Ce jeudi 14 novembre, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) publie un avis sur les sacs d'emballage pour fruits et légumes disponibles en magasin. Elle estime que pour réduire l'impact environnemental de ces sacs, il faudrait les rendre payant. Elle suggère aussi d'y inscrire « Ne pas jeter dans l'environnement » et de ne plus utiliser le terme « biodégradable » dans les communications vers le grand public. De même, elle considère que la mention « compostable en compostage domestique » devrait être abandonnée. Elle recommande plutôt une mention compatible avec les règles de tri des déchets.
Privilégier le réemploi
L'avis de l'Ademe concerne tous les sacs d'emballage fruits et légumes : sacs plastiques biosourcés (à 40 %) et compostables dans la sphère domestique, sacs papier et hybride (c'est-à-dire ceux avec une fenêtre plastique) et sacs réutilisables en plastique (épaisseur 50 μm) ou en tissu. De manière général, l'Ademe recommande de « privilégier les sacs réutilisables et de maximiser leur réemploi, a minima une dizaine de fois ». À ce sujet, elle note qu'un sac en polyéthylène réutilisable d'une épaisseur de 50 μm doit être effectivement réemployé « au moins huit fois » pour présenter moins d'impact sur l'environnement que les différents sacs à usage unique étudiés. « Ce nombre d'utilisation est rarement atteint pour ces sacs, car les conditions pour un réemploi effectif ne sont pas réunies », regrette l'Ademe. Pour les sacs ré-employables en coton, le nombre d'utilisation doit être portée à 40 utilisations.
L'Ademe estime qu'il faut que le consommateur « [porte] une plus grande attention à l'utilité de prendre un sac et à l'usage qu'il en fait ». Pour les inciter à limiter l'utilisation de sacs pour fruits et légumes « au stricte nécessaire », elle recommande de les rendre payant, qu'ils soient « à usage unique ou réutilisable, quelle que soit leur composition et dans tous les lieux de vente ».
Autre recommandation importante : il faut renoncer à l'emploi du terme « biodégradable », comme c'est déjà le cas en Belgique. « Ce terme [est] mal appréhendé par [le consommateur] qui considère trop souvent que le produit peut être jeté dans la nature sans conséquence », explique l'Ademe. Et de rappeler que « la biodégradabilité [dépend] d'un environnement, de conditions précises et d'une échelle de temps donnés. Le terme biodégradable utilisé seul n'a pas de sens ».
Renforcer la norme pour le compostage à domicile
L'Ademe consacre aussi une longue partie de son avis aux sacs composables, les seuls sacs en plastique autorisés depuis le 1er janvier 2017 (conformément à la loi de Transition énergétique). Elle a mené une expérimentation en conditions réelles afin de s'assurer qu'ils peuvent effectivement être compostés à domicile par des particuliers.
En conséquence, « l'ADEME recommande que les exigences des normes sur la compostabilité soient renforcées afin, notamment, d'assurer la biodégradation complète des sacs dans un temps donné », afin de limiter la présence éventuelle de morceaux de plastiques inférieurs à 2 mm dans le compost.
En cas de doute, le tri est préférable au compostage
Bien sûr, les conditions idéales de compostage ne sont pas toujours réunies. L'Ademe formule donc des recommandations en cas de doute sur ces conditions, ou en l'absence de possibilité de compostage domestique. Si la collectivité a déployé une collecte sélective des biodéchets, elle recommande de réemployer les sacs plastique compostables dans les bioseaux. Cette solution devra être mise en œuvre après concertation avec les installations de gestion en aval.
Lorsque la collecte des biodéchets n'est pas mise en œuvre, l'Ademe recommande de placer les sacs compostables dans le bacs de tri avec les autres emballages plastique (si la collectivité est en extension de tri) ou dans le bac des ordures ménagères résiduelles (si la collectivité ne collecte séparément que les bouteilles et les flacons plastique).
Ces remarques conduisent l'Ademe à recommander l'abandon de la mention « compostable en compostage domestique » et son remplacement par « peut être utilisé pour le tri des biodéchets, sauf indication contraire de la collectivité ».