En France, les résultats d'une première étude utilisant les données concernant les admissions à l'hôpital pour causes respiratoires et pour pathologies cardiovasculaires ont été publiés en 2002 dans le cadre du Programme de surveillance air et santé (Psas). Les relations exposition-risque obtenues dans le cadre de cette étude étaient entourées de fortes incertitudes ce qui a conduit l'Invs à revoir sa méthodologie.
Après quatre ans de travail, l'institut publie de nouveaux résultats, complémentaires à la première étude. Ces données portent sur l'analyse des liens à court terme entre les niveaux de d'oxyde d'azote (NO2), d'ozone (O3), de particules fines (PM10 et PM2,5) et les admissions hospitalières pour causes respiratoires et cardio-vasculaires dans huit agglomérations françaises : Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen et Toulouse.
Les données hospitalières ont été obtenues à partir de l'outil médico-économique destiné à évaluer l'activité hospitalière, dénommé PMSI, dans lequel chaque unité médicale accueillant un patient, enregistre le diagnostic médical et les actes médicaux pratiqués. Ces informations ont été étudiées à la lumière des indicateurs journaliers d'exposition à la pollution atmosphérique (NO2, O3, PM10 et PM2,5), à partir des concentrations mesurées sur chaque zone d'étude par les stations urbaines et périurbaines des Associations agréées de surveillance de la qualité de l'air. En fonction de la disponibilité des différentes données nécessaires à l'analyse, la période étudiée compte entre 31 et 71 mois compris dans la période 1998 et 2003, selon les agglomérations et les indicateurs de pollution.
Résultat, l'étude met en évidence des relations significatives entre les niveaux de PM10, de PM2,5 et de NO2 et les variations du nombre journalier d'hospitalisations pour causes cardiovasculaires. Ces relations sont plus importantes pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Elles sont également plus élevées pour les causes cardiaques alors qu'elles ne sont pas significatives pour les maladies cérébrovasculaires.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène. Bien que les mécanismes physiopathologiques reliant l'exposition à la pollution aux pathologies cardiovasculaires n'aient pas été totalement démêlés, un certain nombre d'études montrent que la pollution atmosphérique pourrait provoquer des réactions inflammatoires, des modifications au niveau des cellules sanguines, une augmentation de la viscosité du plasma, des vasoconstrictions artérielles et finalement déclencher un infarctus du myocarde. Il est également probable que la pollution atmosphérique exacerbe des pathologies cardio-vasculaires préexistantes qui sont plus fréquentes chez les personnes âgées.
L'absence de relations significatives entre les niveaux des indicateurs de pollution atmosphérique et les hospitalisations pour maladies cérébrovasculaires peut être liée à certaines limites de l'étude, en particulier à un manque de puissance dû au très faible nombre d'hospitalisations pour maladies cérébrovasculaires observées dans certaines zones d'étude. Pourtant, certains résultats publiés par ailleurs montrent que les admissions pour accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont associées à différents polluants, avec une composante saisonnière. Des liens sont ainsi observés entre les AVC et les PM10, SO2 et NO2.
En revanche, cette étude ne permet pas, bizarrement, d'entrevoir de relation significative entre la pollution atmosphérique et les maladies respiratoires. Pourtant, les études toxicologiques montrent bien l'existence d'effets des particules et de l'ozone sur les fonctions respiratoires, avec une inflammation des voies aériennes. Selon l'Invs, l'absence de relations significatives peut être expliquée, au moins en partie, par un manque de spécificité de l'indicateur sanitaire utilisé et un manque de puissance lié aux faibles effectifs disponibles.
C'est pourquoi, bien que ce type d'étude présente un intérêt notamment pour réaliser les Evaluations de l'Impact Sanitaire de la pollution atmosphérique préconisées par la Loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, l'Invs propose une série d'améliorations dans la méthodologie des études avec notamment la prise en compte d'un délai plus long entre l'exposition et les effets sanitaires. Pour cette étude, les niveaux de pollution pris en compte dans l'analyse sont ceux du jour et de la veille du problème de santé. La prise en compte d'un décalage plus important entre l'exposition et l'effet sanitaire pourrait permettre d'en savoir plus sur certaines relations exposition/risques.
Concernant le PMSI, l'Invs propose de confronter l'outil à d'autres sources de données sanitaires et de s'affranchir des séjours à l'hôpital programmés qui apparaissent dans le PMSI mais qui n'ont pas a priori de lien avec l'évolution de la pollution atmosphérique.
De nouvelles études sont donc déjà en cours à l'institut national de veille sanitaire. Elles devraient permettre de pousser plus loin la connaissance détaillée des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique.