Jeudi 31 mars, EDF a annoncé qu'un générateur de vapeur a basculé de sa hauteur lors d'une opération de manutention à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime). L'équipement, haut de 22 mètres et pesant 465 tonnes, "a basculé sur la dalle en béton du bâtiment réacteur", explique l'entreprise. L'accident a eu lieu à 13h. Une personne a été légèrement blessée et deux autres ont été choquées.
Selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'accident a endommagé des équipements de la piscine du bâtiment réacteur. Elle explique que le "générateur de vapeur a basculé de toute sa hauteur pour s'immobiliser au sol, en partie sur le béton du bâtiment du réacteur, et en partie sur les plateaux de protection de la piscine du bâtiment du réacteur, qui ont pour certains été endommagés". La piscine du bâtiment réacteur est un équipement utilisé notamment lors des opérations de maintenance. Elle est composée de deux bassins séparés par une cloison amovible : le premier contient la cuve du réacteur et le second permet de stocker les composants internes de la cuve lors des arrêts du réacteur.
L'équipement qui a chuté est un des quatre anciens générateurs de vapeur qui doivent être remplacés dans le cadre de la troisième visite décennale du réacteur 2 de la centrale. L'accident a eu lieu lors de l'opération de basculement à l'horizontal du générateur de vapeur et de son placement sur le chariot qui permet sa sortie à l'extérieur du bâtiment réacteur, précise L'ASN. Lors de l'accident, le générateur de vapeur était "en position quasi-verticale, son extrémité basse reposant sur le chariot d'évacuation par l'intermédiaire de cales, et son extrémité haute étant soutenue par un dispositif constitué d'élingues reliées à un palonnier, lui-même relié à un engin de manutention fixé sur le pont polaire du bâtiment du réacteur". Le palonnier de manutention a également chuté.
Doutes sur la capacité du sous-traitant
La Fédération nationale des mines et de l'énergie CGT (FNME-CGT) déplore l'accident et se dit "peu étonnée de sa survenue". "Les représentants CGT au comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) avait alerté les responsables d'EDF à de multiples reprises à propos des salariés prestataires intervenant sur le chantier de remplacement des générateurs de vapeur", explique le syndicat, précisant que le comité a relevé "des témoignages de donneurs d'alerte issus de l'entreprise, des exemples précis de mise en danger d'autrui (…) des incidents et des presqu'accidents de sécurité".
Le syndicat avait émis des doutes sur "la capacité de l'entreprise en charge du montage des structures de levage à atteindre la qualité d'ouvrage nécessaire à une entreprise travaillant dans le nucléaire" et demandé d'écarter cette entreprise du chantier. La FNME-CGT "[avait] essuyé une fin de non-recevoir". Cette dernière pointe aussi des "conditions de travail déplorables dues à la pression temporelle pour respecter les délais et les coûts, des dépassements horaires à répétition [à l'origine de] malfaçons et de pratiques à risques".
Enfin, la FNME-CGT considère que "cet accident aura des conséquences lourdes sur la durée de l'arrêt de tranche" pour sa troisième visite décennale qui a débuté en mai 2015.