La révision à la hausse des engagements des Etats (les Nationally Determined Contributions (NDC)) est sans conteste la clé d'une bonne mise en oeuvre de l'Accord de Paris. Lors de la COP 24 à Katowice (Pologne), il s'agira de préparer le terrain pour 2020. Depuis un an, les négociateurs ont entrepris un dialogue de facilitation dont l'objectif est de partager des idées, des compétences et des expériences. Ce dialogue de Talanoa, initié par la présidence fidjienne de la COP 23, doit maintenant entrer dans sa phase politique avec la participation des ministres.
Répétition générale
Avec le dialogue de Talanoa, la présidence fidjienne a proposé un dispositif pour dresser un bilan global des efforts réalisés pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris et inciter les Etats à relever leur NDC dès l'an prochain. Ce processus pose trois questions clés : Où en est l'action collective contre les changements climatiques ? Où souhaitons-nous aller ? Comment souhaitons-nous y aller ? Ce dialogue fait figure de répétition de l'exercice de révision générale de l'ambition prévu initialement en 2023 et 2025. En l'occurrence, il revient à la présidence polonaise de présenter les premières réponses à ces questions. Surtout, "il faut formaliser les étapes vers le rehaussement de l'ambition d'ici 2020", explique Lucile Dufour, du Réseau Action Climat (RAC).
Les négociateurs attendent beaucoup de ce dialogue, mais ils n'ont pas de visibilité sur la traduction concrète de ce basculement dans sa phase politique. A ce stade, les négociateurs disposent d'un rapport de synthèse (1) qui reprend les 471 contributions reçues depuis janvier, ainsi que les présentations des représentants gouvernementaux et non gouvernementaux. L'une des principales contributions est le rapport du Giec sur l'objectif de stabilisation de la hausse des températures à 1,5°C.
A la recherche de leaders
Autre élément d'incertitude : la remise en cause du multilatéralisme et la présence de climato-sceptiques au pouvoir, notamment aux Etats-Unis et au Brésil. Sans compter que les leaders potentiels, Union européenne (EU) et Chine, tardent à prendre la tête du peloton. "Le rôle de l'UE est étayé par le sérieux de la mise en oeuvre de ses engagements", rappelle Yvon Slingenberg, qui assure que l'"UE veut et prévoit de maintenir son leadership". Mais la représentante de la DG CLIMA de la Commission européenne alerte sur un point : le Parlement européen, la Commission et plusieurs exécutifs européens seront renouvelés en 2019. Elle espère, à titre personnel, que ce sera l'occasion d'avoir un débat clair sur la politique climatique européenne. Mais ce débat n'est pas sans risque…
La situation politique est "délicate", résume Michel Colombier. Pour autant, il reste optimiste. Tout d'abord, le "rapport 1,5°C" du Giec est clair : il faut agir au plus vite pour éviter des dysfonctionnements économiques et climatiques majeurs. Ensuite, les négociations climatiques sont un travail de longue haleine. "Les diplomates ne se contentent pas d'aller dans le sens du vent", rappelle-t-il.