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Restriction budgétaire : "la biodiversité va trinquer !"

Bercy pousse les ministères à geler certains budgets. A la Transition écologique, la ligne dédiée à la biodiversité va se voir amputée de 20 M€ alors que le plan biodiversité doit être déployé.

Biodiversité  |    |  F. Roussel
Restriction budgétaire : "la biodiversité va trinquer !"
Actu-Environnement le Mensuel N°389
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°389
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C'est un véritable "coup de gueule" que les gestionnaires d'espaces protégés ont adressé mi-février au ministre de la Transition écologique François de Rugy. Alors qu'un plan biodiversité a été adopté par le gouvernement en juillet 2018, les budgets qui doivent y être consacrés vont être amputés de 20 millions d'euros. La rigueur budgétaire imposée par le ministère des Finances pousse les autres ministères à faire des choix. Et ceux de la Transition écologique choquent pour leurs incohérences : "Cette diminution est en complète contradiction avec le projet de loi de finances 2019 voté par les parlementaires en décembre dernier et le plan biodiversité du gouvernement", s'insurgent dans un communiqué commun la Fédération des conservatoires d'espaces naturels, Rivages de France, Réserves naturelles de France et la Fédération des parcs naturels régionaux.

Le plan biodiversité en panne

En réponse à la crise des gilets jaunes, le gouvernement se prépare à débloquer des fonds en faveur de mesures sociales. Le ministère des finances a donc appelé tous les ministères à l'effort en puisant dans des lignes budgétaires. Au ministère de la Transition écologique, la ligne 113 dédiée à la biodiversité va contribuer à hauteur de 10 millions d'euros sur les 120 M€ mis à sa disposition initialement pour l'année 2019. A cela s'ajoute un fléchage de 10 millions d'euros supplémentaires pour une autre cause : les travaux de reconstruction liés aux dégâts des inondations dans l'Aude. "Au final, le budget dédié à la biodiversité est amputé de 17 %, résume Michel Métais, le président de Réserves naturelles de France, alors que l'année 2019 devait être consacrée au déploiement du plan biodiversité".

Parmi les 90 mesures du plan, il est notamment prévu la création de 20 nouvelles réserves naturelles avant 2022. "Nous avons été reçus lundi 18 février par François de Rugy qui nous a assuré avoir demandé aux préfets de lancer la création de ces réserves. Mais nous n'aurons pas les budgets pour les gérer. Nous allons même devoir réduire les équipes actuelles". Si la création d'une réserve coûte 50.000 euros, sa gestion varie selon sa superficie de 100.000 à 400.000 euros par an.

Le jeu dangereux des vases communiquants

Si les gestionnaires d'espaces naturels dénoncent ce récent arbitrage défavorable à leurs missions, c'est qu'il aggrave une série de reculs budgétaires observés depuis plusieurs années. "L'Etat a progressivement désengagé ses budgets des organismes gestionnaires des milieux naturels en demandant aux agences de l'eau de prendre le relais. Après l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et les parcs nationaux, les agences de l'eau devaient participer cette année au budget de fonctionnement des réserves naturelles. Mais nous avons refusé, explique Michel Métais. Car elles n'auraient pas pu continuer à nous accompagner financièrement sur des missions plus spécifiques comme elles le font depuis plusieurs années en matière de sensibilisation aux zones humides par exemple".

Aujourd'hui, avec ce nouveau gel, le fonctionnement des réserves naturelles, des parcs nationaux ou encore des conservatoires d'espaces naturels est menacé. "Ce sont toutes les actions, la pérennité des emplois, des structures et plus largement de l'ingénierie pour le maintien de la biodiversité qui sont mises en danger par cette baisse incompréhensible", s'insurgent les gestionnaires dans leur communiqué commun. Or, "les réserves naturelles sont les seules enclaves du territoire où la biodiversité ne régresse pas ", rappelle Michel Métais.

Les crises environnementales – de la biodiversité et du climat – sociales et économiques du pays sont étroitement imbriquées, défendent les gestionnaires d'espaces naturels. Il ne faut pas choisir l'un au dépend de l'autre mais apporter les réponses communes à ces trois défis. Ils misent sur le Grand débat national en cours pour réconcilier les enjeux sociétaux auxquels les français sont confrontés.

Réactions6 réactions à cet article

Article illustrant à "merveille" que Bercy se situe très au-dessus des élus de la République et garde la main sur tout in fine.
Le Paquebot de Bercy a beau avoir un pied dans l'eau, il n'a cure des conséquences des restrictions budgétaires qu'il impose aux gestionnaires de zones humides et autres milieux naturels (idem pour la santé, la culture, le tourisme, etc.). Alors que le sort de l'humanité, intimement lié à ceux de la biodiversité sauvage, des milieux naturels et du climat, prend sérieusement l'eau, le Paquebot se pense totalement insubmersible, filant à toute vapeur vers l'iceberg tel le funeste Titanic.
Qu'il y ait quelqu'un à la barre des finances du pays, cela va de soi, mais que le timonier contourne les ordres du capitaine pour tracer sa propre route qui mène droit à la catastrophe, ça devrait quand même interroger nos élus nationaux et appeler de leur part une reprise en main du navire.

Pégase | 25 février 2019 à 09h23 Signaler un contenu inapproprié

Une mesure de plus dans cette offensive du gouvernement contre tout ce qui ressemble à l'écologie .
On ne s'étonne pas d'entendre, au salon de l'agriculture , le président se déclarer hostile aux critiques de l'agriculture productiviste .

sirius | 25 février 2019 à 16h13 Signaler un contenu inapproprié

On peut se demander si les choix du gouvernement ne se résument pas à "diviser pour mieux régner" ?!!

Jupiler | 26 février 2019 à 14h04 Signaler un contenu inapproprié

On peut se demander si les choix du gouvernement ne se résument pas à "diviser pour mieux régner" ?!!

Jupiler | 26 février 2019 à 14h05 Signaler un contenu inapproprié

On veut des sous !
Mais on n'aime pas Bercy...

Albatros | 26 février 2019 à 14h43 Signaler un contenu inapproprié

@ Sirius : depuis l'ère CHIRAC, il est de bon ton d'aller au salon de l'agriculture tâter le cul des vaches. Depuis, tous les présidents de la République en exercice se sont évertués à cultiver leur meilleur toucher. Emmanuel MACRON ne fait donc pas exception.

Pégase | 26 février 2019 à 20h52 Signaler un contenu inapproprié

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