leflaive.

Ces systèmes pourraient également constituer une source alternative, en complément à l'eau potable, pour d'autres usages, lors de la suppression d'un captage pour éviter de recourir à un nouveau point de prélèvement.

Ce nouveau modèle soulève toutefois la question de la responsabilité de la qualité de l'eau distribuée. "Le jour où dans une ville, nous avons plusieurs centaines de petits réseaux de ce type, qui est responsable de la qualité de l'eau : le maire ? L'équipementier qui a vendu la station de traitement ? Le propriétaire de l'immeuble ? Un nouveau service publique de l'eau qui gère ces infrastructures décentralisées ? ", interroge Xavier Leflaive.

Le réseau d'eau non potable conditionnée à une dérogation préfectorale

Dans tous les cas, en France ces modèles restent de la prospective : le Code de la Santé Publique impose en effet l'usage d'une eau potable pour l'ensemble des usages domestiques intérieurs (article R.1321-1). L'alimentation par un réseau d'eau non potable peut toutefois être accordée par dérogation préfectorale (article R.1321-57).

Seule est aujourd'hui autorisée l'utilisation d'eaux issues du traitement d'épuration des eaux résiduaires urbaines pour l'irrigation de cultures ou d'espaces verts.

Une évolution pourrait être observée toutefois dans les années à venir. Les ministères de l'Ecologie, de la Santé et de l'Agriculture ont en effet mis en consultation un projet d'arrêté pour "tenir compte des dernières recommandations de l'Anses sur les risques associés à l'utilisation des eaux usées traitées". Le projet d'arrêté prévoit notamment de faciliter la mise en place expérimentale d'un arrosage par aspersion d'eau issue du traitement d'épuration.

"Le vrai frein pour moi reste toutefois le modèle économique des opérateurs, estime Xavier Leflaive, compte tenu de l'importance des coûts fixes, il faut compenser la perte de revenu liée à la baisse des volumes d'eau consommés, par exemple en faisant payer d'autres services à valeur ajoutée".

Dorothée Laperche

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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